14719.hr - Illustration La Noire de Janzé rattrapée au vol
De taille moyenne, mais qui à l’œil paraît plus légère qu’en réalité du fait que la plume est excessivement serrée au corps, le coq pèse 2,5 kg et la poule 2 kg.

La Noire de Janzé rattrapée au vol

Cette poule doit son sauvetage à l’association « SOS volailles » constituée par une bande de copains.

La Noire de Janzé a bien failli disparaître. Cette vieille race de volaille était d’ailleurs considérée comme éteinte. « Disparue vers le milieu du XXe siècle », évoquent les rares écrits à son sujet. Quand… Quand, début des années 90, une bande de copains, regroupés autour de l’association ‘SOS volailles’, lance un appel aux bonnes volontés susceptibles de dénicher une basse-cour fossile qui pourrait héberger quelques derniers spécimens de la Noire de Janzé.

Opération de nuit pour attraper les poules

L’appel à témoin retentit à l’oreille de Jean Le Moigne, vétérinaire qui exerçait à l’époque à Janzé. Arpentant les routes de campagne depuis plus de 20 ans, ce praticien se souvenait de ces poules au plumage noir, de taille un peu en dessous de la moyenne, correspondant au descriptif.
En 1991, il signale avoir retrouvé des traces possibles de cette race locale. Dans une petite ferme reculée de Janzé, Francis Lunel, un vieil agriculteur, élève en effet à l’ancienne des volailles qui picorent dans la cour, grattent le tas de fumier et dorment dans les arbres. Étonné que l’on s’intéresse à ses poules qui « sont là depuis toujours », le ‘conservateur’ du patrimoine avicole qui s’ignore accepte que l’association prélève les sujets les plus proches du standard de la race. À une condition fixée par Francis Lunel : que les membres de ‘SOS volailles’ se débrouillent pour attraper eux-mêmes les volatiles.

Rendez-vous est fixé un soir de nuit profonde. Armés de lampes électriques, les plus téméraires se lancent à l’assaut des derniers représentants de la race. Escalade dans les arbres, maladresses nocturnes et égratignures ponctuent l’opération ‘Il faut sauver la Noire de Janzé’. Une franche partie de rigolade dont se souviennent Jean Le Moigne et Alain Larsonneur qui faisaient partie de l’expédition. Et c’est sous l’œil amusé du vieil agriculteur que 10 poules et deux coqs abandonnent leur liberté champêtre pour la nouvelle mission de sauvetage de la race.
Mais, la nuit, toutes les poules sont noires. Et il s’avère que les volailles attrapées ne correspondaient pas à la plume près au standard de la race. Avec les années, les volatiles, réputés bons reproducteurs, avaient dû subir quelques croisements. Les coqs, en particulier.
Henri de Carville, à l’époque spécialiste à la station de recherches avicoles de l’Inra à Tours, assurait toutefois qu’une sélection à partir de quelques sujets était encore possible. Outre ses conseils de chercheur, il offrit un coq Géline de Touraine, une race aux caractéristiques assez proches, sachant que le berceau de la Noire de Janzé pourrait se situer dans la région de Touraine.

Un port altier

Les croisements ultérieurs furent effectués en consanguinité par Jean-Claude Sage, éleveur-amateur à Coat-Méal, dans le Finistère. Objectif, approcher le plus possible le standard de cette poule au plumage noir profond et brillant, aux pattes courtes et bleu foncé, aux oreillons rouges. « Une volaille à la silhouette trapue, de forme élégante, bien proportionnée, avec un port altier et une allure vive », commentent les connaisseurs. La Noire de Janzé a en effet la réputation d’une race rustique, au caractère sauvage et vagabond qui prend facilement son envol. Un comportement à lier à la conformation spécifique du bréchet et à l’épaisseur des muscles de vol.
En novembre 1993, tous ces efforts de sélection ont bien failli être anéantis en quelques minutes quand des chiens errants pénétrèrent dans le poulailler de Jean-Claude Sage et tuèrent sept poules et deux coqs. Mais quelques individus furent épargnés et l’aventure put se poursuivre. Aujourd’hui, plusieurs élevages amateurs et l’Écomusée de la Bintinais élèvent de la Noire de Janzé dans leur basse-cour.

Une Noire avec un beau blanc

Réputée pour ses qualités gastronomiques, la Noire de Janzé donne un fort poids de blanc par rapport au poids total. La viande est d’une qualité remarquable, non filandreuse, de texture fine et homogène. « La succulence est poussée à l’extrême lorsque le poulet bénéficie d’une nourriture simple et d’un grand parcours d’exercice physique », affirment ses adeptes.

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