Dossier technique

Déshumidifier pour des plantes plus fortes

L’utilisation d’un déshumidificateur est économiquement rentable. Le CTIFL a compilé des données sur ce type d’appareil sur son site de Carquefou (44).

Un déshumidificateur dans une serre de tomates - Illustration Déshumidifier pour des plantes plus fortes
Le positionnement du déshumidificateur est très important : il va produire une grande quantité de condensat. | © CTIFL

« Les abris froids peuvent être considérés comme des outils low-tech dans leur capacité à réguler le climat : il n’y a comme solution possible que l’ouverture et la fermeture », fait remarquer Landry Rossdeutsch, ingénieur d’essais au CTIFL de Carquefou (44), lors d’une journée technique de présentation des travaux de ce centre de recherche. C’est pourquoi le chercheur a travaillé sur le sujet avec Adrien Mimault en mesurant et en observant les effets de l’utilisation d’un système de déshumidification sur une saison de culture de tomate, en comparant la croissance des plantes et le volume de récolte à un abri non équipé de cet outil. Différentes sondes sont venues mesurer l’hygrométrie et la température sur plusieurs hauteurs.

Bien évacuer les gros volumes de condensat

Mettre les fruits au soleil

Le déshumidificateur fonctionne comme une pompe à chaleur : en faisant circuler l’air de la serre sur un circuit frigorifique plus froid, l’humidité contenue dans cet air condense. L’air ressort donc plus sec. Dans la stratégie utilisée, « nous avons confiné l’abri en fin de journée pour faire monter la température, puis le déshumidificateur fonctionnait de nuit ». En confinant, l’hygrométrie s’élevait forcément, la machine a été paramétrée pour se mettre en marche à 90 % d’humidité relative, pour s’arrêter à 85 %.

De mi-mai à mi-juin, la température moyenne a légèrement monté dans les multichapelles de marque Richel construites en 2000 (à double paroi gonflable) équipées du déshumidificateur. De la semaine 20 à la semaine 25, 0,8 °C a été gagné sur 24 heures grâce à l’appareil (+ 1°C le jour, +0,5 °C la nuit). En fin de culture, aucun écart de température n’a été mesuré entre les deux modalités en tête de plante.

Ce gain de quelques degrés « accélère la vitesse de développement de la plante, le potentiel de fruit est donc plus important ». Le diamètre des tiges est supérieur quand l’air est déshumidifié ; le nombre et la taille des feuilles est également plus grand. « Les feuilles sont plus longues de 6 cm et plus larges de 4 cm ». Mais cette vigueur dans la culture n’est pas sans conséquences, « nous avons dû réaliser des effeuillages drastiques pour mettre les fruits au chaud et au soleil ». D’un point de vue sanitaire, rien de particulier n’a été constaté entre les deux conduites, l’année étant relativement saine au niveau des attaques fongiques. Toutefois, Landry Rossdeutsch attire l’attention sur le positionnement du déshumidificateur dans l’abri. Le volume de condensat est conséquent, à raison de 25 L d’eau par m2 de culture, selon un bilan effectué sur la durée totale de l’essai, et en date du 7 septembre, ce qui représente un volume total de 10 m3 sur la période de mai à septembre. Il est donc indispensable de prévoir l’évacuation de cette eau pour ne pas créer de point humide.

Une installation rentable

Cette machine de la société Airgaïa coûte dans les 13 000 € ht. Elle absorbe 5 kW de puissance électrique. Sur le site de Carquefou, l’outil a fonctionné 209 h en journée pour 727 h de nuit, soit 935 heures au total. Au bilan, ce sont 11,53 kWh électrique qui ont été consommés par m2. En comparaison, l’impact agronomique témoigne d’un gain de 1,7 kg/m2 au profit de l’essai déshumidifié (20,9 kg contre 19,2 kg), d’un fruit supplémentaire (134 contre 133 tomates/m2), avec des fruits plus lourds de 12 grammes (156 contre 144 grammes). Le Chiffre d’affaires brut par m2 est supérieur de 2,7 €. « Pour atteindre le seuil critique de rentabilité, il faudrait que le MWh d’électricité soit facturé 234 € (montant sans le coût de l’investissement, estimé à environ 13 000 €) ». Un bilan positif donc, et des craintes levées. « Nous pensions voir apparaître une stratification sur les plantes, avec un air insufflé uniquement sur la partie haute, laissant de l’humidité sur la partie basse. Mais cela n’a pas été le cas ». Toute la végétation a été baignée par cet air plus sec.

Fanch Paranthoën

Les essais continuent

Pour la campagne prochaine, les essais vont se poursuivre. « Nous serons plus à cheval sur l’effeuillage, peut-être par un effeuillage en tête de plant pour diminuer la masse foliaire, et qui ne nous demanderait pas plus de temps ». En culture hors sol, le CTIFL regardera l’effet potentiel de la réduction de fertilisation azotée sur la masse foliaire, « ce sera un levier supplémentaire pour limiter l’effeuillage ». Du côté des variétés de tomate, des fruits côtelés seront testés. « Plus gros, ils ont plus d’inertie thermique ». Un second essai comprenant des écrans thermiques, dont certains sont aluminisés, sera mené. En 2027, un protocole de test combinera déshumidificateur et écrans thermiques.


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