L’Observatoire des prix des bâtiments vaches laitières 2025 vient d’être diffusé. Cette publication est le fruit du travail des chargés d’études bâtiments d’élevage bovins de la Chambre d’agriculture Bretagne en collaboration avec le Comité régional bâtiment (CRB) du GIE Élevages de Bretagne. Le document de 36 pages est téléchargeable en ligne.
2 500 tarifs relevés dans plus de 300 devis
Il propose des approches tarifaires des grands types de stabulation : de l’aire paillée avec aire d’exercice raclée lisier au système 3 rangs de logettes avec racleur autonome sur caillebotis en passant par les conceptions avec deux couloirs d’alimentation… Au total, 11 modèles de bâtiment sont détaillés, plan à l’appui, en termes de coût de construction depuis le terrassement jusqu’aux finitions. Différentes approches de la traite (TPA, roto, robots…) sont également chiffrées.
+ 30 % sur les prix depuis le Covid
« Le précédent Observatoire s’appuyait sur des données de 2020. Mais dès sa sortie, il a été caduc vu la flambée des prix des matériaux et de l’énergie suite à la Covid 19. Nous attendions que les choses se stabilisent pour renouveler cette étude », explique Jacques Charlery, chargé de mission au GIE. Plus de 300 devis édités en 2024 ont été remontés du terrain et épluchés. « Soit environ 2 500 tarifs relevés. Même si nous ne les diffusons pas publiquement, nous compilons tous les prix unitaires, par exemple des parpaings, des éléments de charpente, des tubulaires, des abreuvoirs… », précise l’animateur du CRB. « Grâce au réseau des conseillers bâtiment qui collectent toutes ces informations, cela donne une certaine puissance à l’Observatoire en termes de qualités de données et d’informations techniques. Un travail d’une telle précision est unique en France. »
L’actualisation de l’Observatoire est éclairante puisqu’elle reflète les projets réalisés aujourd’hui dans les élevages bretons. « Elle montre notamment que depuis 2020 les coûts des bâtiments et équipements ont augmenté en moyenne de 30 % », reprend Jean-Pierre Clément, président du CRB. La grande variété des choix techniques de logement, d’équipements ou d’installations de traite conduit à une grande disparité de coûts observés. « Mais globalement, l’investissement en bâtiments pèse lourd pour le producteur de lait. L’étude montre que, selon les choix de conception, il peut représenter aujourd’hui jusqu’à 8 800 € par place pour le logement et les stockages de déjections, et plus de 4 700 € par vache pour le bloc traite. Soit 13 550 € par vache au total. »
Outil utile de l’avant-projet
« Effectivement, tout est plus cher alors que c’était déjà difficile d’investir dans les ateliers laitiers. Cela pose question concernant le renouvellement de nos outils de production. Vu les tarifs actuels, moderniser le logement de ses animaux et le bloc traite en même temps devient compliqué », reprend Sébastien Guiocheau, chargé d’études à la Chambre d’agriculture Bretagne. Dans ce nouvel Observatoire, les simulations ont été faites pour 105 vaches. « Une dimension assez représentative », note le conseiller avant de préciser qu’il y a souvent « assez peu d’économie d’échelle » quand on construit pour un plus grand troupeau. « Grâce à tous les prix unitaires rassemblés, il est possible d’estimer rapidement et assez précisément le montant potentiel dès le stade de l’avant-projet », explique-t-il. « Par exemple, nous avons un prix moyen du mètre carré de dallage, avec ou sans empierrement. En multipliant par la surface dans notre calculateur, c’est simple d’obtenir un budget approché. Et cela, poste par poste. » Ce budget d’approche, important avant d’aller taper à la porte des banques, donne d’emblée une indication sur la « faisabilité », note le spécialiste.
Toma Dagorn
Télécharger l’Observatoire sur www.gie-elevages-bretagne.fr (onglet Bâtiments / Documents et références / Références de prix)
Se faire accompagner d’un conseil neutre
Opinion – Jean-Pierre Clément – Président du Comité régional Bâtiment
Un bâtiment est souvent construit pour une carrière. Or, dans un outil mal conçu, on trinque tous les jours. Il est donc indispensable de se faire accompagner d’un conseiller bâtiment neutre lors de son projet : à l’écoute de l’éleveur, il est capable de concevoir une stabulation ou un bloc traite presque à la carte. Il est là pour apporter un œil critique et proposer des choses intelligentes pour travailler confortablement et en sécurité au quotidien. À parfois plus de 13 000 € la place aujourd’hui, cela mérite de prendre son temps pour réfléchir, de bien s’entourer en investissant une petite enveloppe dans la conception et les plans pour éviter les erreurs.