20200601 162003 - Illustration La biofumigation : une méthode de lutte utilisée contre le taupin

La biofumigation : une méthode de lutte utilisée contre le taupin

Les agriculteurs luttent depuis de nombreuses années contre ce ravageur du sol très fréquent : le taupin. Ce coléoptère provoque de fortes baisses de rendement dans le maïs et aucune solution curative n’a encore permis de l’éradiquer. Toutefois, la biofumigation est un système permettant la prévention de ces nuisibles.

Si le taupin est un ravageur depuis longtemps connu, l’engouement pour la biofumigation est plus récent. C’est une méthode de lutte utilisée en agriculture qui s’appuie sur les effets allélopathiques de certaines plantes dans le but de limiter le développement de bioagresseurs. Cette pratique permet de lutter durablement sans l’utilisation de produits phytosanitaires contre des ravageurs, des maladies fongiques ou des adventices. On réalise ce processus grâce à des brassicacées, telles que la moutarde, car elles émettent des composés secondaires volatils : les glucosinolates. Lors de la décomposition de ces molécules, des effets biocides sont produits contre plusieurs pathogènes. Ainsi, cette méthode consiste à implanter une culture de moutarde brune à 2-3 kg/hectare (variété qui contient une teneur en glucosinolates supérieure aux autres variétés) après la récolte de la céréale. Deux mois environ sont nécessaires pour atteindre le stade de pleine floraison d’une moutarde brune. C’est à ce stade que les plantes contiennent la plus grande teneur en glucosinolates, il s’agit du stade optimal pour incorporer les plantes dans le sol après les avoir broyées finement.

Levier agronomique et environnemental

Cette méthode permet notamment de limiter le développement des adventices par l’effet allélopathique ou par la compétitivité des ressources due à une biomasse importante. La biofumigation permet aussi de favoriser l’activité biologique du sol et limiter les phénomènes d’érosion, de battance ou d’altération du sol. D’autre part, elle permet de stocker de la matière organique, du carbone et de l’azote dans le sol et ainsi augmente la fertilité du sol. Elle contribue également à alimenter les pollinisateurs avant l’hiver.

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Un couvert végétal aux propriétés attrayantes face à un ravageur très néfaste

La moutarde brune est une plante bisannuelle qui possède de nombreux avantages agronomiques. Elle possède des racines plus profondes permettant de piéger plus facilement les nitrates par rapport aux variétés de moutardes blanches par exemple. Sa teneur élevée en glucosinolates lui permet d’absorber des métaux lourds et du plomb par ses racines. Mais elle est aussi considérée comme un véritable moyen de défense de la plante contre ses bio-agresseurs. Plusieurs études ont démontré que la structure du sol pourrait favoriser les attaques par les larves de taupin par exemple si le sol est « léger » c’est-à-dire peu tassé. Pour les deux organismes, le sol est utilisé́ d’une manière différente mais bénéfique pour les deux puisque la moutarde l’utilise pour se développer et pousser en puisant les nutriments nécessaires présents dans celui-ci. Et, le taupin niche dans la couche superficielle du sol en se nourrissant des plantes à sa disposition.

Bref, la biofumigation reposant sur l’interaction allélopathique entre une brassicacée et un coléoptère entre aujourd’hui dans un cadre de modernisation des pratiques agricoles, tout en permettant la pérennité́ des cultures de maïs sur le territoire français. Cette solution à elle seule n’est pas suffisante, il faut la coupler avec d’autres leviers (plantes compagnes, fertilité des sols…). Attention, il ne faut pas détruire trop tardivement les brassicacées (au printemps) car elles peuvent avoir un effet négatif sur le développement des maïs.

Éloïse Duclos

Bibliographie : Arvalis – Institut du végétal. Les fiches accidents (ravageur sur maïs). 


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