eta-entreprise-travaux-agricole-epandage-gestion-fumier-engrais-lisier-fertilisation - Illustration Les ETA contre la révision des dates d’épandage

Les ETA contre la révision des dates d’épandage

Les entrepreneurs de travaux agricoles s’inquiètent du resserrement des périodes d’épandage des effluents d’élevage. La santé économique des ETA pourrait en être menacée. Leur syndicat, EDT de Bretagne s’est associé à la profession agricole pour réagir juridiquement.

Les éleveurs et responsables professionnels ne sont pas les seuls à trouver que la révision des dates d’épandage des lisiers et fumiers est une pilule bien difficile à avaler.  La parution de l’arrêté préfectoral interdisant l’épandage de lisiers avant le 1er avril sur maïs provoque l’incompréhension et la colère : « Vis-à-vis de nos entreprises, il est inacceptable de supprimer un mois et demi d’activité d’épandage », grondait Frédéric Jan, président d’Entrepreneurs des territoires (EDT) de Bretagne, à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat à Saint-Brieuc (22), le 24 janvier.

Contre-attaque

Faisant suite à la requête des associations Eaux et Rivières de Bretagne et Bretagne Vivante, par décision du 29 mars 2013, le Tribunal administratif de Rennes a ordonné à l’Etat de modifier, sous trois mois, les arrêtés départementaux d’application du 4e programme de la Directive nitrates autorisant l’épandage de lisier sur maïs à partir du 15 février en le reportant à une date ne pouvant être antérieure au 31 mars. « Avec la FRSEA et l’UGPVB, nous avons décidé de contre-attaquer devant le Tribunal administratif », précise Jean-Marc Leroux, délégué régional d’EDT.  D’un point de vue agronomique, pour les deux professionnels, « c’est une aberration. A titre d’exemple, l’année 2012 a été marqué par un hiver sec, notamment février et mars, qui avait permis de réaliser des épandages dans de bonnes conditions, avec absence de ruissellement, sans matraquer les sols. Alors qu’avril avait été extrêmement pluvieux, générant des ruissellements et donc le lessivage des nitrates… » Ensuite, le syndicat tient à rappeler qu’en Bretagne, « 70 % des épandages de lisiers sont réalisés par entreprise à la demande des clients agriculteurs. L’épandage de lisier constituant la quasi-unique activité sur cette période, cette mesure représenterait une perte de 15 % du CA annuel pour les ETA et la suppression d’une grande quantité de CDD, environ 500 emplois en moins, voire de CDI puisque mettant nos entreprises économiquement en danger. »

Outre la question des lisiers, l’épandage de fumier sur maïs serait limité du 15 janvier au 15 avril (au lieu du 30 juin précédemment). Soit 2 mois et demi en moins… « Là encore, la suppression de 75 jours d’épandage va engendrer une perte conséquente du chiffre d’affaires et concentrer l’activité sur une courte période. Les conséquences sont principalement un dépassement important de la limite légale des heures hebdomadaires de 48 heures maximum, et donc un risque d’accidentologie aggravé », pestait le président Jan. Sans oublier que les ETA de Bretagne ont investi pour environ 150 millions d’euros de matériel d’épandage de lisier en 10 ans. « Matériels qui ne pourraient plus être amortis sur 3 mois, d’avril à juin, ce qui entraînerait un quasi-doublement du tarif de l’épandage, impossible à répercuter sur les clients agriculteurs déjà en crise », s’inquiète Jean-Marc Leroux. Toma Dagorn

L’avis de Frédéric Jan, Président d’Entrepreneurs des territoires de Bretagne

Pour réaliser les épandages avant les semis de maïs, nous sommes obligés de travailler 55 h par semaine dans la plupart des entreprises. Une nouvelle réduction de la période d’épandage obligerait à travailler plus de 70 h hebdomadaires à l’approche des semis et la Dirrecte ne nous l’autoriserait pas tant le risque d’accident serait élevé. Nos entreprises seraient obligées de travailler la nuit, en 3 x 8, tel que cela se pratique au Danemark. Et oui, on nous l’a conseillé… Imaginez, en Bretagne, nos tonnes à lisier traversant les villages et bourgs ruraux en pleine nuit avec des nuisances sonores importantes alors que déjà une partie de la population ne supporte plus le chant du coq.


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