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Les clés du succès en lait bio

L’analyse des résultats économiques des producteurs de lait biologique permet de dégager des tendances et facteurs clés de succès.

La collecte de lait bio représente 2 % de la production de lait en France. 60 % environ sont originaires du Grand Ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Basse-Normandie). Avec le ralentissement des conversions à partir de 2011, la collecte de lait bio progresse à un rythme moins rapide en 2013 : + 5,4 %, contre + 26 % en 2011 et + 31 % en 2012 (d’après FranceAgriMer). La croissance en volume devrait se poursuivre lentement en 2014 et 2015 pour atteindre 500 millions de litres. Malgré la crise, la demande en produits laitiers biologiques reste ferme (+ 12 % pour les laits conditionnés en 2013). Comme en conventionnel, la transmission et la pérennisation des élevages sont un enjeu important pour les années à venir.

Un revenu moyen de 24 300 € sur 5 ans

Dans les clôtures 2013 de l’étude de groupe CERFrance Bretagne, les résultats sont en baisse sensible. Les conditions météorologiques (printemps froid et humide) n’ont pas permis une bonne valorisation des prairies, d’où une production ralentie et une chute des taux. Ces conditions expliquent ainsi la baisse du prix du lait bio sortie élevage de 19 €/1 000 L, alors que le prix de base laiterie était stable.

La moyenne des revenus par UTH familiale reste cependant autour de 24 300 € sur les cinq dernières années. Mais, celui-ci varie beaucoup d’une exploitation à l’autre. Un éleveur sur cinq dégage moins de 10 000 €/UTHF. La rentabilité des exploitations bio reste fortement dépendante des aides (29 000 € en moyenne). Le maintien et l’optimisation d’un soutien public spécifique restent primordiaux. Par ailleurs, le capital d’exploitation atteint 1 220 €/1 000 L, alors qu’il n’est que de 900 € en conventionnel. De même, les coûts de structure pèsent lourdement (1 960 €/VL en bio, 1 790 €/VL en conventionnel). Investissements et coûts fixes sont deux points de vigilance à suivre.

[caption id=”attachment_5075″ align=”aligncenter” width=”300″]Production laitière biologique en Ille-et-Vilaine Production laitière biologique en Ille-et-Vilaine.[/caption]

Un coût alimentaire maîtrisé

Mais la réussite passe avant tout par une bonne maîtrise de l’alimentation des animaux avec des fourrages de qualité, produits sur l’exploitation. Les prairies représentent 83 % de la SAU, le maïs fourrage 7 % de la SFP seulement en moyenne. Le groupe d’éleveurs ayant les meilleurs résultats se distingue d’abord par un coût alimentaire nettement inférieur (48,2 €/1 000 L produits contre 64,9 en moyenne).

Un coût fourrager par hectare faible et une complémentation en concentré optimisée pour parvenir à une production par vache identique autour de 5 300 L par VL semble être la clé de la performance. La recette laitière annuelle est aussi à maximiser. Dans un contexte où 60 % des élevages produisent moins de 90 % de leur quota, qualité du lait et période de production sont déterminantes.

L’autosuffisance, mais pas que…

Viser l’autosuffisance alimentaire est une piste travaillée par les producteurs bio, sans doute plus que par les autres producteurs, du fait notamment des coûts fortement majorés des aliments et concentrés achetés. Ce n’est pourtant pas forcément la seule priorité à avoir. Une étude réalisée sur un échantillon de 36 exploitations spécialisées d’Ille-et-Vilaine montre que des producteurs affichant 30, 40 voire 45 € / 1 000 L de coût de concentrés achetés font aussi bien en Excédent brut d’exploitation (EBE)/1 000 L que ceux pour qui ce critère n’est que de 5 à 15 €/1 000 L.

La même étude montre aussi que les EBE gardent quasiment la même dispersion quel que soit le niveau de production par vache, de 3 500 L à plus de 7 500 L/an. Chaque éleveur bio a la possibilité de choisir entre différentes options, celle la plus adaptée à l’obtention de l’optimum économique sur son exploitation. L’analyse détaillée d’un groupe de 9 élevages bio de plus de 75 VL en Ille-et-Vilaine (clôtures sept 2012 à août 2013) confirme également l’importance d’un assolement herbager bien maîtrisé, y compris sur des surfaces importantes (93 ha SFP dont 84 en herbe). Elle montre aussi que l’intensification animale et la productivité de la main-d’œuvre y sont plus poussées. Au final, les résultats économiques sont supérieurs en bio, en particulier dans les élevages les plus grands.
Luc Mangelinck /CERFrance Ille-et-Vilaine


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