Gain de croissance grâce au robot

Pionniers sur cette technologie en production de viande bovine, Sylvie Beauvais et Jean-Luc Bérard ont parié sur un automate pour s’affranchir de la charge de travail liée à l’alimentation de leur 360 bovins. « Le robot est un ouvrier qui bosse la nuit, le samedi, le dimanche et les jours fériés… Il est parfois malade, mais jamais très longtemps », plaisante Jean-Luc Bérard. À Noyen-sur-Sarthe (72), celui-ci conduit avec son épouse Sylvie Beauvais une exploitation comptant 140 mères limousines et la suite, 4 poulaillers et des vergers. Pas vraiment le temps de chômer. En 2016, ils ont été parmi les premiers Français en production de viande bovine à s’équiper d’un automate pour gérer l’alimentation. « Nous faisions alors le constat d’une baisse des performances sur l’atelier. En taurillons, le GMQ était tombé de 1 400 à 1 200 g. » Pourquoi ? Depuis deux ans, les éleveurs étaient à la recherche de main-d’œuvre qualifiée. « Trouver quelqu’un de rigoureux, respectant les quantités et le temps de mélange au moment de préparer les rations s’avérait très difficile », regrette Jean-Luc Bérard. Moins de travail, moins de gaspillage « Notre Lely Vector est un outil précis, qui dégage du temps, enlève de la contrainte horaire et réduit la pénibilité. Plus besoin par exemple de repousser la ration à la fourche dans la journée », apprécie Sylvie Beauvais. Cet investissement a ainsi permis un transfert de main-d’œuvre de l’atelier bovin vers l’atelier volaille, « production à plus-value », qui basculait au même moment de l’élevage chair (poulet, dinde, chapon) au canard en prégavage. Le passage des vergers en bio en 2018 a également réclamé davantage de travail pour l’entretien et le désherbage. Avec l’arrivée du robot, le GMQ est remonté à 1 450 g en JB. Animalier dans l’âme, pointilleux et passionné, Jean-Luc Bérard a dû admettre que l’automate obtenait des résultats un peu meilleurs que lui. « C’est un peu vexant au départ, mais avec du recul, c’est rassurant », sourit-il. « En apportant une nourriture fraîche en trois à six distributions par jour selon les lots et en passant repousser toutes les 1 h 30, le robot stimule la consommation en faveur de bonnes croissances. » Avec l’avantage de limiter le gaspillage, explique le Sarthois. « Nos vaches sont habituées à manger de la qualité. Mais le système permet aussi de faire avaler des matières premières de moindre valeur nutritionnelle que les animaux auraient triées auparavant. Tout est mangé, il n’y a pratiquement aucun refus. » Ainsi, les meilleurs foins sont conservés pour les râteliers en prairie à la belle saison. Les moins bons ou plus poussiéreux sont incorporés à hauteur de 10 % dans le mélange quand les animaux sont en bâtiment. Premiers vêlages plus précoces Le cheptel est désormais mené en petits lots plus homogènes avec alimentation à la carte. À l’époque de la mélangeuse tractée, deux mélanges étaient préparés par jour (l’un aux taurillons, l’autre aux vaches et génisses). Aujourd’hui, l’automate prépare huit régimes différents : croissance ou finition pour les JB, début ou fin d’engraissement pour les vaches, post-sevrage et mise à la reproduction pour les génisses… L’âge moyen au premier vêlage a baissé de 32 - 33 mois en 2016 à 29 - 30 mois. « Les génisses atteignent plus tôt les 460 kg vif de la mise à la reproduction. » Cependant, il a fallu adapter le hachage des fourrages au robot. « Ces systèmes ont été conçus pour des rations vaches laitières riches en ensilages brins courts. En viande bovine, nous travaillons des fibres longues. Nous sommes aussi repartis d’une page blanche pour ajuster les quantités de céréales et de correcteurs », se rappelle Sylvie Beauvais. « Malgré des fourrages moyens, les vaches sont sorties trop grasses des deux premiers hivers. » Désormais, les enrubannés (herbe, trèfle) par exemple sont systématiquement réalisés par ETA avec un round-baller à 23 couteaux. Docilité conservée Le robot a clairement permis de dégager du temps au profit des poulaillers et des vergers. « Mais nous n’avons pas délaissé nos bovins pour autant. Au lieu d’aller les voir avec une pelle pour repousser la ration, nous passons dans les cases les mains dans les poches et nous leur parlons. La docilité de notre cheptel ne s’est pas dégradée, une qualité indispensable pour le transport en bétaillère ou les changements de paddock », terminent les associés.

Gain de croissance grâce au robot

EARL Bérard Beauvais, à Noyen-sur-Sarthe (72)

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