Et si bien-être animal rimait avec bien-être de l’éleveur ?

11154.hr - Illustration Et si bien-être animal rimait avec bien-être de l’éleveur ?
« Élever des porcs sur paille et leur donner accès à l’extérieur nous demande plus de travail, mais c’est une satisfaction personnelle de savoir que les animaux sont bien dans leur vie. Plus on avance dans ce sens, plus on est convaincu de notre démarche ».
À Saint-Servant (56), Louise Bécu et Frédéric Rouault ont placé le bien-être animal au cœur de leur démarche d’éleveurs. La création récente d’une maternité sur paille sans contention les conforte dans ce choix. 

« On considère nos truies comme étant apprivoisées. Ça veut dire qu’elles nous connaissent et n’ont pas peur de nous. Quand on intervient lors d’une mise bas, d’une vaccination ou d’un soin pour blessure, l’animal est en confiance. C’est en passant du temps avec lui qu’on finit par connaître ses réactions, il prévient toujours avant d’être agressif. Une truie apprivoisée, c’est bon pour la sécurité ! ». Tout en surveillant des porcelets sortant du nid pour une nouvelle tétée, Frédéric et Louise racontent comment et pourquoi ils ont choisi de faire rimer élevage porcin avec bien-être animal. Mais qu’entendent-ils exactement par cette formule ? « Nos cochons bénéficient d’un certain confort à commencer par disposer de paille pour s’allonger. Ils peuvent séparer la zone de couchage avec celle des besoins, ont un accès permanent à l’eau, sortent régulièrement en journée, courent, fouissent, sont libres de leurs mouvements. En résumé, ils ont des conditions de vie conformes à leurs besoins ».

[caption id=”attachment_63028″ align=”aligncenter” width=”720″]11155.hr Frédéric et Louise dans le parc gestantes. Leur bâtiment d’élevage est en accès direct avec une parcelle de 2 ha séparée en parcs et ceinte d’une double clôture. Tous les animaux sont rentrés le soir.[/caption]

Cartes en main

Un choix mûrement réfléchi qui s’appuie sur une double expérience. Avant qu’ils ne s’installent à Saint-Servant, Louise était conseillère en élevage laitier, Frédéric, lui, travaillait dans une maternité conventionnelle : « J’ai pris conscience que la logique basée sur les volumes ne me convenait pas. Avec Louise, on a voulu créer un élevage permettant de valoriser notre travail jusqu’au bout parce que, même si le bio est rémunérateur, en transformant on maîtrise mieux sa rentabilité ».  
C’est en 2015 qu’ils décident de louer une ferme porcine à l’arrêt depuis deux ans. Ils empruntent pour aménager un labo et acheter remorque et camion destinés à faire les marchés. Frédéric vient d’achever une  formation en valorisation de produits agricoles option viande. Le couple a toutes les cartes en main et y croit.
Leur idée de départ est simple : acheter des laitons, les engraisser, puis les transformer et vendre l’intégralité en direct. Quant à l’alimentation des porcs : « Pas de cultures céréalières, on a ni les terres, ni le temps, ni les compétences pour en faire… On se fournit en orge, triticale, féveroles et pois auprès de producteurs locaux et pour les compléments minéraux et le colza, on travaille avec des partenaires de l’alimentation animale ».  

Pas de contention

En 2020, cinq ans après leur installation, Frédéric et Louise franchissent un nouveau pas : non seulement ils achètent la ferme, mais ils créent leur propre maternité et deviennent naisseurs engraisseurs, revendant les 2/3 de leurs porcs charcutiers à un groupement. « Pour pouvoir se convertir au bio, on n’avait pas vraiment le choix. De 15 € par porcelet on serait passé à 90 €. Notre coût de production aurait explosé ! ». Et puis Frédéric aime le métier de naisseur… Ses truies ne s’en plaindront pas : « Au départ, pour éviter les risques d’écrasement, j’ai d’office installé des cages dans les box… Elles n’ont jamais servi, je les ai toutes démontées. En maternité, la phase cruciale, ce sont les 30 premières heures de vie du porcelet. Il faut être présent, voilà tout. Au final, on n’a pas plus de mortalité que dans un élevage classique ».

Pierre-Yves Jouyaux

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Partir de l’animal et de ses besoins

Formateur de zootechnie au CFA de Caulnes, Raphaël Vermeil de Conchard propose à ses étudiants de BTS PA et ACSE* huit heures de cours consacrées au bien-être animal et à l’image renvoyée par l’élevage dans la société. « Nous abordons la thématique de manière transversale (tout type d’élevage) en nous basant sur les représentations des étudiants. L’objectif est double : anticiper l’évolution des normes dans ce domaine et définir la notion de bien-être en se référant d’abord à l’animal. Autrement dit : identifier au mieux ses besoins pour être en mesure d’y répondre de façon pertinente. En élevage porcin, c’est avec les truies qu’il y a le plus d’interactions. Mieux vaut chercher à les domestiquer en passant du temps avec elles plutôt que de les brusquer. On leur montre ainsi que l’homme n’est pas seulement un individu qui les manipule ou les change d’endroit. Si l’animal se sent en confiance avec l’éleveur, il fait plus facilement ce qu’on attend de lui, sans contrainte. Contraindre, ce n’est bon pour personne. Pousser une truie de 300 kg est loin d’être anodin physiquement pour l’éleveur… Nous travaillons aussi sur les perceptions de l’animal. Par exemple, les porcs n’aiment pas les contrastes. C’est pourquoi il est bon de réfléchir aux circuits de déplacement pour éviter les variations brutales de lumière qui perturbent les animaux quand on les change d’atelier… ».

*BTS Production animale – Analyse conduite et stratégie d’entreprise 


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