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Production laitière biologique, pourquoi ça marche ?

Alors que le secteur laitier traverse une crise sans précédent, la filière biologique semble tirer son épingle du jeu. Mais ce système de production nécessite une bonne maîtrise technique et une continuité dans sa mise en œuvre, avec une bonne adéquation offre-demande.

La crise agricole booste encore davantage l’essor de la production biologique en France. Au 30 juin dernier, l’Agence bio recensait 31 880 producteurs engagés en production bio ou en phase de conversion, soit +0,4 % par rapport à fin décembre 2015. Et en 2016, 21 nouvelles fermes bio sont enregistrées chaque jour. L’ouest de la France profite aussi de cette nouvelle manne.

Une filière très dynamique

La filière de lait biologique a bénéficié d’un fort dynamisme en 2015. Elle s’établit à 558 millions de litres, en hausse de 5,7 % par rapport à 2014 et la croissance attendue est de 30 % d’ici 2018. La raison ? Une hausse significative (+25 %) des conversions. La demande en production bio reste forte et les fabrications de produits laitiers bio se développent de plus en plus: desserts lactés +44 %, fromages +21 %, beurre +18 %, crèmes, yaourts et laits fermentés +16 %. Seule la production de poudre de lait est en recul depuis le début de l’année. Il conviendra donc d’être attentif à l’équilibre offre-demande, essentiel pour le maintien des prix.

Diminution du prix du lait

Les producteurs bio subissent aussi la crise laitière puisque le prix du lait payé au producteur français a diminué, mais dans des proportions bien moins importantes qu’en agriculture conventionnelle (Prix 38/32-TQC en 2014 : 427 € en 2015 : 414 €/1 000 L). Et le prix moyen de vente constaté dans les clôtures 2015 Cerfrance Bretagne est de  447 €/1 000 L, soit un résultat stable par rapport à 2014.

Dans un contexte laitier globalement très déprimé, les élevages bio parviennent donc à stabiliser leur niveau d’EBE (Excédent brut d’exploitation) à hauteur de 260 €/ 1 000 L. Les performances techniques, les volumes produits et le prix moyen du lait sont stables par rapport à 2014. De plus, il s’avère que les éleveurs bio sont également épargnés par la crise laitière mondiale et leur revenu par UTHF résiste bien même si celui-ci varie beaucoup d’une exploitation à l’autre (un éleveur sur trois dégage, en effet, moins de 20 000 €/UTH).

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Une production dépendante des aides publiques

Tout comme le secteur conventionnel, la rentabilité des exploitations bio est fortement dépendante des aides (28 500 € en moyenne par an et par exploitation) mais le maintien et l’optimisation d’un soutien public spécifique restent primordiaux. De même, les coûts de structure pèsent lourdement sur les exploitants biologiques (près de 2 000 €/VL en bio, moins de 1 800 €/VL en conventionnel).

Bonne maîtrise de l’alimentation

La réussite et une bonne production passent, avant tout, par une bonne maîtrise de l’alimentation des animaux avec des fourrages de qualité produits sur l’exploitation, un système propre aux valeurs de l’agriculture biologique qui fait ses preuves. En effet, les prairies représentent 82 % de la SAU et le maïs fourrage ne représente que 6 % de la SFP en moyenne. Ainsi les éleveurs qui enregistrent les meilleurs résultats sont ceux qui se distinguent d’abord par un coût alimentaire nettement inférieur (40,2 €/1 000 L produits contre 60,2 €/10 000 L en moyenne).Un coût fourrager par hectare faible et une complémentation en concentrés optimisée semblent être la clé de la performance, pour parvenir à une production par vache identique autour de 5 300 L par VL.

Une recette laitière annuelle à maximiser

Dans un contexte où 50 % des élevages produisent moins de 90 % de leur quota, la valorisation des réformes et des veaux, et surtout, la qualité du lait et la période de production sont donc déterminantes pour obtenir une production optimale.

À SAVOIR

Plusieurs types d’aides leur sont proposés : selon les proportions herbe / maïs de leur assolement, les éleveurs laitiers bio peuvent ainsi choisir entre le dispositif de soutien à l’agriculture biologique d’une part ou les Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) – système polyculture élevage et le crédit d’impôt bio, d’autre part. Par ailleurs, le capital d’exploitation atteint 1 200 €/1 000 L alors qu’il n’est que de 900 € en conventionnel.

Luc Mangelinck / Cerfrance Brocéliande


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