Le 10 juillet à Tréfumel (22), la Chambre d’agriculture de Bretagne et Dinan agglomération ont organisé une journée de démonstration autour des outils à dents. Objectif : tirer parti de la période d’interculture pour réaliser un déchaumage efficace tout en maîtrisant les vivaces, en remontant les racines à la surface, avant d’implanter des couverts végétaux. Une fois exposées, les plantes se dessèchent naturellement. En revanche, attention à l’utilisation de disques ou de couteaux, qui sectionnent les racines : cette segmentation favorise leur multiplication, ce qu’il faut précisément éviter.
Bien déchausser les vivaces du sol
Casser le trafic dans la parcelle
« Quel que soit l’outil, il est important de prendre un angle par rapport au semis, pour reniveler le sol », souligne Malo Letonturier, conseiller machinisme à la FDCuma 22. Travailler en travers des anciens passages limite la puissance nécessaire au tracteur, réduit l’usure des pièces et répartit mieux l’effort sur les dents. En travaillant dans l’axe, ce sont toujours les mêmes dents qui subissent les contraintes. En contrepartie : ça secoue un peu plus dans la cabine ! Côté réglages, tout dépend des caractéristiques du sol. Vitesse et profondeur ne se décrètent pas, elles s’imposent souvent d’elles-mêmes. « Il faut sortir la bêche avant de sortir le tracteur », résume le conseiller.
Le scalpeur de précision
Sur 4 mètres de large, le scalpeur Urasi de chez Carré combine quatre rangées de dents et autant de roues réglables hydrauliquement pour affiner le travail selon les conditions d’intervention. La vitesse d’avancement se situait entre 8 et 10 km/h. « L’outil était réglé à 7-8 cm de profondeur. On aurait pu descendre davantage avec un meilleur réglage », estime David Bouvier, de la Chambre d’agriculture.
À l’arrière, une herse peigne retourne efficacement les racines des plantes scalpées, favorisant leur dessèchement.
Et le fissurateur ?
La période post-moisson est aussi idéale pour casser les traces laissées par les pulvérisateurs ou les épandeurs grâce à un passage de fissurateur. Et son action est intéressante en août pour profiter de la fraîcheur du sol après les moissons de céréales, assurant ainsi une meilleure implantation des couverts végétaux.
Le modèle Duro présenté ce jour-là est équipé de dents droites progressives. Un choix qui limite le bouleversement des horizons du sol et empêche la terre fine de descendre en profondeur. Lors de la démonstration, le travail s’est effectué à 5 km/h, sur une profondeur de 26 à 30 cm. L’outil, avec un bon dégagement, peut aussi intervenir sur un couvert déjà levé de 10 à 15 cm, mais pour oxygéner efficacement le sol, mieux vaut le faire le plus tôt possible pour que le couvert ait suffisamment de vigueur pour repartir.



Du matériel hybride
« Les outils à dents sont souvent oubliés pour le déchaumage. Pourtant, ils sont efficaces contre les vivaces et évitent leur multiplication… », rappelle Malo Letonturier. Les établissements Demblon ont ainsi présenté un outil hybride, associant un fissurateur Interplo à un scalpeur Köckerling. Résultat : un seul passage pour décompacter, scalper et affiner le lit de semences. Le passage de rouleau optimise le contact terre-graines. « On met de l’argent dans lesgraines, autant bien le valoriser avec un semis optimal », insiste le conseiller.
La polyvalence a ses limites
Tous les outils présentés ce jour-là ont bien travaillé l’ensemble de la surface, sans bourrage ni accumulation de paille en bout de champ. « Les outils à dents permettent de bien déchausser les vivaces. Une intervention aux disques serait certes plus rapide, mais risquerait de multiplier ces adventices », prévient le spécialiste en machinisme. Et de conclure : « Tout n’est pas faisable au déchaumeur à disques. Il est utile pour produire de la terre fine, mais pas pour le scalpage. »
Carole David
Le choix de la polyvalence à la Cuma de Plouasne
À la Cuma de Plouasne (22), c’est un déchaumeur à dents Lemken Karat 9 qui a été choisi. « Ses socs se démontent en moins de 20 minutes sur un outil de 4 mètres », témoigne Benoît Bernard, administrateur. Avec ses dents de cultivateur pour un travail profond, et ses dents larges à ailerons pour le déchaumage, cet outil s’utilise toute l’année. Le rouleau à double lice aurait été un plus, mais le budget a tranché. « Je travaille beaucoup aux disques. Mais ici, sur du limon caillouteux, la dent permet de faire un très bon lit de semences. Sur des terres plus lourdes, les disques vont plus vite et referment bien le sol. »