Accords commerciaux et agriculture font rarement bon ménage dans le débat public. Les mots fusent vite, les slogans claquent, mais la réalité tend à se perdre. L’exercice de discernement s’impose donc. Car plus l’information circule, plus elle se brouille, entre communication politique, lobbying et éléments de langage. À force de répétition certaines contre-vérités finissent par épouser le visage de réalités qui n’en sont pas. Exemple avec l’accord de libre-échange du Mercosur qui a déclenché un tollé quasi unanime qui va des syndicats agricoles à la société civile en passant par les politiques de tout bord. Une unanimité rare, qu’on aimerait parfois voir mobilisée sur d’autres enjeux de fond.Quand les faits contredisent les craintes« Invasion de viandes », « normes au rabais »… Les formules-choc fusent pour justifier le rejet. Mais les preuves ? Interrogeons-les avec la méthode socratique qui vise à faire émerger la vérité par le questionnement : « Qu’est-ce qui te fait dire cela ? »Le précédent du Ceta, conclu avec le Canada, est éclairant. Malgré les peurs, les échanges agricoles ont progressé : l’excédent agroalimentaire européen a triplé et les exportations de viande se sont accrues. Preuve que les accords commerciaux ne riment pas nécessairement avec désastre pour l’agriculture européenne.L’UE n’est pas sans garde-fous : 186 mesures anti-dumping, contrôles sanitaires et environnementaux stricts, conventions internationales en matière de droits humains… L’arsenal réglementaire ressemble davantage à celui d’un État protectionniste qu’à celui d’un libre-échangiste naïf. Quant à l’argument de la concurrence déloyale, il oublie un ‘détail’ : chaque année, les agriculteurs européens perçoivent près de 40 milliards d’euros d’aides publiques, un avantage rarement évoqué, mais que la Chine sait nous rappeler au sujet des exportations de produits laitiers européens.Élever le débatLes opposants agitent le spectre de « 180 000 tonnes de volailles brésiliennes » qui déferleraient sur l’Europe….
Quand l’émotion l’emporte sur la raison
Accords commerciaux et agriculture riment souvent avec passions enflammées. Mais derrière les allégations martelées, se cache souvent une réalité plus nuancée.
