dinde-vaccin-tenosynovite - Illustration Ténosynovite : l’autovaccin, une alternative aux antibiotiques

Ténosynovite : l’autovaccin, une alternative aux antibiotiques

Baisse des résultats techniques et saisies à l’abattoir, la ténosynovite est le talon d’Achille de la dinde. Traitée avant avec des antibiotiques, les aviculteurs peuvent aussi aujourd’hui utiliser des autovaccins.

La ténosynovite est une lésion du tendon qui est assimilée à tort à de l’arthrite. « Ça devient très vite le talon d’Achille de la dinde », commente Joël Bertin de la Selas vétérinaire du Gouessant. Cette inflammation est causée par la bactérie Ornithobacterium Rhinotracheale (ORT). « Nous avons souhaité mesurer l’impact croissant de l’ORT en production de dindes. Pour cela, nous avons travaillé pendant 2 ans et demi au sein de l’organisation de production de la coopérative Sur plus de 100 élevages spécialisés en dinde. La bactérie a été isolée dans 75 % des exploitations sur pathologie respiratoire ou ténosynovite », explique le vétérinaire.

L’ORT difficile à éradiquer

Le vétérinaire souligne que l’ORT est difficile à éradiquer des élevages. Il est résistant de nombreuses semaines dans les fientes et les poussières ce qui complique les choses au moment du vide sanitaire. Le bâtiment doit être nettoyé complètement sans oublier les jupes et le chapiteau. Même avec la plus grande rigueur les résultats sont variables selon les poulaillers. « Les barrières sanitaires sont aussi mises à l’épreuve lors des enlèvements des femelles par exemple. »

Une solution propre à chaque élevage

À l’arrivée à l’abattoir les individus présentant des lésions bilatérales peuvent être saisis totalement. « C’est le motif majoritaire des taux de saisies qui est souvent supérieur à 2,5 % et peut atteindre 6 %. » La bactérie a été isolée pour la première fois en France en 1993 à partir de lésions respiratoires. Les premiers cas de lésions de type ténosynovites ont été décrits dans l’hexagone en 2000. « À partir de ces bactéries isolées, les laboratoires agréés (4 en France) peuvent fabriquer des autovaccins. Ce sont des vaccins inactivés qui sont administrés aux volailles en injection. C’est une solution propre à chaque élevage. Les vaccins fabriqués à partir de bactéries prélevées dans l’exploitation ne pourront être injectées que sur les animaux de cette exploitation », précise Joël Bertin. L’autovaccin est testé afin de proposer une alternative à l’utilisation d’antibiotiques dans les élevages avicoles. Les vétérinaires ont estimé l’impact économique sur les résultats de 0,8 à 3 €/m2 entre le diagnostic et les traitements de l’ORT. À cela, il faut ajouter la baisse des performances d’élevage et les saisies qui peuvent atteindre 4 €/m2. Sans oublier l’angoisse qu’une simple toux peut entraîner des complications locomotrices graves.

Approche économique

Hypothèse auto-vaccination (calcul pour 1 000 m2) : 2 000 €

  • 7 500 dindonneaux vaccinés à 5 semaines : 3 h x 10 personnes soit 960 € + autovaccin ORT 750 €

Hypothèse traitement antibiotique : 2 700 € à 3 200 €

  • Traitement sur mâles et femelles à 10 semaines, 5,2 kg de poids moyen, 5 jours (de 400 à 900 €)
  • Pertes en abattoir, + 2 à 3 % de saisie totale ou partielle : 2 300 € + pertes de croissance ? Solde : de 700 à 1 200 € dégagés pour l’éleveur avec un autovaccin à 5 semaines

Sur 679 lots de dindes de chair  en suivi par la Selas vétérinaire du Gouessant, 61 ont été vaccinés ORT sur 15 exploitations. « Ils ont reçu une injection d’autovaccin adjuvé entre 3 et 5 semaines, à l’âge ou ils sont encore facilement manipulables, sur la totalité du poulailler ou uniquement sur les mâles selon le contexte épidémiologique. Sur les 61 lots vaccinés, 32 ont été abattus et 29 sont en cours d’élevage. » Élodie Papin, de la Selas vétérinaire du Gouessant commente les premiers résultats : « Sur les lots vaccinés, nous observons moins de 0,5 % de ténosynovite pour 30 lots. Les bandes antérieures ou postérieures dans ces exploitations variaient entre 2 et 15 % de téno. Les taux de saisie à l’abattoir ont tendance à diminuer sur les lots vaccinés, mais ce n’est pas significatif au plan statistique car l’échantillon est encore relativement réduit. On y ajoute aussi l’impact des autres motifs de retrait comme les griffures avec lésions cutanées infectées. »

L’indice de performance fait un bon à 394 chez les animaux vaccinés alors qu’il est de 374 pour les dindes témoins dans ces élevages. « On constate une baisse significative du niveau d’exposition aux antibiotiques (selon la méthode ALEA de l’Anses) à cible respiratoire chez les volailles vaccinées. » Les autovaccins ORT en dinde permettent de sécuriser économiquement l’élevage et psychologiquement l’éleveur. C’est surtout une bonne alternative à l’usage des antibiotiques. Les premiers résultats vont être consolidés dans les semaines à venir avec les abattages d’autres lots vaccinés. L’action se poursuit : « Il faut maintenir un effort constant en matière de biosécurité et réaliser une utilisation ciblée des autovaccins », concluent les vétérinaires. Nicolas Goualan


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