- Illustration Vers une pénurie de viande bovine : Où s’arrêtera la décapitalisation ?
En Bretagne, la décapitalisation bovine se poursuit fortement sur 2022.

Vers une pénurie de viande bovine : Où s’arrêtera la décapitalisation ?

Au vu de la baisse continue du nombre de vaches allaitantes comme laitières, l’offre de viande bovine française et bretonne se réduit, s’orientant vers une pénurie structurelle.

En Bretagne, la décapitalisation bovine se poursuit fortement sur 2022. « Le nombre de vaches allaitantes est passé de 107 090 en 2020 à 98 020 cette année, soit une chute de 8,4 % en 2 ans. S’agissant des vaches laitières, le cheptel est passé sur la même période de 752 220 à 719 680, soit une perte de 4,3 % des effectifs », a chiffré Arnaud Haye, chargé de mission économie-emploi à la Chambre d’agriculture lors d’une journée technique bovin viande organisée par Rés’Agri Pays du Roi Morvan le 6 septembre.

Pour le moment, la production de viande bovine régionale ne baisse que légèrement, mais on peut s’attendre à une chute plus marquée dans les années à venir. Au niveau français, la production de gros bovins a chuté de 3,5 % sur 1 an mais la décapitalisation est encore plus accentuée. « Il y avait 7,81 millions de vaches laitières et allaitantes en 2016, leur nombre a chuté de 8,3 % en 5 ans. » Et la décroissance se poursuit sur 2022.
Dans l’Union européenne, la production bovine baisse globalement mais des différences se creusent entre pays. Entre 2021 et 2022, des pays de l’Ouest comme l’Allemagne sont en très forte chute de production (-7 % sur un an), la Pologne stagne alors que l’Espagne, l’Italie et la Grèce sont en hausse.

Les vaches laitières portées par le haché

« Le manque d’offre explique les très bons prix actuels », résume Arnaud Haye. Entre 5,20 et 5,80 €/kg de carcasse pour une vache de race à viande, 4,80 €/kg pour une réforme laitière P, 5,20 € en jeune bovin U… Du fait de la forte demande de haché ‘origine France’, les cotations se resserrent entre les femelles à viande et laitière en ce moment. « La viande hachée et transformée représentait 41 % de la consommation française en 2010 contre plus de 60 % aujourd’hui. Le développement de la restauration hors domicile et notamment la restauration rapide est une explication. »

Autant d’évolutions qui font dire à Arnaud Haye que « nous allons vers une pénurie d’offre structurelle. » D’autant plus que les élevages allaitants s’étant spécialisés, leur reprise n’est pas simple avec des retours sur investissement qui prennent du temps. Les industriels en sont conscients comme le souligne l’état des lieux dressé en lien avec différents acteurs de la filière dans le cadre de l’étude prospective ‘Agriculture bretonne 2040’ menée par la Chambre d’agriculture.

Mais les abatteurs affichent une autre préoccupation, celle de la main-d’œuvre dans leur secteur « qui pourrait être le 1er facteur limitant avant même la disponibilité en animaux. » Ils rencontrent des difficultés de recrutement dans tous les métiers : maintenance, acheteurs, abattoirs, chauffeurs. « Et la transformation de la viande est assez peu automatisable. »

Moins d’exportations françaises

Face à la régression de la production française, les marchés export sont pressentis en baisse à l’avenir. « Nous allons vers du ‘moins mais mieux’. Les circuits de proximité seront favorisés », prévoient certains scénarios de l’étude. En cas de manque de bovins, certains acteurs voient comme possibilité le développement d’une forme d’intégration aux groupes de l’aval avec des salariés faisant tourner les élevages… Dans tous les cas, la question de la réaction du marché face à des prix élevés se pose. « L’avenir de la production dépendra de l’évolution de la demande du consommateur et sa volonté et aptitude à payer plus cher des produits de qualité et locaux. » Depuis 2019, la consommation française de viande bovine a chuté de près de 5 %.

Des accords d’importation à surveiller

Les importations de viande bovine sur le marché de l’Union européenne représentent plus de 200 000 t/an, soit environ 5 % de la production. « Les droits de douane s’établissant à 20 % environ sur les produits animaux protègent globalement nos marchés qui sont déconnectés des cours mondiaux. La plupart des importations se font via des contingents. Mais en juin dernier, des accords globaux avec la Nouvelle-Zélande ont autorisé l’importation d’un volume de 10 000 t de viande bovine. Et d’autres accords sont à surveiller, avec l’Australie notamment, un gros producteur », note Arnaud Haye.

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