- Illustration Se préparer à l’arrêt de l’activité laitière
Alain Quéau est prudent en ce qui concerne le maïs, souhaitant maintenir un rendement à 15-16t MS/ ha : « Pour moi, un maïs doit être propre pour assurer le rendement ! Quand les silos sont pleins, on est plus tranquille. »

Se préparer à l’arrêt de l’activité laitière

À 3 ans de la retraite, Alain Queau s’est engagé dans un groupe Dephy, pour entre autres repenser son assolement.

« L’échange est le mot qui résume l’intérêt d’un groupe culture et a fortiori un groupe Ecophyto », introduit Alain Quéau, associé à sa femme Anne-Marie sur le Gaec Queau Rohou à Édern (29). À 3 ans de la retraite, il prépare la transmission de son outil de travail à son fils Benoît, salarié sur l’exploitation depuis 2 ans.

Trouver un écho favorable en groupe

Alors, ce groupe devrait lui permettre de répondre à toutes les questions qu’il se pose. Et le partage d’expérience lui présenter des opportunités. Ses objectifs sont multiples : « Profiter de la dynamique de groupe, recueillir de nouvelles idées, réfléchir à de nouvelles cultures, baisser l’IFT de l’exploitation et donner envie à mon fils d’entrer dans ce groupe… » Si Benoît doit rejoindre la structure en tant qu’associé dans quelques mois, l’idée est bien de se préparer à l’arrêt de la production laitière au départ en retraite de ses parents dans 3 ans : « Que faire des 88 ha de prairies ? Quelles cultures permettront une marge brute correcte : du tournesol, de la silphie, de la féverole, du lupin ? Et avec quelles contraintes rotationnelles ? »

« J’ai appris à aller observer mes cultures »

À l’annonce de la séparation du conseil de la vente des produits phytosanitaires, il s’est inquiété de savoir comment faire seul. Il souhaitait être rassuré, ce que lui a apporté le groupe culture. « J’ai aussi mis en place des essais variétaux sur mes parcelles, l’occasion de se réapproprier, à l’aide du conseiller, le B.A.-Ba en agronomie : reconnaître les stades, les adventices, les maladies. Et avec plus de connaissances, et des outils d’aide à la décision comme le Bulletin de santé du végétal (voir la rubrique BSV en page 8) que j’ai découvert en formation, on est sollicité pour aller observer davantage ses parcelles. Cela permet d’avoir plus de réactivité, de réduire le nombre de passages ou les doses. Et ce, dès la première année ! » Aussi, certaines pratiques devenues systématiques ont été révisées : pas de régulateur et passage de 2 à 1 fongicide sur céréales en 2022. En maïs, par contre, Alain Quéau est plus prudent, souhaitant maintenir un rendement à 15-16 t MS / ha. « Pour moi, un maïs doit être propre pour assurer le rendement ! Quand les silos sont pleins, on est plus tranquille. Les démonstrations de désherbage mécanique cette année ne m’ont pas convaincu… » Mais rien n’est ancré dans le marbre. Grâce à la dynamique du collectif, les règles de décisions évoluent dans le temps. Les freins psychologiques aussi. C’est tout l’intérêt du groupe : « Avec la sole totale du groupe en maïs, la réflexion porte sur 500 ha de maïs au lieu de 60 ha uniquement chez moi. Le but n’est pas de tout changer du jour au lendemain. La baisse de l’IFT se fera dans la durée, sur 5-6 ans. »

Repenser la rotation en groupe

Il sera proposé au groupe une séquence de reconception du système de cultures du Gaec Quéau-Rohou : la rotation sera mise à plat, selon les objectifs des éleveurs et les contraintes de l’exploitation. Le groupe devra alors trouver la proposition d’assolement la plus efficace au niveau économique et technique.

Développer l’autonomie de décision

« Ce qui m’a plu dans ces premières réunions, c’est le fait de ne pas être jugé. La comparaison de nos résultats technico-économiques annuels est importante : c’est un constat qui nous amène à réfléchir sur nos pratiques et comment changer nos habitudes », témoigne Alain Queau. Car dans les groupes Dephy, rien n’est imposé. Chaque agriculteur profite des expériences des autres, pour développer à son rythme son autonomie de décision.

Une remise en question de ses pratiques

Je noterai l’importance de quatre points dans la vie du groupe. Le premier porte sur les valeurs du groupe, où bienveillance, bon esprit, sens de l’écoute et confidentialité sont de mise, sans jugement, pour avoir le plaisir de se retrouver à échanger. Le second concerne la diversité du groupe, la base de sa richesse : c’est cette diversité d’expérience qui permet d’aller chercher la meilleure solution pour tout questionnement. Le troisième point traite du bilan de campagne, un moment fort. Chez chaque adhérent du groupe, on revient avec l’animateur sur les objectifs fixés et ce qui a été fait. C’est un moment où on peut aussi se questionner sur les règles de décision : faut-il les faire évoluer pour qu’elles soient efficaces et en cohérence avec les objectifs de l’éleveur ? Enfin, l’avancement n’est permis que par la remise en question de chaque agriculteur sur ses pratiques. Olivier Laborde-Debat, animateur réseau Déphy, Crab


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article