En dix ans, les fermes engagées dans les réseaux Dephy ont réduit leur IFT (Indice de fréquence de traitement) de 29 à 46 %, jusqu’à 50 % dans les stations expérimentales. Un objectif pas partagé par tous À l’échelle nationale pourtant, le Nodu est revenu en 2023 à son niveau d’il y a dix ans. « L’objectif n’est pas partagé par tous, les outils comme le BSV sont tactiques mais ne modifient pas la stratégie », analyse Vianney Estorgues, chargé de mission à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Les freins sont concrets En culture de chou-fleur, seuls 37 % des producteurs ne traitent pas (fongicides) les variétés résistantes au Mycosphaerella. Les autres invoquent la sécurité d’un traitement, la méfiance envers les conseils techniques ou le coût jugé faible du produit phytosanitaire vis-à-vis du risque qualité. Les pratiques de binage progressent lentement : 36 % des parcelles sont concernées en 2022 contre 33 % en 2014. La bineuse à doigts Kress, associée au guidage RTK, est plébiscitée par ceux qui ont franchi le pas. un binage supplémentaire en juillet/août, à une période bien chargée « Une étude a prouvé que le coût de 4 passages mécaniques de bineuse 4 rangs face à un herbicide et 3 passages mécaniques est un peu plus long (+ 10 à 25 minutes par hectare) mais moins onéreux (-45 € par hectare). Cela impose un binage supplémentaire en juillet/août, à une période où les exploitants travaillent le plus (65 heures/semaine en juillet). Et nécessite donc de la main-d’œuvre supplémentaire ou du sacrifice de week-end ou de congés. » À cela s’ajoutent des freins psychologiques : peur de la parcelle sale, crainte de perte de rendement ou réminiscence d’un échec passé. D’autres biais (ancrage, négativité, mimétisme…) influencent fortement la prise de décision. 18 ans pour changer de…
Des freins à lever pour accélérer la transition
Malgré des résultats probants dans les fermes accompagnées, la réduction de l’usage des phytosanitaires reste lente au niveau national. Entre peurs, biais cognitifs et arbitrages économiques, les freins au changement de pratiques sont multiples au sein des exploitations.
