Le renouveau russe

Conduire une moissonneuse-batteuse mène à tout. C’est parce que Gorbatchev, à 18 ans, avait fait une récolte exceptionnelle de céréales avec son père qu’il a pu suivre des études supérieures… et – peut-être – devenir président de l’URSS. À l’ère soviétique, le régime pouvait aussi se montrer reconnaissant en octroyant une bourse aux citoyens les plus méritants ! Un cadeau du ciel en tout cas pour ce provincial, fils de paysans du territoire de Stavropol, situé au nord de la chaîne du Caucase. Arrivé au pouvoir, ce conducteur de moissonneuse un peu particulier connaissait parfaitement le fort potentiel des grandes plaines fertiles de son pays. C’est pourquoi, quand il occupait les plus hautes fonctions de l’État, le maître du Kremlin fulminait de voir qu’un grand pays agricole comme le sien était incapable de nourrir sa population. 70 ans de bureaucratie laissent des traces indélébiles…

Longtemps, l’agriculture européenne a profité de cette incapacité de la Russie à remplir ses greniers. Aubaine pour l’Europe qui avait pris l’habitude d’en faire son marché de dégagement, notamment en porc. Mais ce débouché semble définitivement perdu. Les sanctions de l’Union européenne pour protester contre l’annexion de la Crimée ont accéléré la résurgence de l’agriculture décrétée priorité nationale par Poutine. La production de céréales a bondi de 25 % en 5 ans et la Russie est devenue le principal concurrent de la France sur ce marché. Le secteur de l’élevage est également en effervescence avec une autosuffisance déjà atteinte en volaille de chair et en porc. Le développement de l’élevage laitier et bovin viande suit cette même voie. La France et l’Europe n’ont, semble-t-il, pas vu le coup venir. Peut-être parce que la bureaucratie a changé de camp.


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