5839.hr - Illustration Un diagnostic ventilation pour des étés plus sereins
Lors de l’audit « ventilation », Alice Elvinger (à gauche) peut montrer directement les mesures aux éleveurs sur la tablette.

Un diagnostic ventilation pour des étés plus sereins

Avec une stabulation qui présente désormais des entrées et sorties d’air sur tous les côtés, les vaches subissent moins les coups de chaleur. Des ventilateurs venus de l’ancien bâtiment veau de boucherie trouvent une seconde vie auprès des laitières.

Sur le Gaec Cottin, la stabulation est saturée avec 65 vaches laitières au robot de traite produisant chacune au minimum 10 500 L. Un système qui laisse peu de place à une baisse de productivité, pour garantir la rentabilité économique. En été 2019, suite à une forte hausse des températures ayant entraîné une chute de production mesurée au robot, les éleveurs se sont posé la question de mettre en place des ventilateurs. « Nous avons demandé un devis qui affichait un coût de 6 000 € pour quatre brasseurs d’air. Une fois la vague de chaleur passée, nous avons attendu… », relatent Annabelle Thieurmel et Pierre-Marie Cottin, frère et sœur associés sur l’exploitation (SAU de 115 ha, 780 000 L). Puis la possibilité de réaliser un « audit ventilation » leur a été proposée par Eilyps, ce qu’ils ont fait en juin dernier.

Température, vent, humidité, CO2, particules fines, luminosité

« Autrefois, on utilisait le fumigène. Ce nouvel outil permet une analyse beaucoup plus fine avec des valeurs précises », souligne Pierre-Marie Cottin. Le diagnostic est réalisé à l’aide de deux boîtiers connectés. L’un est placé en plein champ à plus de 20 m de tout obstacle, pour servir de repère. Il mesure la vitesse du vent, l’humidité et la température extérieure. L’autre boîtier permet d’effectuer différentes mesures à l’intérieur du bâtiment : vitesse du vent, humidité, CO2, particules fines (pour la santé des hommes et des animaux), luminosité.

« Plusieurs températures sont aussi analysées : la température ambiante sans influence, la température ressentie tenant compte du vent et enfin la température » la plus parlante « mesurée avec un thermomètre à globe noir qui tient compte de la vitesse du vent, de l’humidité et du rayonnement », précise Alice Elvinger, conseillère bâtiment Eilyps. Sur l’élevage, une dizaine de mesures ont été réalisées lors de l’audit.

Les tôles retirées aux beaux jours

Pour mieux ventiler l’été, les éleveurs avaient déjà réalisé une première action qu’ils ont remise en place cette année pour la 3e fois. « Nous enlevons le bardage en tôle sur la façade nord-ouest de juin à octobre. Cela nous prend environ 45 minutes pour le retirer et deux heures pour le remettre. » Pour optimiser la ventilation, les éleveurs projettent de mettre un filet brise-vent enroulable à la place des tôles.

Par ailleurs, une bâche pleine qui s’enroule a été placée sur le pignon exposé aux vents dominants, facilitant la gestion du climat dans le bâtiment. « Sur l’autre pignon, la partie haute a été ouverte. Et le faîtage va être ouvert sur toute la longueur du bâtiment pour un effet cheminée. Des pare-vent verticaux vont être ajoutés pour éviter les entrées de pluie trop importantes. » Pour aller plus loin, Alice Elvinger recommande aux éleveurs d’enlever des translucides en toiture sur le long-pan sud. « Cela permet de réduire les coups de chaleur en été. Avec 10 % de translucides, on augmente de 2 à 3 °C le ressenti de chaleur en été. S’il y a assez de luminosité ambiante grâce aux filets brise-vent, on pourrait même tous les enlever. »

Deux formules d’audit

L’audit « ventilation » a été mis en place par Eilyps cette année en février. « Deux formules sont possibles : mesures sur une demi-journée avec un compte-rendu oral et écrit apportant des préconisations ou même formule avec en plus une caméra qui enregistre les mouvements des animaux sur 48 heures et une contre-visite proposée après la mise en place des premières préconisations », explique Alice Elvinger.

Moins de mouches avec les ventilateurs

Pour rafraîchir les vaches, les éleveurs ont remonté, au-dessus du robot, deux ventilateurs qui étaient utilisés dans leur ancien bâtiment veaux de boucherie. Ils sont dirigés vers l’aire d’attente. « Ils sont équipés de boîtiers de régulation qui permettent un déclenchement en fonction de la température. Cela réduit la consommation électrique. Même en hiver, ils fonctionnent un peu. L’autre intérêt de ces ventilateurs est qu’ils chassent les mouches. C’est très efficace chez nous », détaillent-ils. « À partir de 28 °C, les ventilateurs apportent vraiment un plus », souligne Alice Elvinger.

À l’avenir, les éleveurs ajouteront peut-être des brasseurs d’air horizontaux, à pales, au cœur de la stabulation. Acquis il y a 1,5 an, un robot aspirateur de lisier (Lely) contribue à la baisse de l’humidité dans le bâtiment. Les éleveurs répandent par ailleurs de la farine de paille sur les matelas des logettes trois fois par jour.

[caption id=”attachment_47623″ align=”aligncenter” width=”720″]5841.hr À droite, les tôles sont démontées l’été sur tout le long-pan. Au fond, la bâche qui s’enroule et se déroule.[/caption]

Des haies à plus de 20 m si possible

Pour une meilleure entrée de l’air, Alice Elvinger préconise de ne pas avoir de haies à moins de 20 m des bâtiments. « Sinon, on a un couloir de vent. » Pour déterminer facilement le niveau de stress thermique des vaches, « on peut utiliser l’indice température/humidité (ITH). Par exemple pour une humidité de 50 %, à partir de 22 °C, les vaches commencent à être en stress thermique et baissent en production. » Selon la conseillère, il faut maximiser les entrées/ sorties d’air naturelles en été avant de recourir à des solutions mécaniques.


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