Le pari d’Okachief

À peine installés, Yann et Cyrille Oliviero vont participer au concours de Paris en présentant une vache issue d’une souche développée par leur grand-père puis leur père.

Yann et Cyrille Oliviero sont installés à Grand-Champ (56) depuis le 1er janvier 2023. Ils se sont associés en reprenant l’élevage de leurs parents (55 ha de SAU, 50 vaches, 450 000 L de référence laitière) et celui des voisins Franck Éveno et Jean-Luc Le Corff (96 ha, 80 vaches, 775 000 L). « Pour la prochaine campagne, le but est de conduire un troupeau de 110 vaches pour livrer 1 million de litres de lait », expliquent les deux frères. Un dimensionnement adapté à la stabulation du site principal comptant 103 logettes et à la main-d’œuvre, sur 145 ha de SAU. Si les deux cheptels n’avaient pas la même approche de la sélection, notamment en termes d’origines, ils ont en commun un niveau d’étable autour des 10 000 kg par vache et de bons systèmes mammaires. « Chez nos parents, des taureaux comme Chief Stan et Doorman ont marqué. Chez les voisins, on peut citer Norwood et Liway Sil. » Ils ont aussi repris une dizaine d’animaux de qualité à Daniel Bénard, de Guégon (56), ancien éleveur qui les accompagne toujours dans la préparation aux concours.   

Une souche travaillée depuis 1970

Les éleveurs ne cherchent pas de grands gabarits « mais des vaches sans problème, qui ne font pas de bruit ». Ils s’appuient sur leurs années d’expérience comme inséminateurs pour réaliser les accouplements « vache par vache ». Les deux frères sont sensibles à la qualité des membres pour des animaux adaptés aussi bien aux logettes qu’à la marche (28 ha accessibles), à la production, aux critères fonctionnels et à la conformation des mamelles. Les taureaux du moment s’appellent Chief Stan, Delta Lambda, Mooi P Rf, Rolex Val, Mitchell… « Nous visons une morphologie fonctionnelle avec l’objectif ultime d’obtenir des vaches à 100 000 kg. Nous aimerions vraiment faire vieillir les animaux. »

À peine installés, Yann et Cyrille Oliviero vont participer pour la première fois au prestigieux concours du Salon de l’agriculture. « Quand une vache est sélectionnée pour Paris, c’est un peu comme si elle était sur la liste des 100 meilleures Holstein françaises du moment. C’est une fierté et une reconnaissance du travail de sélection de notre famille. » De Grégam Okachief (Chief Stan x Snowden Br), leur porte-étendard sur le ring parisien, incarne en effet un héritage. Les Morbihannais racontent que leur grand-père, en 1970, a acheté une mère à taureau chez Gildas Ézanno à Hennebont (56). Génération après génération, leur père Xavier a, à son tour, travaillé cette souche jusqu’à ce que les descendantes représentent les trois quarts du troupeau (pointage moyen : 86,6 points avant la reprise).

Vache de ring et du quotidien

Déjà sortie au Space et au comice de Grand-Champ, Okachief a surtout brillé au Régional de Saint-Brieuc en 2022 : prix de section chez les 3e lactation et prix de Réserve championne adulte. Côté morphologie, Auriane Esvan qui prépare et présente les animaux de l’élevage pointe « la solidité et la jeunesse » de cette vache pointée Ex 91 (92 en mamelle, 93 en bassin, 91 en capacité laitière et 92 en membres). Mais Okachief est aussi une excellente vache du quotidien, soulignent ses propriétaires. « En 3e lactation, en 305 jours, elle a produit 11 500 kg de lait à 30 de TP et 43,4 de TB. Et elle retient toujours du premier coup en semence sexée. » Après un premier vêlage à 24 mois et un enchaînement de lactations courtes (293 à 326 jours) mais productives donc, elle a donné naissance, le 11 janvier, à son 4e veau à 4 ans 10 mois et 28 jours ! Même si elle compte déjà deux filles par Doorman et Solar Power et une petite-fille (Rollex Vally x Doorman), pour démultiplier ce profil de vache de qualité, « exceptionnellement », elle sera bientôt collectée.

Insémination et contrôle de gestation maison

Yann et Cyrille Oliviero inséminent eux-mêmes. La mise à la reproduction intervient dès 55 – 60 jours après vêlage. « Et nous allons bientôt investir dans un échographe pour optimiser le suivi. Objectif : détecter le plus tôt possible les vaches vides après IA pour gagner du temps sur leur remise à la reproduction. » Toutes les femelles sont génotypées. Les meilleures génisses et vaches sont inséminées en semences sexées (retours en semence conventionnelle). Les autres animaux sont croisés avec du Blanc Bleu ou du Limousin. Suite à la fusion des troupeaux, le Gaec qui compte actuellement 115 génisses va vendre de jeunes animaux (0 à 8 mois) et des femelles gestantes. « Pour maîtriser les coûts d’élevage, nous visons à l’avenir 90 génisses en tout. »

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