Niché à Arzon, au cœur de la presqu’île de Rhuys, le moulin de Pen Castel se dresse face au golfe du Morbihan depuis neuf siècles. Il fait partie des dix moulins à marée jalonnant le littoral du golfe. La Bretagne en compterait une centaine.Construit au XIIe siècle, l’édifice appartenait à l’origine au duc de Bretagne. Cependant, en 1380, il est cédé aux moines de la presqu’île contre le moulin des Lices à Vannes. Ces derniers confient alors l’exploitation du lieu à un meunier tout en en tirant un revenu en nature, sous forme de sacs de froment ou de seigle. En contrepartie, le meunier était assuré de recevoir le grain de tous les sujets dépendants de l’abbaye, soient ceux de Rhuys mais aussi des îles de Houat et d’Hoëdic. Pen Castel restera aux mains du clergé jusqu’en 1789.
Différentes activités au fil des siècles
« Après la Révolution française, les meuniers se sont transmis le moulin, souvent de génération en génération », explique Nathalie Josso, de chez Arzon Évènements, la structure en charge de la gestion actuelle du moulin. « Son histoire n’a connu qu’une seule meunière. Il s’agissait de Marie Le Gouguec, qui a repris le flambeau à la mort son mari Jean Le Gallo en 1842. » En 1919, les deux roues de Pen Castel cessent à jamais de tourner, marquant la fin de son activité de moulin. Cependant, les locaux continuent d’être exploités. Dans les années 1930, un restaurant, réputé pour son homard à l’armoricaine, y ouvre ses portes. Une crêperie lui succède, avant qu’il ne soit transformé en boîte de nuit dans les années 80. « Il sera fermé dix ans plus tard en raison de son délabrement », indique Nathalie Josso. « L’humidité de l’endroit rend le bâtiment assez fragile. »
Une restauration importante
En 1995, le moulin est acquis par le conseil général du Morbihan avant d’être revendu en 2007 à la commune d’Arzon. D’importants travaux de restauration sont alors entrepris : « La charpente a été entièrement refaite, tout comme la couverture, réalisée avec des ardoises de Trélazé. Les murs ont aussi été consolidés et les fondations immergées ont été traitées. Les ouvriers étaient dépendants des marées, ce qui a étalé les travaux dans le temps. Pen Castel a réouvert au public en 2010. Nous accueillons 25 000 visiteurs tous les ans. »
Un fonctionnement à marée descendante
Dans le golfe, chaque moulin à marée est encadré par deux points d’eau : la mer d’un côté et un étang de l’autre. Une fois ce dernier rempli par la marée montante, le meunier ouvrait des vannes pour relâcher l’eau sur la ou les roues situées dans des canaux d’alimentation creusés sous l’édifice. « Ces moulins ne fonctionnent donc qu’avec la marée descendante », souligne Nathalie Josso. « En effet, la roue ne peut tourner que lorsqu’elle est à sec et que la mer s’est suffisamment retirée. » Quant aux roues à pales de Pen Castel, elles ont disparu mystérieusement sans laisser de traces. « En Bretagne, il n’y a qu’un moulin qui possède encore tout son mécanisme. Il s’agit de celui du Berno, situé sur l’Île-d’Arz. »
Un lieu d’exposition unique
Le moulin de Pen Castel a la particularité d’être un lieu d’exposition. « Nous avons une ligne culturelle contemporaine qui tranche avec ce bâtiment chargé d’histoire », lance Nathalie Josso. « Nous organisons une exposition mensuelle de mars à juin et de septembre à novembre. En été, les artistes se succèdent tous les 15 jours. » Au programme : photographie, peinture, céramique, mosaïque ou encore travail du métal. Ce mois de novembre, l’Irlande était à l’honneur avec une exposition de photos argentiques mettant en lumière des ponts irlandais, réalisées par un habitant de Saint-Gildas-de-Rhuys. « Nous avons aussi accueilli un concert de musique irlandaise dans une ambiance intimiste. L’acoustique du moulin est excellente. »
Alexis Jamet
La magie de Noël n’épargne pas le moulin
Pour la première fois cet hiver, le moulin de Pen Castel ouvre ses portes pour les fêtes de Noël, du 23 décembre au 3 janvier. Les visiteurs pourront y découvrir une exposition de villages et de crèches de Noël. Les expositions reprendront au mois de mars 2025 avec les sculptures en grès et en émail de Christine Le Luron. Ses créations sont inspirées par la mer et ses légendes, et sont « empreintes des couleurs du littoral breton. »