- Illustration Mobiliser davantage sur les phytos
Mutualiser les outils de désherbage mécanique est une piste pour certains agriculteurs.

Mobiliser davantage sur les phytos

Systèmes avec davantage de plantes pérennes, désherbage mécanique, auxiliaires, groupes de réflexion… sont des pistes suivies pour réduire les phytosanitaires. Prendre en compte l’approche travail est essentiel.

« De nombreuses actions ont déjà été réalisées, mais la masse des producteurs doit désormais s’engager. Je ne vois pas un avenir avec zéro phytosanitaire, mais les réduire est possible. Pour les antibiotiques, la profession a su réagir avec succès », a souligné André Sergent, président de la Chambre d’agriculture de Bretagne, lors de la journée Écophyto organisée à Rennes. Pour Olivier Allain, vice-président de Région, « la polyculture-élevage présente en Bretagne est un atout pour réduire les phytosanitaires, permettant l’introduction de plantes pérennes dans les rotations. Les politiques publiques doivent être efficientes, cohérentes et toujours favoriser le progrès environnemental. »

Reconception des systèmes

La reconception des systèmes est perçue comme un levier majeur. « Les systèmes plus herbagers utilisent moins de phytosanitaires. Par exemple, un maïs avec un précédent prairie nécessite 70 % de produits en moins qu’avec un précédent blé », présente Paul Rouaud, de l’Adage 35. Et côté travail, ces systèmes peuvent permettre de la simplification car bien souvent les producteurs font moins de cultures à côté de l’herbe.

Dans un groupe Dephy ferme sur l’est des Côtes d’Armor, la réduction des phytosanitaires a été enclenchée en 2011. « Nous avons aussi travaillé sur la reconnaissance des auxiliaires et des pollinisateurs avec un entomologue. Des haies et bandes fleuries ont été implantées. En partenariat avec des apiculteurs, des ruches ont été positionnées près de parcelles », explique Sylvie Méheut, conseillère Chambre d’agriculture. Une démarche gagnante pour les récoltes des agriculteurs et pour les ressources des abeilles. Sur la Cuma de Plouguenast-Langast (22), une prestation avec chauffeur a été mise en place pour le désherbage mécanique jugé trop compliqué par certains agriculteurs. Le fait d’augmenter le nombre d’hectares réalisés avec ces matériels dilue les coûts. Du côté du maraîchage, la recherche s’intensifie. Sur la plate-forme d’Auray (56), un système à très bas intrants phytosanitaires est testé, employant de nouvelles stratégies : robotisation, semis décalés, enfouissement en fin de culture, couverts végétaux, faux semis, bâchage du sol… Dans le groupe Dephy animé par Agrobio 35, la fertilité des sols est travaillée. « Ajuster l’azote est une piste de lutte contre les pucerons », note Alexander Kröner, d’Agrobio 35. Le conseil aussi doit être différent, favorisant les transferts entre agriculteurs.

Vers un classement toxicologique

Le plan Écophyto 2018 est-il un échec ? Selon les chiffres de la Draaf Bretagne, la quantité totale de substances actives utilisées (incluant les produits de biocontrôle) demeure forte sur les exploitations bretonnes ces dernières années. Un constat amer que les agriculteurs souhaitent toutefois voir nuancé en demandant une approche plus fine des données. « Il devient indispensable de prendre en compte un classement toxicologique des produits phytosanitaires », soulignent plusieurs d’entre eux. Le nouveau plan Écophyto 2 + vise à développer les actions auprès des distributeurs, à renforcer le biocontrôle, la bio, la certification HVE (haute valeur environnementale)…  Un champ sur la santé humaine est désormais intégré.


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