L’eau

Edito - Illustration L’eau

Trop d’eau… ou pas assez ? Admettons que s’embarrasser d’une hypothétique pénurie d’eau alors que la Bretagne vient de s’essuyer trois mois de pluie incessante paraît incongru. Et pourtant. Le paysan sait que le foin pour l’hiver se fait en juin ; et que les réserves d’eau de l’été se remplissent en hiver. Une lapalissade pour le monde agricole habitué au temps long de la nature, mais une évidence loin des préoccupations de l’urbain baigné dans le sempiternel temps court avec pour seul horizon le temps qu’il fera le week-end prochain. Alors, ne lui parlons même pas du lien qu’il y a entre production alimentaire et pluie ; cela lui paraîtrait trop abstrait, lui qui est souvent bien incapable de se remémorer la météo du jour : « Ah bon, il a plu aujourd’hui ? ».

Sans eau, la nature se fige et les assiettes se vident

Or la réalité est têtue : sans eau, la nature se fige et les assiettes se vident. L’eau et la souveraineté alimentaire sont intimement liées. N’importe quel politique ou technocrate devrait avoir cet axiome à l’esprit. Et d’autant plus aujourd’hui, qu’après 70 ans d’abondance alimentaire, les temps qui se profilent s’annoncent géopolitiquement délicats. Dans ce contexte nouveau, compter sur les autres pour nourrir la population de son pays tient de l’incurie. C’est pourtant le chemin que prennent la France et l’Europe. Si l’on ajoute le dérèglement climatique à l’imprévisibilité politique planétaire, la constitution de réserves d’eau pour l’irrigation s’inscrit bel et bien dans une stratégie de protection et de sécurisation des populations. Ce n’est d’ailleurs pas nouveau : depuis qu’ils se sont sédentarisés, les hommes ont toujours constitué des stocks, d’eau, de nourriture et de fourrage. Difficile de comprendre que la seule évocation de réserves d’eau fasse tant l’objet d’un refus de principe bien souvent sous couvert de quelque idéologie irresponsable.


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