10364.hr - Illustration Il se sent mieux dans ses bottes
Jérémy Jaffrelot a témoigné lors d’une journée organisée par la MSA, Résagri, Solidarité Paysans et la Chambre d’agriculture, mardi dernier à Baud.

Il se sent mieux dans ses bottes

Pour Jérémy Jaffrelot, l’installation n’a pas été une sinécure. Le changement de système
de production a fragilisé l’exploitation. Après des années de difficultés, l’horizon s’éclaircit.

Jérémy Jaffrelot s’est installé en production laitière sur la commune de Molac, avec un tiers, à proximité de la ferme de ses parents. Peu de temps après, il se retrouve seul, suite au départ de son associé. La fusion avec
l’exploitation familiale ne traîne pas. « Nous avons regroupé les deux troupeaux ; plus d’une centaine de vaches dans un bâtiment d’une soixantaine de places.
Pendant quelques années, nous avons passé 6 heures par jour à la traite ». En 2016, les associés décident de construire un bâtiment, de robotiser la traite et d’augmenter le nombre de vaches pour rentabiliser l’affaire. Le prévisionnel, « un peu forcé pour être accepté par la banque », permet d’envisager l’avenir avec sérénité. Las, le prix du lait (crise conjoncturelle) n’atteint pas celui fixé dans l’étude économique. Les vaches peinent à produire les 1 300 000 attendus. L’adaptation à un nouveau système de production qui les confine à l’intérieur (pâturage auparavant) est compliquée. Le remboursement des annuités débute, le coût alimentaire gonfle, l’ouverture de crédit est au taquet. « Il a fallu commencer à faire des choix dans les factures à payer ».

Plan de redressement

Face aux difficultés financières qui s’accentuent, les associés décident de faire appel à la Chambre d’agriculture pour réaliser un diagnostic. Un tour de table, avec l’ensemble des créanciers, est organisé. Suite à la conciliation, l’échéancier de remboursement de la dette est prolongé, après une période d’observation de plus d’un an. « C’était un crève-cœur de tout arrêter, d’autant plus que j’étais persuadé que cela pouvait fonctionner ». Depuis, le plan de redressement est respecté et les associés réussissent à se rémunérer. « Ce plan nous a donné un second souffle, une seconde chance. La trésorerie augmente ; l’atelier dégage de la marge ». Les associés ont travaillé pour s’en sortir : « Nous avons réouvert la salle de traite, en 2018, pour les vaches en fin de lactation car les deux robots étaient saturés ».

Difficultés sous-estimées

Un troisième robot, autofinancé, vient d’être installé pour soulager la charge de travail. « La production augmente régulièrement grâce au niveau génétique des animaux et à la qualité des fourrages récoltés », indique l’éleveur résolument optimiste. Avec un peu de recul, et désormais à l’aise dans ses bottes, Jérémy Jaffrelot avoue avoir sous-estimé les difficultés de la phase de transition lors du passage au nouveau système de production, « tous mes conseillers également, à cette période où la charge financière s’accroît et la production baisse ». Il ne regrette pas le choix des robots. « Nous avions hésité à robotiser la traite, mais ma mère souffrait de TMS (troubles musculo-squelettiques) aux épaules et aux mains ». De nouveaux écueils s’annoncent pourtant. « Mon père partira prochainement en retraite ; ma mère, dans 6 ans ». L’embauche d’un salarié à mi-temps est envisagée, le père prolongera un peu sa carrière. Le temps, comme souvent, d’assurer les arrières d’un fils récemment installé.


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