Humilité

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la vie n’est jamais apparue aussi fragile aux Occidentaux. Comme protégés dans une bulle par un arsenal de sécurités – des plus sophistiquées aux plus futiles –, nous nous pensions collectivement à l’abri de tout. La faim, les épidémies, la guerre ne nous touchaient que par écran interposé, donc forcément virtuelles et indolores. Dans ce monde feint, les élus se relayaient en père tranquille pour rassurer, et les scientifiques en expert avisé pour assurer. De temps en temps, la menace de destruction du monde par un despote jetait une ombre menaçante sur la planète ; puis, l’alerte passée, les affaires reprenaient leur train-train. Douce vie…

En ce printemps 2020, nous nous réveillons en sueur comme d’un cauchemar qui nous rétro-porte en 1348, quand la grande peste noire du XIVe siècle sévissait en Bretagne. Ni un krach boursier, ni un black-out électrique ou encore moins une coupure d’Internet n’ont, tous réunis, la puissance destructrice d’un virus, ce minuscule agrégat de matière inerte à la limite de la vie biologique. Dans notre univers incommensurable, le diable se cache assurément dans les détails. Au cosmos, c’est-à-dire étymologiquement l’ordre du monde, succèdera-t-il son contraire : le chaos ? Une des réponses est dans la main de l’Homme. Notamment par son humilité à reconsidérer la nature si souvent habillée de mots mais si souvent négligée par la plupart de nos contemporains. Dans cette période où les « quêtes de sens », les « vraies valeurs » et autres fondamentaux germent à tout-va dans la réflexion collective, sachons écouter les paysans. Particulièrement ces paysans qui font encore corps avec la nature. Ceux-là mêmes qui enseignent avec des actes rarement trop maquillés de mots.


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