5669.hr - Illustration Céréales à paille : Une campagne à oublier 
De nombreuses parcelles ont présenté des symptômes de JNO  : jaunissement et/ou rougissement des feuilles les plus jeunes.

Céréales à paille : Une campagne à oublier 

La récolte 2020 en céréales à paille en Bretagne ne restera pas dans les annales. La qualité est au rendez-vous mais les rendements sont en berne avec une baisse proche de 15 % du potentiel par rapport à 2019. Les rendements sont très hétérogènes avec de grosses déceptions en particulier dans les terres superficielles de l’Est-Bretagne.

Les pluies continues enregistrées pendant presque 6 mois (22 septembre 2019 au 12 mars 2020) ont laissé très peu d’opportunités pour réaliser les semis. Les implantations ont ainsi été étalées sur une longue période allant de mi-octobre à mi-janvier dans des conditions parfois très difficiles, entraînant ainsi une de fortes pertes à la levée. Sur la période du 25 octobre 2019 au 15 mars 2020, on enregistre ainsi en Bretagne, une pluviométrie et un nombre de jours de pluies supérieurs de 40 % à la médiane.
Au final, les surfaces qui n’ont pu être implantées sont conséquentes et représentent près de 15 % des surfaces potentielles de céréales.

Les pluies de l’automne et de l’hiver ont eu ainsi plusieurs conséquences importantes :
– Des pertes à la levée importantes ont limité le peuplement en plantes à la sortie de l’hiver. Dans de nombreuses parcelles, certaines zones sont restées ennoyées, ce qui a conduit à détruire les plantes dans ces foyers et à laisser ainsi des zones entièrement nues dans ces parcelles.
– L’hydromorphie provoque une asphyxie racinaire qui induit une diminution de la masse racinaire conduisant à un risque plus important de carence en éléments minéraux.
– Une réduction du tallage herbacé. Au stade épi cm, le nombre de tiges susceptibles de monter à épi (tiges de plus de 3 feuilles) est faible, et ne pourra pas être compensé durant la montaison (cf. graphique). Combinée à de faibles peuplements levés, l’hydromorphie conduira ainsi à un nombre d’épis/m2 limitant.
Ces dates de semis tardives associées à de faibles densités ont constitué ainsi dès le départ un handicap majeur conduisant à un impact significatif sur le potentiel de rendement.

Un déficit hydrique important dans les parcelles superficielles

La période de montaison (14 mars au 15 mai) se caractérise par des conditions chaudes et sèches. Les températures ont été particulièrement excédentaires depuis le début de l’année 2020 (118 % de la normale), et notamment en avril et mai (134 % de la normale du 5 avril au 10 mai). Les températures élevées enregistrées depuis le stade épi 1 cm ont réduit la durée de la période de montaison. En conséquence, la montaison a été courte et les cultures sont en avance à l’épiaison.

Ces températures élevées se sont cumulées avec 2 périodes de sécheresses successives : le temps sec a persisté du 10 mars au 18 avril, soit près de 40 jours sans pluies significatives.
Les apports d’azote réalisés dans cette période n’ont pas pu être correctement valorisés.
Les pluies intervenues lors de la 2e quinzaine d’avril ont heureusement permis de limiter le déficit hydrique, en particulier dans les zones les plus superficielles. La pluie a été salutaire, elle a permis d’assurer la valorisation de l’azote et a amélioré l’état général des cultures.

Une deuxième période sans pluie est intervenue durant 30 jours au début du remplissage (10 au 30 mai). Les parcelles les plus superficielles ont ainsi été fortement affectées par cet épisode, le remplissage du grain a été réduit conduisant à de faibles PMG (poids de mille grains). Associés à un nombre d’épis limitant, les rendements ont été fortement pénalisés dans les zones les moins arrosées fin avril (Est-Bretagne) et dans les parcelles les plus superficielles à faibles réserves utiles.

Une faible pression sanitaire

La faible densité d’épis associée aux épisodes de sécheresses successives ont conduit à limiter fortement le risque de verse. La bonne tolérance à la septoriose de nombreuses variétés cultivées en Bretagne (LG Absalon, Fructidor, Chevignon, KWS Extase…), combinée à une faible pluviométrie au cours du printemps a conduit à l’absence de septoriose jusqu’à l’épiaison. Dans ces conditions, le 1er traitement fongicide pouvait être retardé ou supprimé, comme ce fut déjà le cas au cours des 3 précédentes campagnes. La rouille jaune est restée discrète, à l’exception de la bordure maritime nord où quelques variétés (Armada, LG Absalon, Campesino, RGT Sacramento, Fluor…) ont pu être touchées. En revanche, un grand nombre de parcelles ont présenté des symptômes de JNO, quelles que soient les dates de semis et sur l’ensemble des céréales à paille. Ces attaques ont pu conduire à l’observation d’épis brunis par les fumagines en fin de cycle.

Élodie Quemener et Éric Masson, Arvalis- Institut du végétal


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