C’est l’été. Et l’été, c’est le moment de prendre un peu de champ sur l’actualité. Cette semaine, au cœur d’un sujet aussi discret qu’essentiel : la haie est-elle contre-productive ? La scène se déroule lors d’une formation Certiphyto. On y passe en revue les moyens de prévenir les maladies des céréales. Et là, illumination : puisque l’humidité favorise les champignons, supprimons les haies. Ces dernières freinent en effet le vent, maintiennent la rosée, et donc encouragent la septoriose, l’oïdium, la rouille. CQFD. Solution évidente : raser pour assainir, ventiler pour sauver ! Le raisonnement est logique. Scientifiquement plausible. Et pourtant, profondément faux. Car c’est une contre-vérité. Une assertion qui, à force d’être martelée, finirait (peut-être) par paraître indiscutable. Un peu comme un slogan de meeting. Il suffit de le matraquer fort et souvent. C’est ce que les philosophes nomment la performativité mensongère : le mensonge répété finit par faire réalité. L’agronomie aussi a ses Trump en herbe… Sorti du registre du simplisme, l’argument de nuisibilité des haies s’effondre. Incontestablement. Car elles abritent une biodiversité précieuse : syrphes, coccinelles, carabes, etc. Autant d’auxiliaires qui hivernent à l’abri du feuillage, avant de croquer joyeusement pucerons, limaces et autres ravageurs. Des travaux de l’Inrae montrent, sans équivoque, que les parcelles bordées de haies riches en vie sauvage subissent moins d’attaques, même sans traitement. Le vrai problème, ce n’est pas l’humidité inhérente à la haie. C’est le réductionnisme. Réduire un système complexe à un seul facteur, c’est pratique. Mais la pensée, comme la haie, a besoin d’épaisseur. Et la vérité, comme la haie, a besoin de ramifications et de profondeur. Et de solides racines pour résister aux coupes claires de la pensée paresseuse….
Haie-là-là
