Se défendre puis passer à l’offensive

Le 5e round des négociations de libre-échange entre États-Unis et Europe n’a permis aucune percée majeure sur les questions sensibles. Mais la filière bovine française est très inquiète.

Les négociations s’orienteraient vers l’octroi aux USA d’un droit d’exporter entre 125 000 et 150 000 t de viande bovine en Europe à droit de douane nul (sans hormones), contre 45 000 t aujourd’hui.

Rééquilibre européen

« C’est colossal ! », a jugé Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB) dénonçant que « l’agriculture, et en particulier la viande, serve de variable d’ajustement pour les services et l’industrie ». Précisant la nature du risque de déséquilibre du marché européen, il ajoute que « ce que redoutent les éleveurs français, c’est moins l’arrivée d’une viande bas de gamme que des pièces les plus nobles du marché américain ». Les États-Unis consomment beaucoup de viande hachée et exportent traditionnellement des morceaux de qualité comme l’aloyau. Un tel accord aurait donc des conséquences désastreuses sur les filières viande bovine en Europe, en premier lieu celle de la France qui possède le premier troupeau allaitant de l’Union.

Manque de compétitivité

Sur la compétitivité, Dominique Langlois, président d’Interbev, déclarait : « nous sommes battus d’avance ! » Selon l’Institut de l’élevage, l’écart entre les coûts de production des élevages allaitants français et ceux des feed-lots américains seraient de 30 %. Marc Le Fur, député des Côtes d’Armor est intervenu le 22 mai pour alerter l’Assemblée nationale sur les règles de traçabilité, les normes bien-être animal, environnementales mises en place en Europe alors qu’elles sont pratiquement inexistantes aux États-Unis. Et de rappeler que les filières bovines reposent sur des fondamentaux de base différents : les exploitations familiales françaises de 50 à 300 animaux sont confrontées à des cheptels américains de 8 000 à 100 000 bovins…

« Les Américains ont fait de l’agriculture une arme économique, ils ont compris que l’agro-alimentaire était un sujet géopolitique », insiste le député breton. Il continue   L’Europe est en plein repli agricole : la Commission n’a de cesse que d’organiser le déclin de la Pac et les restitutions, qui nous permettaient d’exporter et que le Gouvernement n’a pas su défendre… » Ce traité, négocié dans le plus grand secret risque de menacer l’agriculture et l’agroalimentaire français et européen.


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