14794.hr - Illustration Les paysans bio et locaux alertent les consommateurs
De gauche à droite : Anne-Cécile Brit, Jocelyne Hany, Sébastien Vétil, Jérôme Thomas, Patrick Anne (représentant des Amap) et Bénédicte Clermont.

Les paysans bio et locaux alertent les consommateurs

Les paysans bio et en circuits courts entendent s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation et renforcer la communication sur les atouts liés à leurs modes de production.

« Notre chiffre d’affaires a baissé de 17 % en 1 an et de 6 % par rapport à 2019 avant la crise Covid. Aujourd’hui, nous livrons 190 paniers par semaine alors qu’en 2020, nous en avions 320 », souligne Jocelyne Hany, vice-présidente de Panier des prés (commande en ligne sur la zone est de Rennes), rassemblant 12 producteurs locaux adhérents plus 28 apporteurs. « Jusqu’à 2020, nos commandes montaient pour atteindre 300 paniers pendant le Covid. En 2022, le chiffre d’affaires baisse », constate Jérôme Thomas, paysan boulanger à Bédée et membre du drive fermier Le Clic des champs né en 2013 qui rassemble 25 producteurs du Nord-Ouest de Rennes.

Drive fermier, commandes en ligne, paniers…

Sébastien Vétil fait lui partie de 2 structures de commercialisation collectives : Le Goût d’ici et Brin d’herbe. « Le Goût d’ici (12 adhérents, 20 apporteurs) propose des paniers sur le territoire des Vallons de Vilaine et ses alentours. Nous comptons 300 paniers en moyenne/semaine. Pendant le confinement, nous sommes allés jusqu’à 607 paniers », a-t-il chiffré lors d’un point presse organisé par la Confédération paysanne 35, le 8 février à Chantepie. « Les paysans bio et locaux ont fourni beaucoup d’efforts pendant la crise Covid, nous avons répondu présents avec professionnalisme. Mais aujourd’hui, nous rencontrons des difficultés. »

Les magasins Brin d’herbe dans la tourmente

S’agissant des 2 magasins de producteurs Brin d’herbe situés à Vezin-le-Coquet et Chantepie (qui regroupent 20 fermes et 50 dépositaires), « après une multiplication par 2 en 2020-21, le chiffre d’affaires est actuellement plus faible qu’en 2019, de -22 %. Pour la 1re fois, nous avons dû faire face à un déficit l’an passé, une restructuration est en cours. Alors que nous avions embauché de nouveaux salariés, certains ont dû partir. » Par ailleurs, des producteurs sont impactés par la fermeture de quatre magasins Scarabée Biocoop à Rennes.
Les producteurs expliquent ce recul des ventes par des causes multiples : pouvoir d’achat des consommateurs en berne, segmentation du marché, concurrence plus forte… « Les habitudes de consommation changent aussi. Nous devons nous y adapter. Par exemple, nous allons proposer de la viande en libre-service à Brin d’herbe (en plus de la boucherie) et peut-être un drive. La restauration rennaise commence aussi à s’intéresser à nos produits », note Sébastien Vétil. Au Clic des champs, la livraison à domicile pourrait voir le jour.

Les acteurs des circuits courts bretilliens cherchent des solutions et vont davantage communiquer sur les avantages de leurs modes de production. « Nous souhaitons dire aux consommateurs que manger bio n’est pas forcément plus cher et qu’il existe un lien direct entre leurs achats et les enjeux environnementaux et de souveraineté alimentaire actuels », déclare Bénédicte Clermont, éleveuse représentant Agrobio 35. Les agriculteurs exigent par ailleurs que la loi Egalim soit respectée avec 20 % de bio. « Nous n’en sommes qu’à 6 % au niveau national. »

Aider les circuits courts à passer cette crise

Selon une enquête menée sur les circuits courts au niveau national, « il n’y a pas de baisse généralisée des ventes sur début 2022. Des points de vente ont par contre fermé mais certains avaient été créés lors de la crise Covid », nuance Anne-Cécile Brit, animatrice FRCivam Bretagne. « Certes, l’inflation, la guerre en Ukraine, la hausse de l’énergie, la réforme des retraites sont autant de sources d’inquiétude pour les consommateurs qui restreignent parfois leurs dépenses alimentaires. Mais la demande en alimentation bio et de proximité reste forte. De multiples réponses sont à apporter. Les consommateurs doivent être au rendez-vous pour aider les producteurs à passer cette crise. »

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