Dossier technique

Main-d’œuvre sur les exploitations : êtes-vous bien protégés ?

Dans les élevages comme en polyculture-élevage, la main-d’œuvre reste un maillon essentiel… et un point de vigilance majeur.

Un agriculteur serre la main d'un partenaire dans un champ - Illustration Main-d’œuvre sur les exploitations : êtes-vous bien protégés ?
© Shutterstock

Cinq ans après la crise sanitaire, les exploitations d’élevage et de polyculture-élevage continuent de composer avec une organisation du travail sous tension. Entre astreintes quotidiennes liées aux animaux, pics d’activité saisonniers (foins, moissons, ensilages, vêlages) et difficultés persistantes de recrutement, le recours à une aide extérieure reste fréquent, qu’il s’agisse de salariés saisonniers, d’entraide agricole ou de coups de main bénévoles.

Un tiers des exploitations françaises déclarent encore en 2025 rencontrer des difficultés à recruter

Selon le ministère de l’Agriculture, près d’un tiers des exploitations françaises déclarent encore en 2025 rencontrer des difficultés à recruter, notamment dans les filières bovine, ovine et caprine. La polyvalence exigée en élevage, les contraintes horaires et la technicité des tâches freinent l’attractivité du métier. Dans ce contexte, de nombreux éleveurs s’appuient sur des solutions locales : voisins agriculteurs, retraités agricoles, membres de la famille ou salariés temporaires pour faire face aux périodes de surcharge de travail. Des pratiques indispensables, mais qui doivent rester strictement encadrées.

Travail saisonnier : des règles à respecter, même en élevage

En élevage comme en polyculture, le travail saisonnier concerne aussi bien les récoltes de fourrages que certaines périodes d’intensification du travail (agnelages, mises bas, travaux de clôture). Le salarié saisonnier est un salarié à part entière, embauché sous contrat à durée déterminée, avec déclaration préalable obligatoire auprès de la MSA. La non-déclaration ou une erreur administrative peuvent entraîner des conséquences lourdes pour l’éleveur : redressement de cotisations, sanctions pénales et remise en cause des garanties d’assurance. Pour les travailleurs étrangers, la vérification du droit au travail demeure une obligation incontournable.

Bénévolat, entraide familiale et entraide agricole : attention aux dérives

Dans les exploitations d’élevage, la frontière entre coup de main et travail dissimulé peut être rapidement franchie. L’aide bénévole doit rester exceptionnelle, spontanée et non rémunérée, limitée à des situations d’urgence (animal échappé, panne imprévue, incident sanitaire). L’entraide familiale est possible uniquement entre parents proches et ne doit pas remplacer un emploi nécessaire au fonctionnement normal de l’exploitation. Quant à l’entraide agricole, très répandue en élevage, elle constitue un cadre sécurisé lorsqu’elle repose sur un échange réciproque de services entre agriculteurs, tel que prévu par le Code rural.

En cas d’accident, qui est responsable ?

Les travaux d’élevage sont parmi les plus accidentogènes : manipulation d’animaux, utilisation d’engins, manutention de charges lourdes, interventions en bâtiments. En cas d’accident impliquant un salarié, un bénévole ou un tiers, la responsabilité de l’éleveur peut être engagée.

La Responsabilité civile exploitation couvre les dommages causés à des tiers par les personnes intervenant sur l’exploitation. Les accidents du travail des salariés relèvent de la MSA, avec d’éventuelles garanties complémentaires via un contrat de prévoyance. Pour les bénévoles occasionnels ou l’entraide agricole, des garanties spécifiques doivent impérativement être prévues au contrat d’assurance.

Un simple « coup de main » régulier peut, en cas de sinistre, être requalifié en travail dissimulé, avec des conséquences juridiques et financières importantes.

La prévention, un enjeu clé pour les éleveurs

En 2025, la prévention reste le levier principal pour sécuriser les exploitations. Le chef d’exploitation doit :• Mettre à jour le Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) ;• Former toute personne intervenant sur l’exploitation, même ponctuellement ;• Adapter les équipements aux contraintes physiques du travail en élevage ;• Sensibiliser aux risques liés aux animaux et aux engins.Dans un contexte de pression économique accrue, sécuriser la main-d’œuvre, c’est aussi protéger la pérennité de son exploitation.


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