La passion du labour transmise de père en fils

Vincent Fanouillère revient sur son parcours de concours de labour après sa dernière épreuve, ayant atteint la limite d’âge selon les règlements actuels des Jeunes Agriculteurs. Il y aura participé jusqu’au bout. Et encore, il a même eu le droit à une année de rab, une année dérogatoire pour compenser l’absence de concours de labour en 2020, cause Covid-19… Âgé de 36 ans, Vincent Fanouillère atteint à son grand regret la limite d’âge autorisée par les règlements. Alors, pour ses dernières participations, cette année, il avait en ligne de mire le concours départemental à Châteaugiron, le concours régional à Mayenne (53) et pourquoi pas le national à Terres de Jim. Il a fini 2e au départemental et au régional. Finalement, c’est donc en spectateur qu’il a participé au National, venu soutenir ses collègues qui ont représenté les couleurs de la Bretagne à Corbières (04) concourant pour ce sacre ô combien recherché… Car une fois gagné, ce titre ne peut pas être remis en jeu. Son credo, le labour en planches Ce passionné de machinisme, gérant d’une entreprise de travaux publics, aime retrouver le calme de la nature dans ses champs en juillet pour s’exercer sur ses bandes de labour, tout en veillant à être bien rectiligne dès l’ouverture, scrutant ses bandes de labour bien droites dans son rectangle attribué. Car son credo, c’est le labour en planches. Un choix défini il y a bien longtemps : « C’est le labour que l’on pratiquait avec mon père sur l’exploitation familiale ». Dès son jeune âge, il baignait déjà dans cette ambiance, avec son père, grand fan lui aussi de ces défis cantonaux, régionaux, nationaux et internationaux. Un chemin qui a mené son père jusqu’en Autriche au Championnat du monde. Alors autant dire que dans la famille, on ne plaisante pas avec ce hobby. La barre est haute. Et l’exigence aussi dans cet art où la concentration est de rigueur pour labourer ces 2 000 m2, le tout en 2 heures et 10 minutes. Top chrono. « C’est le seul concours référent à la partie culture. J’aime y retrouver ce plaisir du travail bien fait. Le labour, c’est le côté perfectionniste du métier », explique cet amoureux de la terre. Une passion qui va l’amener à reprendre l’exploitation familiale dans quelques mois pour y créer une ferme pédagogique. « Dommage que les concours ne sont pas permis jusqu’à 40 ans, comme pour l’installation… Il y aurait peut-être plus de participants », argumente-t-il. À commencer par lui ! Premier concours à 11 ans « J'ai participé à mon premier concours cantonal à 11 ans, au comice de Saint-Jouan-des-Guérêts ». Chaque année, ensuite, il répondait présent, tout en attendant d’avoir 16 ans pour participer au départemental. « J’y suis allé avec le tracteur de l’oncle de mon père. Pas trop gros, adapté à ces travaux. » Et c’est avec le même tracteur qu’il s’est présenté cette année au régional. Tel un talisman ou une superstition ? Un clin d’œil ? Une manière en tout cas de fermer la boucle sur une expérience d’apprentissage acquise au cours du temps où la technologie ne fait pas tout… Jusqu’à ses 20 ans, rien n’aurait pu l’empêcher de rater une épreuve, âge où la vie professionnelle le dirige vers les travaux publics. Mais depuis 6 ans, son retour dans l’agriculture lui a permis de renouer avec ce loisir. Avec le temps, « on est bien meilleur que lorsqu’on est jeune », avoue-t-il. Avant d’illustrer ses propos : « On gère mieux le stress, on maîtrise ses outils, on s’adapte plus facilement pour les réglages à apporter selon le type de sol… » Tout l’avantage d’être passé de la fleur de l’âge dans la force de l’âge ! « Je commençais tout juste à me débrouiller ; dommage qu’il faille s’arrêter », lance-t-il. Un prototype de charrue « L’année où j’ai repris les concours en planches, j’ai commencé à modifier ma charrue réversible Kverneland. Elle a été découpée en deux, se limitant à 2 socs, avec des rajouts de masses de lestage et des distributeurs hydrauliques », pour qu’elle s’articule de partout ! Tous les hivers, à ses heures perdues, il y travaille avec des amis, pour affiner son prototype. Des améliorations annuelles sur l’outil qu’il faut tester trois semaines avant les premiers concours. « Ce n’est pas suffisant. D’autres plus acharnés en font plus régulièrement. Chez certains, la charrue reste attelée toute l’année. C’est un investissement en temps et en argent. Pendant qu’on fait ça, on ne fait pas autre chose… », se raisonne le père de 5 jeunes enfants et gérant d’une entreprise de 7 salariés. Alors pour lui, c’est finalement la raison qui l’emporte, et la durée de l’entraînement s’arrête là.

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