18252 hr - Illustration Un choix des réformes proposé par l’intelligence artificielle
De droite à gauche : Damien Rochard (Cooperl), Samuel Morand, éleveur, et Mathieu, salarié.

Dossier technique

Un choix des réformes proposé par l’intelligence artificielle

La majorité des réformes sont subies (reproduction, pathologie, accident…). Dans 35 % des cas, elles sont choisies par l’éleveur. Un outil d’aide à la décision permet de rationaliser le choix.

SCEA Menez Guen, au Cloître-Pleyben (29)

Rien n’est laissé au hasard à la SCEA Menez Guen concernant les réformes des reproductrices. Les performances des 700 truies, conduites en 10 bandes, sont analysées grâce à un outil d’aide à la décision (OAD), mis au point par la Cooperl, au moment du choix de mise à la reproduction, après sevrage*. « Après avoir réformé quelques truies au sevrage (réformes subies), nous inséminons 70 truies pour 65 mises-bas. C’est surtout après l’échographie que nous utilisons le logiciel », précise Mathieu, salarié, co-responsable de l’atelier truie. « Sur la dernière bande, 68 étaient pleines. Nous en avons réformé 3 en fonction de leur classement ‘indice de réforme’ établi par l’OAD ». 

Ce classement tient compte du rang de portée, du nombre de nés vifs et de sevrés et de l’intervalle sevrage saillie fécondante. Le logiciel permet de prédire le nombre de nés vifs de la portée suivante (voir par ailleurs).

En appui de l’observation des truies

« Une fois les données en main, j’observe les animaux. Si toutes les truies de la bande sont en état, et n’ont pas de problème particulier, je me fie au classement établi. Si deux truies ont un même score, je conserve la plus jeune ». Les éleveurs précisent qu’il s’agit bien d’un outil d’aide à la décision, en aucun cas une délégation de la décision. « Sur ce même logiciel, nous pouvons renseigner, via nos Smartphones, les traitements (antibiotiques, anti-inflammatoires) et les vaccins réalisés sur les truies, avec des alertes pour les rappels éventuels. C’est très pratique pour assurer une bonne traçabilité ». Cinq salariés travaillent sur l’élevage et peuvent transmettre les données au moment de l’opération.

* Cooperl Suite est un ensemble d’applications web et mobile ; deux d’entre elles permettent de gérer les réformes et l’autorenouvellement.

Un potentiel de gain de 0,35 sevré par an

C’est pour pallier le manque d’informations sur les critères de réforme que la Cooperl a mis au point un outil d’aide à la décision, présenté aux Journées de la recherche porcine en début d’année 2023. Des données recueillies dans 67 élevages (200 000 mises-bas) sur plusieurs années ont permis de constater que dans 65 % des cas, les réformes sont subies. Dans 35 % des cas, elles sont choisies par l’éleveur. L’objectif est d’estimer les futures performances des truies pour effectuer les bons choix d’animaux à reconduire à la reproduction. Les modèles de prédiction du nombre de nés vifs et de sevrés intègrent les variables liées au rang, à la productivité de la truie et de l’élevage. Ces prédictions sont fiables ; elles suivent la réalité : « L’écart entre le réel et le prédit est de 0,17 né vif et 0,03 sevré », indique Damien Rochard (Cooperl). Par conséquent, en utilisant l’OAD, « le potentiel moyen d’amélioration des résultats de nés vifs par truie est de 0,35 porcelet par an sur l’élevage, par rapport aux pratiques de l’éleveur ». Le modèle a peu d’impact sur la longévité des truies. « Des indicateurs complémentaires permettront d’améliorer ce score de réforme (prise en compte des réformes subies) : informations sur la santé des truies et la prédiction de l’échec de la fécondation et de la capacité de sevrage ». Un nouveau projet va s’attacher à prédire les performances d’une truie en rang 1 en fonction des variables propres au début de sa vie et des performances de sa mère.


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