- Illustration Sur les pas de Marie
L’aile nord du château édifiée en 1657 est une copie de la façade du Parlement de Bretagne.

Sur les pas de Marie

L’association ‘Chez Marie’ s’est portée acquéreur du château au décès de Marie Berthier, tenancière du bistrot dans ces lieux pendant plus de 55 ans à la suite de ses parents, installés en 1924. Elle souhaite faire revivre ces murs.

Saviez-vous que réside une copie de la façade du Parlement de Bretagne, au sein du Lou-du-Lac, une des plus petites communes d’Ille-et-Vilaine avant sa fusion avec sa voisine La-Chapelle-du-Lou-du-Lac (35) ? Du moins en ce qui concerne l’aile nord du château, édifiée en 1657. Habité et animé par Marie Berthier et son célèbre bistrot resté « dans son jus », situé dans la pièce principale au rez-de-chaussée, ce lieu parle à nombre d’habitants du secteur et d’ailleurs…

Le café aura 100 ans en 2024

Forge, café/épicerie… La bâtisse a connu différentes activités. Après la Seconde Guerre mondiale, Marie Berthier a continué dans son château le commerce de ses parents, le seul sur la commune… jusqu’à ses 90 ans, devenant un lieu incontournable accueillant les habitués, les locaux, les curieux, les tout jeunes mariés pour les vins d’honneur et la traditionnelle photo sur l’escalier à double révolution… Malgré le décès de Marie en 2017, les souvenirs persistent grâce à l’association ‘Chez Marie’ qui souhaite faire revivre ces murs en relançant entre autres l’activité du bar.

Exceptionnel état de conservation

Menuiseries d’origine, planchers en terre, vitrages du XVIIIe siècle… Ces passionnés sont tous tombés amoureux de cette bâtisse du XVIIe siècle, « exceptionnelle par son état de conservation », insiste Philippe Bardel, gérant de la SCCI Marie du Lou – coopérative immobilière qui s’est portée acquéreur de la bâtisse et a été créée spécialement à cette fin en 2020 –. Cette Société coopérative civile immobilière compte déjà 450 sociétaires. « Les parts sont vendues 100 € pour être accessibles à tous et n’engagent en aucun cas les coopérateurs pour des participations financières ultérieures. Nous ne recherchons pas forcément des grosses participations mais souhaitons qu’elles soient nombreuses ! » L’objectif est d’être à terme une petite collectivité de 1 000 coopérateurs. La structure veut « restaurer le château – et non pas le rénover – pour le transmettre aux générations futures. » Elle mise sur cette préservation archéologique pour créer un fonds de dotation et recueillir des dons et le soutien des collectivités pour la restauration qui suivra l’achat, chiffrée à ce jour à environ
1 million d’euros.

Des vaches châtelaines

La bâtisse a été construite dans la continuité d’un manoir édifié en 1571 ; cette partie ancienne a disparu en 1877. Elle était à ce moment-là peu habitée malgré une succession de propriétaires, d’où la conservation originale du bâti. Le château et la terrasse cernée de douves ont été vendus aux parents de Marie Berthier en 1924 ; son père assurera le métier de maréchal-ferrant jusqu’en 1945. En plus du bistrot et de l’épicerie, tenus par la mère de Marie jusqu’en 1958 dans la grande salle, les caves serviront aussi de stabulation à cinq vaches et une chèvre, au rez-de-chaussée, dans les anciennes cuisines, près d’une cheminée magistrale. Marie Berthier poursuivra les métiers d’agricultrice, de tenancière de bar et d’épicerie comme sa mère avant elle. Après 2000, l’occupante des lieux arrêtera peu à peu les diverses activités, sauf le bistrot.

Lieu de villégiature

Le château a été aussi auberge de jeunesse à la mise en place des congés payés en 1936, accueil de courte durée mais original car seuls deux châteaux privés en France s’adonnent à cet exercice qui s’arrêtera, par la force des choses, en 1940. Après la seconde Guerre mondiale, pendant une vingtaine d’années, des vacanciers loueront de nouveau des chambres l’été, et les toiles de tentes viendront s’installer elles aussi aux beaux jours tout près du château, laissant de grands souvenirs à ces touristes acceptant pour un laps de temps le confort réduit que leur offrait le Lou-du-Lac. Il ne reste que peu d’écrits, mais ce site naturel était favorable aux rencontres, aux vacances, avec des activités de pêche, de marche, de divertissement… « C’est un lieu de mémoire pour nombre d’adhérents locaux, régionaux et internationaux ! » 

« Une alchimie particulière »

« Ancienne place publique du village », lieu de convivialité, d’échanges et de débats, l’association ‘Chez Marie’ souhaite conserver intact l’état d’esprit et « l’alchimie particulière » de cet endroit. Suspendues par la succession en cours avec la petite trentaine d’héritiers de Marie, les idées foisonnent pour les adhérents de l’association : chantiers participatifs de débroussaillage, spectacles en extérieur, visites guidées pour les Journées du patrimoine sont déjà possibles, en attendant de pouvoir enfin signer l’acte de vente et rouvrir le bistrot où Brutus, le chien de Marie Berthier accueille toujours les visiteurs. Ensuite, l’organisation d’évènements (expositions, résidence d’artistes, concerts…) permettra de maintenir la dynamique et la mémoire du lieu et de le faire connaître.

Pour en savoir + : https://chezmariedulou.fr/


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