6194.hr - Illustration Des euros pour stocker le carbone dans le sol
Les sols agricoles ont un potentiel de séquestration du carbone grâce à la photosynthèse. Une des solutions pour enrayer le changement climatique.

Des euros pour stocker le carbone dans le sol

Cette fois, c’est du concret. Un programme européen vise à soutenir financièrement les efforts des agriculteurs pour stocker du carbone dans le sol. Un nouveau marché s’ouvre.

La rémunération du carbone devient une réalité à l’échelle de la ferme. Il est désormais possible de se faire payer pour service rendu à la collectivité. « C’est mesurable et quantifiable », assure Chuck de Liedekerke, directeur du programme Soil Capital. « Beaucoup d’agriculteurs hésitent à s’orienter vers l’agriculture de conservation, plus respectueuse de l’environnement et moins émettrice de gaz à effet de serre. Il manquait une incitation financière ». C’est fait, selon ses concepteurs. « Il faut encourager ceux qui ont déjà de bonnes pratiques et ceux qui veulent progresser, en instaurant un marché solide, crédible et pratique ».

Seulement trois heures par an pour une exploitation ; le temps de collecter les données. Ensuite, des experts agronomes évaluent la transition effectuée par l’agriculteur demandeur (baisse des intrants et du travail du sol, augmentation de la photosynthèse (couverts), de la biodiversité…) et calculent l’impact sur le stockage de carbone. Un audit est réalisé par un organisme certificateur dans la durée. Enfin, une entreprise s’engage à financer l’évolution des pratiques. « Un brasseur, par exemple, peut ainsi vendre une bière vertueuse ». Un peu plus cher pour rentrer dans ses frais. À condition que le consommateur, informé de la démarche, joue le jeu… « L’offre est encore peu élevée ; elles n’auront aucun souci à s’y retrouver économiquement, d’autant plus que la problématique du climat va s’accentuer ».

27,50 €/tonne de carbone

L’agriculteur percevra, au minimum, 27,50 € de la tonne stockée, chaque année. « Avec l’augmentation de la demande, ces prix seront réévalués à la hausse. Au-delà de ce prix, il faut savoir que l’agriculture de conservation permet d’autres bénéfices, grâce à la baisse des charges ». 80 % des montants seront libérés dans les cinq premières années du contrat. Les 20 % restants le seront la onzième année, si l’agriculteur a maintenu ses pratiques vertueuses. Une vingtaine de producteurs se sont engagés dans la démarche. « Nous espérons 10 000 contrats en 2025 ». Des entreprises de l’agroalimentaire s’investissent (Cargill) pour faire baisser l’empreinte carbone de leur chaîne d’approvisionnement et s’offrir une image vertueuse mais aussi des sociétés étrangères au secteur comme IBA (secteur médical).

À l’échelle d’une ferme

Un agriculteur, français ou belge, sur une ferme de 100 hectares, cultivant de la pomme de terre, du blé, du colza, de l’orge d’hiver… déjà engagé ou s’engageant dans des pratiques régénératives (travail du sol réduit, couverts végétaux, fertilisation organique…) pourrait capter 2 tonnes de CO2 équivalent par hectare et par an. Il touchera un minimum de 27,50 € par tonne, pour une rémunération de 5 500 € chaque année. Il paiera 980 € par an pour couvrir les frais de diagnostic et d’audit.


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