Évelyne Malœuvre (à gauche) et Maryline Brûlé (à droite). - Illustration “Prendre des responsabilités dans et hors de l’exploitation”
Évelyne Malœuvre (à gauche) et Maryline Brûlé (à droite).

“Prendre des responsabilités dans et hors de l’exploitation”

Évelyne Malœuvre, productrice d’œufs reproduction, et Maryline Brûlé, éleveur de veaux de boucherie et de bovins lait en Ille-et-Vilaine, nous parlent de leurs engagements et responsabilités dans leurs élevages et dans de nombreuses structures agricoles ou extra-professionnelles.

Évelyne, comment es-tu arrivée à l’agriculture ?

Fille d’agriculteurs, avec un CAP et BEP comptabilité, je n’avais aucune envie de suivre leur parcours. Puis j’ai rencontré Alain, qui travaillait chez un négociant en céréales. Avec des études agricoles, il voulait avoir sa propre exploitation, pour une meilleure vie de famille, être avec ses enfants et en profiter.
En 1987, année de notre mariage, je me suis installée toute seule après un tiers sur 25,78 ha en production de céréales. Après plusieurs refus de la banque pour financer mes projets (porcs, taurillons, vaches allaitantes) j’ai fini par acheter des génisses charolaises de 6 mois pour obtenir en 1992, 12 primes VA. En 1991, les Établissements Brochet (maison d’aliments) recherchaient des multiplicateurs en poules reproductrices afin de fournir leur poulailler de chair. Je me suis lancée dans ce nouveau projet, sans connaissance sur cette production, avec la construction d’un poulailler de 1 400 m2 pour 9 000 poules.

Parle-moi de ton métier d’avicultrice…

Associée avec mon mari en Gaec depuis 2015, je suis productrice d’œufs pour la reproduction et éleveur de vaches allaitantes. Mon travail consiste à m’occuper de l’atelier volailles, l’alimentation est automatisée.
Tous les jours, durant 5 à 6 heures de travail, je ramasse les œufs du sol (travail le plus pénible), mets en casier les œufs du tapis, vérifie les abreuvoirs, les températures et surtout surveille l’état de la litière afin d’obtenir de bons résultats sur la fertilité (ce qui est le plus compliqué). Nos œufs sont ensuite transportés à un couvoir. Chaque soir, je fais mes stocks (aliments, œufs, poules et coqs). Et le lundi matin, j’envoie par extranet mes résultats de la semaine, ce qui est très intéressant, pour se situer réellement par rapport aux résultats théoriques. À cela s’ajoute du travail plus saisonnier, en binôme, rentrer la paille et le foin, transporter des animaux, remuer la litière au poulailler. Et oui, je conduis le télescopique ! Sinon, c’est moi qui fais le règlement des factures, le classement et l’enregistrement. Mon mari gère les autres documents administratifs.

Qu’as-tu mis en place pour t’épanouir ?

J’ai suivi la formation « valoriser son image » ce qui m’a apporté de l’assurance et du bien-être. Sinon, nous avons des formations internes à l’entreprise pour se perfectionner, avoir de meilleurs résultats, c’est très enrichissant. Depuis 2013, je suis dans le groupe du comité de pilotage d’agriculture au féminin, on y prépare notre journée annuelle, j’aime cet échange de partage et de convivialité. Je suis aussi dans le service de remplacement de notre canton.
J’ai aussi d’autres engagements extra-professionnels. Je suis déléguée départementale de l’Éducation nationale, ce qui me permet de faire une visite dans notre école et de remonter les demandes auprès de l’Éducation nationale et de la mairie. Et d’un côté plus festif, je suis membre du comité des fêtes, c’est un échange intergénérationnel avec plusieurs manifestations dans l’année. Sinon, j’adore faire le plein de lumière, me ressourcer auprès de mes fleurs, faire des promenades, profiter des beaux paysages… Je fais de la zumba
et j’aime aller à des soirées loto où j’aime sentir l’adrénaline monter…

Propos recueillis par Maryline Brûlé, agricultrice à Brie (35)

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Et toi, Maryline, raconte-moi ton parcours !

Après un CAP employée de bureau sténodactylo et divers emplois, mes souhaits n’étaient pas du tout tournés vers le milieu agricole ; mes parents n’étaient pas agriculteurs… Mais en 1986, je me marie avec Dominique, salarié agricole. Quatre ans plus tard, on s’installait à la suite de ses parents.

Quelle est ta journée-type ?

Matin et soir, je m’occupe de l’atelier des 186 veaux de boucherie avec Denkavit comme intégrateur. La préparation du lait est semi-automatique avec un silo de poudre en vrac ainsi que 2 réserves ; eau chaude et eau froide. La distribution du lait se fait au pistolet. Après une semaine de présence, après le lait, je distribue l’aliment solide (bouchons de maïs et paille broyée), qui permet une meilleure digestion. Les apports médicamenteux, les vitamines, et autres sont à mettre manuellement dans le mélangeur avant la distribution.

Ainsi, on garde les veaux 160 jours environ avant leur départ à l’abattoir SVA. Arrive le temps du nettoyage, lavage et désinfection, sans oublier les réparations durant ce temps de vide sanitaire de 5 semaines obligatoire. Cette production choisie, laisse la place à d’autres activités. Dans mes journées, je reste assez indépendante de Dominique qui s’occupe de l’atelier de vaches laitières et sa suite… et des cultures. Je m’occupe de l’entretien des plantations bocagères, des abords de l’exploitation, des différents bâtiments ainsi que du fleurissement et de la tonte des pelouses. Ce n’est pas rien si l’on veut garder une exploitation agréable au quotidien et aussi, vis-à-vis du monde extérieur ! Et l’autre partie à laquelle on n’échappe pas, même à l’heure d’Internet, c’est tout le travail administratif…

Parle-moi de tes différents engagements…

Durant 25 ans, je participais activement au Geda du canton de Janzé ; notre groupe « aménagements des abords des exploitations » m’a aidé à connaître d’autres agricultrices ainsi que savoir bouturer, tailler, planter. On organisait un « voyage » souvent hors département, beaucoup d’anecdotes me reviennent ! J’ai aussi participé à deux « festivals des groupes » : Dol et Arras, avec de très bons souvenirs ! Pendant quelques années, j’étais responsable du groupe ; une bonne expérience. Depuis sa création, je participe activement au comité de pilotage, en y préparant notamment la journée départementale des agricultrices en octobre de chaque année… J’ai aussi participé à de nombreuses formations, par exemple, « Valoriser son image, l’estime de soi », « Gérer ses émotions », « Comment animer une réunion »… Conseillère municipale, je sensibilise autour de moi, surtout les agricultrices à s’y présenter, c’est une question d’urgence pour notre métier soit représenté et compris ! Et je n’oublie pas la présidence de l’amicale des donneurs de sang bénévoles de Janzé.

As-tu des passions, loisirs ?

Ah oui, j’aime faire de la randonnée, pendant plus de 10 ans, j’ai fait de la danse africaine, je ne pratique plus, faute de prof à proximité mais je reprendrais volontiers… Les sorties en général, mais surtout toutes les sortes de danses…

Propos recueillis par Évelyne Malœuvre, agricultrice à Martigné-Ferchaud (35)


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