- Illustration La reproduction, une question de timing
Les éleveurs étaient attentifs et n’ont pas hésité à poser des questions à Paul Lacombe.

La reproduction, une question de timing

Fin novembre 2019, trois réunions « Club Robot », pour les producteurs de lait équipés de robots de traite, ont eu lieu à Châteaulin (29), Langueux (22) et Saint-Méen-le-Grand (35). Au programme de ces journées : la reproduction en traite robotisée et le confort des vaches laitières.

Samuel Pansart, référent technique robot de traite à Triskalia est en charge de ce club. Il l’a animé avec Cyril Urlande, vétérinaire Triskalia, et Paul Lacombe, Farm Dairy Service (FDS). Le thème a été abordé sous des angles techniques et pratiques avec des exemples selon les différents robots. La reproduction est un enjeu à long terme pour assurer le revenu de demain. Cela nécessite de la patience puisque le résultat n’est pas visible immédiatement et s’améliore sur plusieurs mois. Pour une gestion appropriée de la reproduction, il faut respecter un timing précis par la maîtrise de nombreux indicateurs.

Inséminer plus tôt

Afin de déculpabiliser les éleveurs sur les échecs liés à l’insémination, Cyril Urlande rappelle que « le taux de réussite en première insémination sur les vaches Holstein en France se situe entre 33 et 35 % ». De plus, aujourd’hui, les chaleurs sont plus courtes, elles durent entre 7 à 12 h contre 18 h, il y a 20 ans. La fenêtre pour détecter les chaleurs et inséminer se trouve alors réduite. Pour rendre une vache gestante, la semence et l’oeuf doivent se rencontrer au bon moment dans l’oviducte. La semence est viable 12 à 24 h après les inséminations et met 6 à 8 h à atteindre l’oeuf. Or, ce dernier n’est viable que 8 à 12 h après l’ovulation. Il est donc préférable d’inséminer trop tôt que trop tard et appeler l’inséminateur rapidement. La reprise des chaleurs après gestation doit également être surveillée, une vache non constatée en chaleur à 35 jours nécessite un diagnostic. Il peut s’agir de kystes folliculaires, corps jaunes, chaleurs silencieuses, ovaires au repos…

[caption id=”attachment_43818″ align=”aligncenter” width=”720″] Cyril Urlande, vétérinaire Triskalia, et Paul Lacombe, FDS, lors de la réunion de Saint-Méen- le-Grand (35).[/caption]

Production et reproduction

On doit combattre les idées reçues concernant les effets de la production sur les laitières. Certains éleveurs ne souhaitent pas augmenter la production car leurs vaches seraient moins fertiles. Or, selon le site Reproscope, l’IVIAF (Intervalle vêlage insémination artificielle fécondante) pour des laitières produisant moins de 7 000  kg est le même que celles à plus de 9 000 kg : 145 jours en moyenne. On observe une diminution de la production laitière en fonction du mois de lactation. En robot, l’idéal est d’être toute l’année entre 165 et 190 jours de lactation. Toute augmentation du jour moyen en lactation a des conséquences sur la production laitière moyenne du troupeau et sur le nombre de passages au robot, surtout lorsque la stalle est saturée.
L’apport énergétique et l’équilibre énergie/protéine sont la clé de la reproduction. Si l’apport se fait trop tard, la prise de poids sera plus longue ce qui décalera la mise en reproduction. Il est nécessaire de devancer de 10 jours les besoins en aliments des animaux. Paul Lacombe précise qu’il faut chercher un pic de lait élevé puisque 4 L de lait en plus au pic conduit à une production supérieure de 1 000 litres sur la lactation.

S’aider du robot

Le premier indicateur pour détecter les chaleurs reste d’identifier les vaches qui se laissent chevaucher. Mais comme les chaleurs sont courtes, il est possible d’anticiper et d’observer, directement, sur le robot, d’autres critères comme les « attentions chaleurs ». Restez vigilants à la plage d’activité et au curseur qu’indiquent certains logiciels. « Mais observez aussi les courbes de rumination ou d’ingestion. Si elles sont stables, cela signifie une stabilité ruminale de l’animal. Surveillez aussi l’évolution du poids pour ceux qui en disposent. Associez-la avec la courbe d’activité 24h et avec la “valeur de probabilité chaleur” ; puis, regardez si l’animal est cyclé », recommande Paul Lacombe.

En termes de persistance, et sachant que la production laitière devient dépendante du glucose à 60 jours, il faut s’assurer de la cohérence entre la courbe d’aliment programmée sur la phase « jours de lactation » et la courbe « fonction production ». Les quantités d’aliments programmées doivent correspondre entre les deux tables au niveau laitier moyen des animaux lors de cette transition, sans décrochage.

Confort des animaux

Après avoir présenté les points de vigilance (litières, espace, eau…) pour un bâtiment confortable pour les animaux, Cyril et Paul ont proposé différentes solutions pour limiter le stress thermique. Pour rappel, le stress thermique prend en compte la température mais également l’humidité ; il s’exprime en THI. Une vache est en zone de confort avec un THI < 68. Misez d’abord sur la ventilation naturelle des bâtiments. A propos de la ventilation dynamique du bâtiment, visez plus de 2,5m/s. Il existe des systèmes de ventilation horizontaux moins bruyants, ou verticaux, pour les bâtiments plus bas. L’alimentation reste également à surveiller afin de limiter la perte d’ingestion et le tri de la ration. « Veillez à distribuer un fourrage frais et stable, alimentez les vaches deux fois par jour avec une plus grande quantité le soir, augmentez le bicarbonate et le sel dans les rations. L’introduction de carbonate de potassium permettant l’augmentation de la BACA est aussi une alternative intéressante pour les épisodes de stress thermique les plus sévères », conseille Paul Lacombe. Enfin, Cyril Urlande rappelle que l’apport de levures peut aider à stimuler la flore cellulolytique qui est la première à mourir avec la chaleur.

Marine Rozec / Triskalia


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