11587.hr - Illustration D’un troupeau à type à un troupeau robot-compatible
Les associés du Gaec du Vieux Manoir, Patrick Barbot, Flora et David Perrot, Sébastien et Emmanuel Turban, encadrés par Julien Gardan et Guillaume Moisan, de la société Bovec.

D’un troupeau à type à un troupeau robot-compatible

Les associés du Gaec du Vieux Manoir ont changé leur stratégie de sélection pour mieux répondre aux exigences de la traite robotisée et simplifier le travail dans la conduite d’un troupeau de 200 vaches.

« Avec la crise de 2009, nous avons compris que nous avions besoin de vaches plus ‘économiques’. Nous devions aussi adapter nos animaux qui, à l’avenir, allaient moins sortir suite à l’agrandissement par fusion de troupeaux et au développement de la traite robotisée… », se rappellent les 5 associés du Gaec du Vieux Manoir à Pommerit-le-Vicomte. Passionnés de belles vaches comme son père Jean-François (aujourd’hui retraité), Emmanuel Turban avoue qu’à l’époque, à l’heure des accouplements, l’objectif était de « viser la note de pointage la plus haute possible et pas forcément le lait le mieux payé ». Peu à peu, les éleveurs ont fait évoluer leurs choix en mettant l’accent sur la qualité des membres, le critère cellules et la matière utile.

6 taureaux dans la bonbonne

En 2015, un voyage organisé en Italie a été un second déclic. « Dans les élevages, j’ai été frappé par la 2e génération de vaches dites ‘GMS’, c’est-à-dire accouplées grâce au programme de Bovec. Elles rentraient toutes dans le moule fixé par les éleveurs : moins grandes que nos vaches type concours, productives, adaptées aux bâtiments logettes… », se rappelle l’un des éleveurs qui, à son retour, a décidé de suivre ce chemin.
« Aujourd’hui, nous n’avons plus que 6 taureaux dans la bonbonne », reprend Flora Perrot, l’associée qui gère inséminations et échographies. « En faisant confiance au système informatique d’accouplement, le cheptel est homogénéisé. On se rapproche du monde porcin avec un schéma génétique tout tracé. C’est un gain de temps. » Désormais, un même taureau compte de 10 % à 25 % de filles dans le troupeau. 60 % des IA sur génisses sont réalisées en semence sexée. Les primipares sont accouplées avec de la génétique Prim’Holstein alors que, depuis début 2021, les multipares sont destinées au croisement industriel. « Après des essais en Blanc Bleu, nous avons opté pour l’Inra 95. » Objectif final : faire naître 80 génisses pour le renouvellement pour avoir un peu de marge, pas plus. « Cette stratégie s’appuie sur l’idée que les animaux jeunes sont davantage dans le moule du type de vaches que nous recherchons. Avec du recul, on se rend compte que l’ordinateur travaille mieux que nous pour atteindre les objectifs de sélection… », note Emmanuel Turban.

Les primipares vêlent jeunes et démarrent fort

Son associé David Perrot termine en décrivant les nouvelles vaches : « La taille a baissé. Elles sont plus larges dans l’avant-main, c’est très important. » La qualité des membres s’est aussi améliorée, « c’est déterminant en traite robotisée ». « Quand les primipares vêlent, nous notons qu’il y a moins de travail sur les pieds. Nous faisons un parage de moins par an sur les jeunes. »

« Au robot, chaque seconde compte »

« Depuis des décennies, le système GMS a servi à accoupler des millions de vaches dans le monde », explique Julien Gardan, chez Bovec. Il s’appuie sur le « codage », la notation par un technicien de chaque femelle sur 17 postes phénotypiques intégrant aussi une note de production. Ensuite, dans le programme, il existe cinq modèles : en gros, de la vache pâturante à la grande vache à concours. « Au Gaec, nous visons un modèle robot adapté à un management intensif. Plus les animaux se rapprochent de ce standard, moins il y a d’accidents de parcours », explique le conseiller. « Pour résumer, c’est un type de vache fonctionnelle et productive éprouvé dans les grands troupeaux italiens, anglais et américains. Elle est un peu plus petite, moins anguleuse, plus large, plus puissante et un peu plus ronde dans les côtes à la recherche de stabilité sur les bétons et de capacité d’ingestion », reprend son collègue Guillaume Moisan. L’accent est également mis sur la qualité des pis. « En traite automatisée, il faut une mamelle bien conformée, des trayons bien implantés, pour un branchage optimisé. » La vitesse de traite est aussi surveillée. « Au robot, chaque seconde compte. Sans aller dans les extrêmes, on cherche des animaux rapides à donner leur volume de lait. Il faut éviter ceux passant plus de 10 minutes dans la stalle par passage, entre la préparation et la traite, pour ne pas perturber la fluidité du trafic. »


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