« En groupe lait et lors des chiffrages de projets d’installation, nous constatons le boom des robots », note Anne Briend, conseillère à la Chambre d’agriculture Bretagne. Cette automatisation, « de plus en plus présente dans le paysage », s’accompagne généralement du recul du pâturage (62 % des enquêtés) et d’une augmentation de la consommation de concentrés. « Cela suscite des questions d’éleveurs. Comme répartir l’aliment entre l’auge et la stalle ? Y a-t-il du gaspillage dans les apports qui dégraderait la marge ? Comment maintenir du pâturage ? »
Plus de concentrés avec le robot
De 2024 à 2026, l’étude RoboTrAE portée par dix Chambres d’agriculture (Bretagne, Pays de la Loire, Grand-Est, Bourgogne Franche-Comté, Nouvelle-Aquitaine…) s’intéresse aux possibilités « de concilier traite robotisée et agro-écologie ». Efficacité de la ration, maintien ou développement du pâturage, consommation (eau, électricité) et maintenance des robots… Objectif : recueillir des données terrain pour proposer des repères. « On dit souvent que pâturer, c’est à partir de 20 à 25 ares par vache. Mais nous devons aussi répondre aux producteurs avec des niveaux de production élevés qui sortent les vaches sur des surfaces plus restreintes. »
Ajuster la complémentation au pâturage
180 éleveurs ont répondu à l’enquête en ligne, dont 79 en Bretagne. « En moyenne, le pâturage se situe à 12 ares par vache. » Ensuite, 23 éleveurs bretons ont été rencontrés en face à face : chez eux, le pâturage atteint 22 ares par vache. « L’arrivée du robot s’est traduite en moyenne par des augmentations de production de 500 L et de 400 kg de concentrés consommés par vache et par une baisse de pâturage de 4 ares. » Les systèmes les plus pâturants produisent moins de lait par vache et ont moins de vaches par stalle (voir article ci-contre dans une ferme enquêtée). Sur la circulation vers les prairies, beaucoup de portes de tri sont présentes mais 44 % des éleveurs doivent « intervenir pour faire sortir, rentrer ou rentrer et sortir des animaux ».
Pour les concentrés, l’étude montre que les producteurs préfèrent ajuster les apports à l’auge plutôt que de toucher aux réglages des Dac des robots : « Ainsi 70 % ne changent pas les paramètres du plan de complémentation en saison de pâturage. Il y a sans doute un sujet à creuser pour gagner en efficacité. »
Toma Dagorn
Au Space, jeudi 18 septembre (10 h 30 – 11 h 30, Salle i – Espace Administration), des conseillers de Chambre d’agriculture présenteront l’étude RoboTrAE.
L’intérêt de compteurs au robot
Selon les enquêtes, le coût de l’eau et de l’électricité sont mal connus. « Ces données sont difficiles à approcher car peu d’éleveurs ont des compteurs sectoriels. En Nouvelle-Aquitaine par exemple, les aides à l’investissement sont conditionnées à la pose d’un compteur. » Pour l’eau, on parle d’1 m3 par jour comme repère. « Une partie des élevages sont approvisionnés par le réseau public uniquement, d’autres par des puits qui peuvent être à sec l’été. Il y a peut-être là un enjeu en cas de restriction estivale. »