« La qualité d’une récolte de cultures associées se prépare dès le semis en choisissant des variétés complémentaires en termes de maturité, avertit Nicolas Thibaud, ingénieur indépendant spécialiste du réglage des moissonneuses-batteuses. Il convient ainsi de sélectionner un protéagineux tardif et une céréale précoce. L’objectif est d’atteindre, à la récolte, un taux d’humidité de 16 % pour le protéagineux, afin de limiter les risques de casse de grains. Quant à la céréale, elle doit être en sur-maturité, de façon à réduire les besoins de battage. Une situation qui sera plus facilement accessible avec une orge ou un triticale qu’avec un blé. »
Éviter les pertes à la coupe
Lorsque la récolte approche, la préparation de la moissonneuse-batteuse est primordiale. Avant de se pencher sur le système de battage, l’expert rappelle que la barre coupe conditionne l’alimentation de la machine. « Ses réglages sont encore trop souvent négligés. Avec les mélanges, le risque principal est de perdre beaucoup d’épis. Et n’allez pas croire que tout sera réglé en payant le prix fort pour un modèle à tapis. Ce type de coupe a un réel potentiel, mais est pointu à utiliser. »
Augmenter progressivement le régime du batteur
En matière de battage, la fragilité du protéagineux guide les réglages. « Il faut veiller à un serrage très précis du contre-batteur en fonction de la taille de graine. On débute avec un régime de batteur assez lent, que l’on accélère ensuite en fonction de la difficulté à battre la céréale, sans risquer de casser le protéagineux. »
Prendre le temps de régler la batteuse
Pour s’adapter à ces situations, les constructeurs peuvent proposer des contre-batteurs à fils resserrés plus efficaces avec les céréales ou des modèles mixtes comportant des éléments typés céréales en partie avant et d’autres adaptés aux grosses graines en partie arrière. « Sur le terrain, j’observe que certaines machines ont plus d’aptitudes à s’adapter que d’autres. D’une manière générale, les moissonneuses-batteuses conventionnelles à secoueurs s’avèrent plus polyvalentes que les non-conventionnelles hybrides ou axiales. Ces dernières se montrent plus pointues et performantes sur chaque espèce. L’écart en faveur des machines à secoueurs est toutefois surtout présent quand le différentiel de taille de graines est significatif, comme en blé/féverole », indique le spécialiste, qui relativise le choix de la technologie de battage, préférant mettre en avant la qualité des réglages.

Nettoyer et trier à la ferme
La partie nettoyage semble demander moins de patience et d’expertise. « La plupart des machines récentes ont des caissons performants. Il suffit d’avoir des grilles assez fermées et une bonne ventilation pour obtenir un résultat satisfaisant. Attention à ne pas rechercher la perfection au risque de trop ralentir la machine. » Certains agriculteurs préfèrent ainsi être moins exigeants dans la trémie et nettoyer leur mélange en même temps que le triage à la ferme.
Michel Portier
Dissocier la fauche du battage
Décomposer la récolte par la fauche et l’andainage suivis une semaine après du battage permet d’intervenir en moyenne quinze jours avant la date d’un chantier classique. « C’est une méthode particulièrement intéressante avec les mélanges, car on les coupe de manière plus précoce, tout en homogénéisant les maturités. Le temps passé à faucher se récupère en améliorant le débit de la moissonneuse-batteuse, qui est aussi plus facile à régler, assure Nicolas Thibaud. Elle demande toutefois une certaine expertise. La date de fauche doit être fixée de façon à garantir une période de 7 à 8 jours de séchage avant le passage de la batteuse. Attention également à la taille des andains. Pour un séchage efficace avec de gros volumes de paille, la largeur de coupe ne doit pas dépasser trois fois la largeur de l’andain. »