« La vaccination, seul rempart efficace contre la FCO »

En l’absence de vaccin généralisé contre la FCO, les éleveurs désinsectisent. Mais que peut-on réellement attendre de ces traitements contre les culicoïdes ? Le point avec Claire Garros, chercheuse en entomologie vétérinaire au Cirad, à Montpellier.

Mouches sur une vache - Illustration « La vaccination, seul rempart efficace contre la FCO »
Une désinsectisation n'élimine jamais la totalité des insectes, y compris les moucherons vecteurs de la maladie. | © bios48 - stock.adobe.com

Quelles leçons peut-on tirer des études sur la désinsectisation menées sur bovins et ovins ?

En l’absence de vaccin, la lutte chimique est le second rempart. La bonne nouvelle, c’est que les culicoïdes sont sensibles aux molécules insecticides utilisées en médecine vétérinaire (pyréthrinoïdes, organophosphorés). Mais leur efficacité est limitée : un essai montre un effet maximal quelques jours après application, avec seulement 40 % de moucherons neutralisés. Surtout, les études menées à l’étranger indiquent que la désinsectisation n’empêche pas la transmission du virus à l’échelle d’un troupeau. On peut protéger ponctuellement des animaux de grande valeur (taureaux, béliers), mais pas bloquer la circulation virale.

Quelles sont les limites de ces produits et les risques liés à un usage intensif ?

Les contraintes sont multiples : Quand on met juste un peu d’insecticide sur la ligne médiane d’une vache, en gros sur son dos, le bas du ventre par exemple n’est pas protégé, contrairement à un vermifuge pour-on qui pénètre de façon transcutanée. Or les culicoïdes vont préférentiellement venir piquer les zones sans poils. D’autre part, la pluie, le soleil contribuent à la dégradation du produit donc à son efficacité dans le temps.

Ces produits ont-ils des effets secondaires sur l’homme et sur l’environnement ?

Il ne faut bien sûr pas occulter la manipulation délicate pour l’éleveur qui impose de bien se protéger. À cet aspect s’ajoutent les risques environnementaux : résidus dans l’eau et les sols, impact sur les autres insectes. Chaque traitement ajoute une charge chimique supplémentaire.

Les pulvérisations intensives en bâtiments sont particulièrement problématiques : produits qui tombent au sol, risques de contamination plus durables… et absence de données sur l’ampleur réelle de ces pratiques.

Par ailleurs, il ne faut pas négliger la possible apparition de résistances chez les insectes. Pour l’instant, on n’a pas de signal chez les culicoïdes, mais il faut rester vigilant.

Existe-t-il des alternatives à la chimie ?

La recherche sur les méthodes non chimiques est très limitée. On pourrait imaginer des mesures de biosécurité : gestion des fumiers qui sont des sites de ponte privilégiés des culicoïdes, l’installation de moustiquaires, l’amélioration de la stabulation… Mais on reste loin d’une solution globale. Quant aux pièges ou répulsifs spécifiques, ils ne sont pas développés pour l’instant. À l’échelle d’une exploitation, leur efficacité paraît très faible face à des millions d’insectes présents d’avril à octobre dans les élevages.

Et demain ?

La vaccination reste l’outil le plus efficace, malgré ses contraintes (coût, rappel à chaque nouveau sérotype). L’immunité naturelle joue un rôle, mais au prix de pertes parfois lourdes.

À l’avenir, le changement climatique pourrait allonger la saison d’activité des culicoïdes augmentant le risque de transmission. On ne peut donc pas espérer la disparition de ces maladies qui impactent l’élevage français depuis 2007, avec des vagues récurrentes : 2015, 2024.

Propos recueillis par Didier Le Du


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