paturage - Illustration Jongler entre stocks et pâturage pour passer la fin d’été

Jongler entre stocks et pâturage pour passer la fin d’été

Après les fortes chaleurs de juillet qui ont grillé l’herbe et nécessité la réouverture du silo de maïs, la douceur et les pluies de début août ont relancé la pousse.

Chez Laurent Barbot, en zone humide, à Ploërdut (56), les parcelles avec fétuque sont restées vertes tout l’été et, même si leur pousse a ralenti, elles ont moins souffert de la sécheresse que les parcelles avec RGA. « Côté appétence, les vaches mangent aussi
bien la fétuque (variété à feuilles souples) que le RGA », constate l’éleveur.
Six hectares de RGA-TB, qui avaient été fauchés, ont été réintroduits dans le tour de pâturage des laitières. L’herbe y était de bonne qualité mais peu abondante. En ce moment, les vaches passent 1 à 2 j/paddock selon la quantité d’herbe.

Réduction de la part de maïs

Les vaches ont 7 kg de maïs corrigé, 3 kg de mélange céréalier aplati et de l’herbe pâturée. Dans quelques jours, elles vont pâturer des parcelles avec plus d’herbe, ce qui permettra de réduire la part de maïs dans la ration et de se passer de correcteur azoté. En ce moment, 59 vaches sont traites pour une production moyenne de 22L/VL/j (TB 39,7 ; TP 32,1 en juillet). D’ici décembre, elles seront 65 en production.

Faire le point sur ses stocks

Bien estimer ses besoins en stocks permet des économies et de passer l’hiver sereinement.
Évaluer la consommation de chaque fourrage les 3 dernières années pour savoir les besoins moyens à système constant. Puis se prévoir une marge de sécurité : 10 à 40 % en plus selon le risque qu’on peut prendre. Les éleveurs du Réseau Agriculture Durable stockent au total de 2 à 3,5 t MS/UGB, selon l’importance du pâturage et les conditions pédoclimatiques. Si les stocks sont insuffisants, penser aux dérobées pâturées comme fourrage complémentaire ou à l’achat dans le voisinage. Réserver les meilleurs fourrages aux laitières. Pour faire une ration d’hiver équilibrée plus facilement, classer ses fourrages (bombes de couleurs, plan du hangar de stockage…) selon l’année, leur composition ou qualité. Éventuellement, revoir le chargement pour l’hiver, en réformant plus tôt des animaux peu productifs par exemple.

Laurent Barbot est serein pour l’hiver. Il a fait 176 rounds d’enrubannage, de bonne qualité, et il lui en restait 10 de 2014, ainsi que 217 rounds de foin, plus 70 rounds restant de 2014. La dernière coupe d’enrubannage, sur 8 ha de RGH-TV, a permis de faire 73 rounds la semaine dernière.

Des stocks suffisants

Une autre coupe, sur 7 ha de RGA-TB, est prévue en septembre. Mais l’éleveur n’est pas sûr de la faire car ses stocks d’herbe sont suffisants. Comme il aura moins de génisses dehors cet hiver, il aura moins besoin de foin et d’enrubannage pour elles. Il envisage donc de modifier la ration des vaches pour y introduire de l’enrubannage et faire des économies de correcteur azoté.
Le silo à céréales est plein, ce qui donne environ 1,5 an de stock en mélange céréalier, qu’il pense faire analyser. Il  y a 2 ans, la valeur alimentaire de son mélange correspondait à un VL 2,5 L, mais il y avait de l’avoine en plus. Les stocks de maïs devraient aussi suffire même si Laurent Barbot observe une hétérogénéité de hauteur de tige entre les parcelles labourées et celles qui ne l’ont pas été. Il ne laboure que les parcelles sales et n’observait pas cette différence les années précédentes. L’an prochain, il prévoit de diminuer encore la surface de maïs pour arriver à une vingtaine d’hectares.

Allonger le pâturage

L’éleveur vient de faire empierrer 100 m d’un chemin qui mène à 10 ha proches de la ferme. « C’est génial pour les vaches ! Et quel plaisir de les retrouver propres à la traite ». Le trajet est beaucoup plus confortable et il sera possible d’envoyer les vaches pâturer ces paddocks plus tard dans l’automne et plus tôt au printemps, ce qui lui permettra d’allonger la saison de pâturage et de baisser le coût alimentaire en diminuant la consommation de maïs et les achats de correcteur azoté. Il a bénéficié d’une aide du Syndicat de la vallée du Scorff pour la création de chemins.

L’avis de…

Didier Motais, Loscoët-sur-Meu (22), zone séchante : Le troupeau est tari depuis fin juillet. Il est divisé en deux lots selon les dates de vêlage. Chaque lot est mené au fil avant, sur un bloc de 5 ha et divisé en 3 paddocks : les vaches sont sur des repousses de 45 jours. Nous les serrons bien pour ne pas avancer trop vite. Elles doivent rester 10 jours par paddock. La ration est de 2/3 de pâturage et 1/3 de foin de fétuque assez dur pour les obliger à manger du foin et prévenir les fièvres de lait. Même s’il n’a plu que 20 mm depuis 1 mois, nous restons sereins pour le moment. Mais les premières vaches vêleront dans 15 jours et la pousse reste inexistante après les pâturages de juillet.

Michel Nédélec, Plonévez-Porzay (29), zone intermédiaire : La situation a été très changeante dans la conduite de l’herbe (petite période sèche, vieillissement des pâtures). Mais j’ai pallié par des apports de maïs et de correcteur azoté pour garder la production des pics de lactation. Aujourd’hui, le niveau de production est de 25 L/VL/j (TB 42/ TP 32) pour 40 VL traites qui reçoivent 4 kg de maïs, 1 kg de foin, 1 kg de correcteur azoté et le reste d’herbe. La nuit elles sont au fil sur une parcelle de colza fourrager semé en juin ce qui leur apporte 3-4 kg de MS/j. Cette parcelle sera semée en prairie en septembre. De jour,  je continue le cycle et nettoie les vieilles pâtures avec les génisses pleines et les vaches taries.

Vincent Couvert, Monfort-sur-Meu (35), zone intermédiaire : Malgré les faibles repousses, les vaches ont 6 kg d’herbe dans la ration. Je continue de leur donner 5 kg de maïs et elles ont 3 kg/j d’enrubanné. La production est de 18,7 kg/VL/j avec des TB/TP à 39/30 et un rang de lactation à 6,5. Je calcule l’apport de maïs pour aller jusqu’à la récolte d’ensilage. L’enrubanné distribué est le surplus de 2014, cela permet de ne pas ouvrir l’ensilage d’herbe 2015. Les vaches reviennent sur les paddocks tous les 50 jours pour nettoyer les repousses en faisant attention à ne pas surpâturer. J’ai du faire du foin sur une parcelle devenue « impâturable » ; les 3 t récoltées sur 3 ha me permettent d’alimenter les génisses et les taries.


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