Dossier technique

Avec la traite automatisée, 10 kg de lait par vache en plus

Gaec Corbic, à Kerpert (22) - L’automatisation de la traite a vite dépassé les attentes des associés en termes de production : les animaux ont vite trouvé leurs marques et produisent beaucoup plus. 

Des robots de traite de couleur bleue et de marque DeLaval - Illustration Avec la traite automatisée, 10 kg de lait par vache en plus
Dans une enceinte baignée de lumière naturelle, l'accès aux trois stalles est aisée. | © Paysan Breton - T. Dagorn

Stéphane Corbic s’est installé en 2016, rejoignant son père Hervé et son oncle Christophe au sein du Gaec familial. Cette arrivée s’est accompagnée d’un agrandissement du troupeau passé de 100 à 180 vaches (au total). « Assez vite, avec plus d’animaux, il y a eu une certaine lassitude concernant la traite du soir. Notre main-d’œuvre disponible étant limitée, soit nous robotisions, soit nous arrêtions le lait à terme », ont expliqué les associés à l’occasion d’une visite organisée par les établissements Méheust de Lamballe (22). Ils ont finalement abandonné leur ancienne 2×8 TPA pour adopter la traite automatisée. Trois robots de traite ont ainsi été mis en service le 15 janvier 2024.

12,8 € de marge sur coût alimentaire

« Avec les robots, on a tout revu », reprend Hervé Corbic. L’automatisation de la traite a eu un fort impact sur le système d’élevage. « Avec des vaches davantage en bâtiment, nous avons investi dans deux robots de raclage. Les logettes paillées ont laissé la place à des logettes avec matelas et paille broyée limitant la consommation de paille tout en assurant un couchage sec et propre. » Côté qualité du lait, l’automatisation n’a rien changé : le taux cellulaire moyen est resté autour de 140 000 cellules /mL.

On ne regarde plus la montre l’après-midi

L’alimentation a quant à elle évolué. Auparavant, les éleveurs travaillaient avec une « ration complète à l’économie » (ensilage de maïs et d’herbe, céréales aplaties, un peu de correcteur azoté) et du pâturage en journée de mars à octobre. « La recette de notre bol du matin a finalement peu changé en termes d’ingrédients. » Actuellement, le mélange distribué à l’auge le matin est équilibré pour une production de 30 kg de lait. « Par contre, l’ingestion a sensiblement augmenté. Et désormais, les vaches reçoivent de la VL au robot. » Au final, la hausse de coût alimentaire est compensée par l’effet dilution de l’explosion du niveau d’étable, estime Hervé Corbic. « Historiquement, nous tournions à une moyenne 32 à 34 kg de lait par vache par jour. » Lors du choix des robots, l’objectif sur le papier était de monter à 38 kg. « Mais suite à leur mise en route, en un an, la production a grimpé de 34 à 45 kg par vache et par jour en conservant les 33 de TP et 43 de TB… Pour résumer, avec 10 vaches de moins, nous livrons 550 000 L de lait en plus en robot », détaille l’éleveur. Aujourd’hui, 2,1 millions de litres de lait par campagne sont collectés au Gaec. En termes de rentabilité technico-économique, Nicolas Jégo, conseiller chez Coréal qui suit l’alimentation, avance comme indicateur une marge sur coût alimentaire (MCA) atteignant 12,8 € par vache par jour.

Beau poil et état corporel préservés

Sincère, Hervé Corbic raconte qu’il a craint que la traite robotisée n’épuise ses vaches. « En les poussant trop, j’avais peur d’avoir des tas d’os dans l’étable. Mais même une réforme sortie robot a un poids correct… » Malgré le niveau de production accru, les animaux gardent « la forme et un beau poil » et les performances de reproduction ne se sont pas dégradées. À ce propos, les colliers de détection des chaleurs ont été remisés au placard. Désormais, le suivi de la reproduction s’appuie sur l’analyse de la teneur en progestérone dans le lait permettant de repérer les chaleurs et même de déterminer « leur qualité » pour inséminer au meilleur moment mais également détecter les cycles anormaux (anoestrus prolongé, kystes folliculaire ou lutéal, avortement). Sur l’élevage, la salariée Maëla Bouguennec, ancienne inséminatrice, a toujours un œil sur les données du robot et prend en charge inséminations et échographies.

Toma Dagorn

« Un vrai grand confort »

Arrivée comme salariée en janvier 2023, un an avant les robots, Maëla Bouguennec confie que le projet de robotisation a compté à l’embauche : « Je suis animalière dans l’âme et dynamique de nature mais pour autant, il aurait été difficile de traire 150 vaches deux fois par jour sur du long terme car la salle de traite n’était pas adaptée à un grand cheptel et à mon gabarit. Aujourd’hui, un grand troupeau doit être modernisé pour être attractif. J’ai apprécié que nous découvrions l’arrivée de la technologie tous ensemble en partant de zéro. » Du côté des associés, aucun regret non plus. « Cet investissement a apporté un vrai grand confort à tout le monde. On ne regarde plus la montre l’après-midi », note Hervé Corbic. Son fils Stéphane, lui, apprécie de pouvoir se libérer désormais plus tôt pour les travaux des champs.


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