Rarement un sujet sanitaire aura été à ce point happé par le champ syndical et politique. La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est devenue un objet de confrontation, de slogans et parfois d’outrance. Comme si la raison scientifique, patiemment construite, se dissolvait dans le tumulte émotionnel.
Il faut dire que la DNC touche à l’affectif, à ce lien charnel entre un éleveur et son troupeau. Voir partir des animaux, abattus par précaution sanitaire, est une épreuve pour un éleveur. La colère est compréhensible. La détresse aussi. Mais l’émotion, si légitime soit-elle, ne peut devenir le seul moteur de la décision collective.
La DNC n’est ni une décision politique, ni un symbole idéologique
Or, le débat s’est déplacé. D’un enjeu sanitaire, il est devenu politique. Des camps se forment, des postures s’installent, les réseaux sociaux attisent les peurs, les fausses informations prospèrent. À tel point que certains en viennent à contester les fondements mêmes de la lutte contre l’épizootie : l’abattage précoce, la vaccination ciblée, la restriction des mouvements. Trois piliers pourtant éprouvés, pensés non pour punir, mais pour protéger.
Car il faut le rappeler : lorsqu’un éleveur sacrifie son troupeau, il en protège dix autour de lui. Ce geste douloureux relève d’une solidarité qui mérite d’être reconnue comme telle. Instrumentaliser cette détresse, laisser croire qu’il existerait une alternative simple et indolore, c’est jouer contre l’intérêt même des éleveurs.
La DNC n’est ni une décision politique, ni un symbole idéologique. C’est une réalité sanitaire, inscrite dans un monde où la circulation des animaux, le commerce et le changement climatique modifient profondément l’épidémiologie des maladies. Face à cela, on ne gagne rien à perdre la boussole scientifique. Plus que jamais, il est urgent de revenir à la raison.

