- Illustration Abeilles : 30% de mortalité annuelle en moyenne
Abeille récoltant de l’eau sur une céréale.

Abeilles : 30% de mortalité annuelle en moyenne

Bien qu’il faille souligner ces dernières années l’effort d’amélioration de l’usage des produits phytosanitaires, l’ADA Bretagne rappelle les bonnes pratiques à tenir au regard des pollinisateurs.

C’est la triste réalité subie par les apiculteurs depuis plusieurs années. De nombreux facteurs peuvent être responsables des mortalités : météo, maladies virus et parasites (varroa, frelon asiatique…), suivi des colonies, aspects environnementaux (manque de ressources alimentaires pour les abeilles et risques d’intoxication)… Il est rare de pouvoir déterminer un responsable en cas de mortalité : bien souvent différents facteurs se combinent, sont plus ou moins prédominants selon le cas, et la colonie tient, jusqu’au moment où la goutte d’eau fait déborder le vase. Chacun (apiculteurs, agriculteurs, collectivités, État, citoyens…) a un rôle à jouer pour préserver les colonies d’abeilles, et les pollinisateurs en général.

Toute intervention phytosanitaire peut être source d’intoxication

Cela peut être le cas si l’abeille est en contact avec le produit ou si elle l’ingère : exposition directe, résidus, poussières, molécules dans l’eau… Les insecticides peuvent bien entendu avoir un effet sur les abeilles, mais des études ont montré que des fongicides (perturbation du système digestif de l’abeille notamment) et des herbicides pouvaient également causer des intoxications. Les conséquences peuvent être visibles quelques heures après l’exposition (dépopulation de la colonie, présence d’abeilles mortes…), ou peuvent se faire sentir sur du plus long terme et être moins décelables (stérilité, désorientation, perte de capacité d’apprentissage…). Le plus possible, il faut éviter et limiter le contact entre les abeilles et les produits, en plus de préserver leurs ressources alimentaires.

Réglementation : note nationale BSV abeille, enrichie d’un avis de l’Anses

Pendant les périodes de floraison et/ou périodes de productions d’exsudats, il est interdit d’appliquer en pulvérisation des insecticides et acaricides qui ne bénéficient pas d’une dérogation traduite par la « mention abeilles ». L’intervention doit avoir lieu en dehors des périodes de butinage, de préférence tard le soir lorsque toutes les abeilles sont rentrées à la ruche. L’avis de l’Anses de février 2019 recommande d’appliquer ces règles à l’ensemble des produits phytopharmaceutiques, et de ne faire l’application que dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil. En effet, appliqué tôt le matin, les premières abeilles sortant butiner pourraient se retrouver en contact avec le produit qui n’aurait pas encore eu le temps d’être absorbé.

[caption id=”attachment_43499″ align=”aligncenter” width=”616″] Facteurs influençant le développement et la santé des colonies d’abeilles.[/caption]

Attention aux mélanges de produits

Pendant ces mêmes périodes, il est interdit de mélanger un produit contenant une pyréthrinoïde avec un autre contenant une triazole ou imidazole. Si les deux traitements doivent être effectués sur la même parcelle, l’insecticide doit être appliqué en 1er, et le second après un délai de 24 heures minimum. Enfin, l’impact des produits sur les pollinisateurs n’étant évalué que produit par produit, il convient de ne pas faire de mélange car leur combinaison pourrait représenter un véritable danger pour les pollinisateurs. L’avis de l’Anses recommande par ailleurs d’améliorer les procédures d’homologation pour autorisation de mise sur le marché. N’oublions pas, il faut agir sur le plus grand nombre de facteurs possibles pour préserver les colonies d’abeilles, qui ne sont qu’une sentinelle des nombreux autres pollinisateurs en général, et chacun doit être acteur de leur préservation afin de garantir la pollinisation des végétaux et un équilibre environnemental.

Antiparasitaires et biocides utilisés en élevage, un autre risque pour les abeilles

Des études ont montré que ces insecticides peuvent se retrouver libérés dans l’environnement selon plusieurs voies :

  • Via les fèces et les urines excrétées par les animaux traités qui contiennent encore des antiparasitaires vétérinaires partiellement métabolisés dans l’organisme ;
  • Via les litières et eaux de lessivage des bâtiments, suite à des opérations de désinsectisation et assainissement avec des traitements biocides. Or, une colonie d’abeille a besoin d’environ 25 litres d’eau par an, à la fois pour l’élaboration de la nourriture donnée aux larves d’abeilles, et pour réguler la température de la ruche.

Les butineuses prospectent jusqu’à 3 km autour de la ruche et collectent donc aussi de l’eau, qu’elles aiment tirer de sources riches en sels minéraux, comme les jus de fumiers et lisiers…

Tiphaine Daudin / ADA Bretagne


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