Dossier technique

Ration et minéraux ‘sur-mesure’ avant vêlage

Gaec Bellier, Rannée (35) - Une ration spécifique avant vêlage, des minéraux aux petits oignons et une hygiène stricte. Telle est la ‘recette santé’ chez Céline et Benoît Bellier. Résultat : des vêlages zen, des veaux en forme et moins d’antibiotiques à la clé. La vaccination a été arrêtée.

deux femmes et un homme dans une stabulation avec des vaches au cornadis - Illustration Ration et minéraux ‘sur-mesure’ avant vêlage
Benoît et Céline Bellier ont mis au point la ration ‘avant vêlages’ en lien avec Charlène Delaunay (à droite). | © Paysan Breton

Céline et Benoît Bellier conduisent plusieurs ateliers d’élevage sur leur ferme de Rannée. Ils gèrent un cheptel d’une cinquantaine de vaches laitières Prim’Holstein en traite robotisée, de 80 mères limousines (en système naisseur-engraisseur de JB et sélection) et un atelier de canards de chair (bâtiment de 543 m2).

Sur l’élevage, la santé fait partie des priorités. Elle est notamment favorisée par une conduite en lots permise par un regroupement des vêlages, sur 2 périodes : d’août à octobre et de février à avril. Suite à des problèmes de diarrhées sur les veaux au printemps il y a 2 ans, les éleveurs ont décidé de mettre en place une ration spécifique avant vêlage sur les vaches allaitantes, sous les conseils de Charlène Delaunay, technico-commerciale nutrition animale chez Terdici. « Nous le faisons déjà depuis 4 ans sur les vaches laitières, un mois avant vêlage. »

Protocoles sanitaires avec chaulage et désinfection

« L’objectif de cette ration est d’apporter un colostrum de qualité aux veaux, de renforcer l’immunité du cheptel et de stimuler la lactation à venir. La ration des vaches allaitantes en préparation vêlage est surtout basée sur de l’ensilage d’herbe. Nous avons souhaité la monter en protéines avec un objectif de 13 % de MAT », souligne Charlène Delaunay. Dans le détail, la ration par vache contient : 11 kg MS d’ensilage d’herbe, 2 kg MS d’ensilage de maïs, 1 kg de foin de qualité, 100 g de sel pour l’appétence, 200 g de minéral VL et 200 g de minéral spécial taries (prémélanges mg2Mix).

Vitamine E, sélénium, antioxydants…

« Ce minéral spécial taries contient notamment du chlorure de magnésium et de calcium qui permettent de maîtriser la Baca de la ration et d’avoir des vêlages qui se passent bien. Il inclut aussi de la vitamine E, du sélénium et des antioxydants. Le minéral VL comprend du phosphore favorisant la reproduction. » Pour des raisons de praticité et de temps de travail, la ‘ration taries’ est distribuée aux femelles allaitantes, en bâtiment, sur toute la période des vêlages. « Nous ne souhaitons pas faire un lot à part avec une alimentation différenciée », précisent les éleveurs. « Nous commençons à la donner en été à partir du 10 juillet et en hiver à partir de début janvier. »

Depuis la mise en place de cette ration spécifique, Céline et Benoît Bellier ne vaccinent plus leur cheptel allaitant et le recours aux antibiotiques est moindre. Auparavant, ils vaccinaient les vaches gestantes pour l’immunisation des veaux via le colostrum, contre les diarrhées à Escherichia coli, rotavirus et coronavirus (Trivacton). Or, « nous avions surtout des problèmes de cryptosporidiose. Un vaccin existe désormais mais il reste coûteux. Nous préférons investir dans du minéral. »

« Les veaux sont dynamiques. En une demi-heure, ils vont téter leur mère. Les vaches sont aussi plus solides pour les vêlages, nous n’avons pas de problèmes de délivrance. » Elles sont équipées avec des détecteurs de vêlage (SmartVel). « Pour les vaches, je me déplace à la 2e alerte, pour les génisses à la 3e », précise Benoît Bellier qui souhaite intervenir le moins possible. La voie génétique est également utilisée. « Je sélectionne sur la facilité de vêlage et vais participer aux mesures d’ouverture pelvienne en lien avec le herd-book limousin. Sur les poids de naissance, mon objectif est d’avoir 40 à 45 kg pour les 1ers vêlages et 50-52 kg ensuite. »

Entrées restreintes dans le bâtiment des vêlages

Céline et Benoît Bellier sont aussi vigilants par rapport aux intervenants extérieurs. « Quand ils arrivent sur l’élevage, nous leur demandons de désinfecter leurs bottes avec un pulvérisateur que nous fournissons. Ils n’entrent pas dans le bâtiment des vêlages allaitants ou dans la nurserie des veaux laitiers. Les animaux malades ou à inséminer sont mis dans un box à part qui est nettoyé et désinfecté une fois par semaine. Nous fournissons aussi un thermomètre qui est nettoyé avec des lingettes désinfectantes avant et après utilisation. »

En juin et décembre, la stabulation ‘allaitantes’ est curée, chaulée et désinfectée puis un vide sanitaire est opéré. « Nous avons pour projet de construire un petit bâtiment de l’autre côté de la route par rapport aux stabulations, pour isoler et soigner les animaux malades… ». Les taurillons sont engraissés sur un autre site.

Surveillance des chaleurs par colliers

Côté reproduction, les associés font une dizaine d’IA/an et utilisent 4 taureaux pour la monte naturelle. Les éleveurs disposaient d’une soixantaine de colliers de détection des chaleurs sur le troupeau laitier. « Désormais, les chaleurs des vaches laitières sont détectées au robot. Nous allons donc utiliser des colliers sur les femelles allaitantes. Cela permettra d’avoir des dates de terme plus précises et de vérifier la fertilité des taureaux. » Une mesure d’autant plus utile dans un contexte sanitaire compliqué.

Agnès Cussonneau

Des passages de FCO 3 et 8

L’élevage a connu différents épisodes de FCO depuis l’automne 2024. « Cela a entraîné des problèmes de mortalité sur les naissances de début 2025. Par contre, sur les vêlages d’août à octobre, nous n’avons eu que deux pertes de veaux. Et trois paires de jumeaux sont nés ! Une immunité semble acquise », soulignent Céline et Benoît Bellier. Les deux sérotypes 3 et 8 sont passés sur leur élevage. Ils ont enregistré des baisses de production de lait à deux reprises cet été avec une remontée ensuite. Sur cet automne-hiver, ils envisagent de ne vacciner que les veaux contre la FCO 3 et 8.

Maintenir de bons IVV

L’âge au premier vêlage est de 36 mois. « Je ne souhaite pas l’abaisser pour ne pas trop pousser les jeunes animaux et garder de l’autonomie alimentaire sur l’exploitation. À 15 mois, les génisses sont nourries à l’herbe et au foin. Je souhaite aussi maintenir de bons IVV entre la 1re et la 2e mise-bas et m’assurer d’avoir des carcasses lourdes (500 kg pour les vaches) », précise Benoît Bellier. Actuellement, l’IVV se maintient à 378 j sur l’élevage. Sur la SAU de 160 ha poussent 30 ha de blé (vendu), 30 ha de triticale (une partie est gardée pour l’alimentation des bovins), 30 ha de maïs ensilage et des prairies. Les éleveurs achètent une quarantaine d’hectares de paille pour les besoins de leurs aires paillées, aussi bien en bovins laitiers que viande.


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