Chloé et son élevage ‘blanc bleu rouge’

C’est un troupeau haut en couleurs qui profite des pâtures de la ferme familiale de Lohuec : les races Blanc Bleu et Rouge des prés sont élevées pour la qualité de leurs viandes.

Chloé Dubourg à côté d'une de ses vaches - Illustration Chloé et son élevage ‘blanc bleu rouge’
La race Rouge des prés a été introduite en 2020. | © Paysan Breton – F. Paranthoën

Lohuec (22)

Quand Chloé Dubourg était une jeune enfant, la fillette se voyait à l’âge adulte « être vétérinaire pour soigner les vaches de mon papa », avait-elle lancé à l’époque. « J’ai toujours aimé les animaux et travailler dehors. » Son parcours scolaire en est un bon exemple qui illustre sa passion des champs et des vaches ainsi que sa détermination : bonne élève au lycée, la Costarmoricaine a préparé brillamment un baccalauréat général scientifique, étant douée dans ces matières. Mais, arrivée en terminale, un avenir qui se traçait sur les bancs des écoles ne la réjouissait guère, c’est pourquoi elle a choisi de revenir en classe de 1re bac pro CGEA, au grand dam de ses professeurs. « Il faut oser ! » Ce qui l’anime, c’est l’agriculture, la ferme familiale.

Le virus des concours s’est propagé, j’ai été contaminée

Une fois ses études bouclées et un BTS en poche, elle devient salariée chez son père et son oncle. La décision est alors prise de développer sur le site de Lohuec (22) l’atelier des vaches allaitantes, à côté de l’élevage en multiplication porcine. L’exploitation produisait aussi à ce moment-là du lait ; c’est là que la race Blanc Bleu a démarré. « Une laitière a été inséminée en Blanc Bleu, elle a donné des jumelles ». Ces 2 femelles ont été de nouveau inséminées avec la race cularde, et d’autres animaux achetés dans le Nord de la France ont étoffé le troupeau. « Au bout de 9 générations, les croisements d’absorption nous ont donné un troupeau en race pure ». La transplantation embryonnaire a accéléré les choses : une trentaine de naissances ont actuellement lieu chaque année avec ces petits animaux tout en muscle.

Chloé et Jérôme Dubourg
Père et fille partagent la même passion pour l’élevage et la participation aux concours.

Valoriser l’herbe des prairies

Désormais au Gaec Dubourg-Larvor, le lait a été abandonné. L’élevage de porcs (240 truies naisseur-engraisseur) côtoie les allaitantes. Mais il manquait une couleur au tableau, peut-être pour compléter le drapeau français, pour terminer la carte postale. Ce fut chose faite avec l’introduction de Rouge des prés, en 2020. Cette race a été sélectionnée « pour ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier et pour ne pas faire comme tout le monde ». Ces grands bovins rouges « valorisent les prairies humides. La Rouge des prés est très rustique, elle croît rapidement avec peu d’herbe ». Au Blanc Bleu s’ajoutent donc désormais 45 vêlages en Rouge, conduits en 2 bandes : la 1re vêle en juillet et août, la seconde en décembre et janvier. La viande produite est écoulée dans des supermarchés, par la vente de colis. Certaines bêtes sont enfin vendues aux marchands de bestiaux.

Chloé casse tout de suite les idées reçues. Oui, toutes les naissances en Blanc Bleu se font par césarienne, mais « mieux vaut une césarienne bien faite qu’un vêlage qui se passe mal. En général, les éleveurs la pratiquent quand ils ont tout tenté. Chez nous, les vaches ne souffrent pas, elles repartent très bien derrière, nous sommes plus tranquilles ». Deux endroits sont dédiés à cette opération : l’ancienne salle de traite pourrait être rebaptisée salle des naissances.

2 vaches dans une pâture
Cette année, l’herbe ne manque pas 
pour les vaches.

Le fruit du hasard pour les concours

Et les concours ? Cet autre violon d’Ingres de la famille a commencé un peu par hasard, par la visite d’un agriculteur installé dans la partie septentrionale de l’Hexagone, aussi éleveur de Blanc Bleu, et dont le chemin des vacances l’a conduit dans le petit village. Impressionné par la qualité de la ferme, il convainc d’inscrire une compétitrice. C’est ainsi que « le virus des concours s’est propagé, j’ai été contaminée ». La suite montrera que le touriste avait raison, les plaques de récompense qui ornent le mur du bureau en sont la preuve. Space, Sommet de l’Élevage, Salon de l’agriculture ou encore Evron pour le prestigieux Festival de la viande témoignent des nombreuses participations. En septembre prochain, père et fille iront à ce festival se confronter aux autres lors du concours national Blanc Bleu. « C’est une race très docile, très curieuse. Je les dresse très jeune pour qu’elles ne soient pas en stress. J’adore les préparer, que ce soit pendant la tonte ou pour leur alimentation ». Aujourd’hui, la petite fille est devenue grande, on peut dire que la promesse annoncée il y a plus de 20 ans a été tenue : même si elle n’exerce pas le métier de vétérinaire, elle soigne les bêtes de son père, qui sont aussi maintenant les siennes.

Fanch Paranthoën

Où trouver la viande de la ferme ?

Les gourmands pourront trouver la viande de la ferme de Lohuec dans le magasin Super U de Lanmeur (29), ou par la vente de colis. La Ferme de Keredern de Trédarzec (22) propose également dans ses rayons les produits de l’élevage, en plats préparés en bocaux (terrines, bourguignon). Contact : Chloé Dubourg, 06 73 99 68 90.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article