Un millimètre de sol qui part en poussière, c’est 10 m3 en moins sur un ha. - Illustration Ne pas laisser son sol partir en fumée
Un millimètre de sol qui part en poussière, c’est 10 m3 en moins sur un ha.

Ne pas laisser son sol partir en fumée

L’érosion des sols retire les meilleurs éléments nutritifs. Pour l’agricultrice Sarah Singla, il est important de retenir ces particules par une limitation du travail du sol, des cultures diversifiées et une couverture végétale.

« Un millimètre de poussière, ce n’est rien », introduit ironiquement Sarah Singla, agricultrice installée en Aveyron (12), venue partager sa vision sur les sols vivants à l’assemblée générale de la section céréales de Triskalia, à Saint-Caradec (22). Pourtant, « un millimètre sur 1 ha, ce sont 10 m3 de sol qui partent en fumée, avec pour conséquence des pertes d’oligo-éléments, d’azote, de phosphore et de potasse », prévient la jeune productrice. Il existe pour pallier ces phénomènes d’érosion hydrique ou éolienne des solutions pour retenir son sol, en passant par des techniques culturales simplifiées ou du semis direct. Sarah Singla a apporté les clés pour se lancer.

Ne pas brûler les étapes

40 % des coûts de production dans une exploitation agricole en production végétale représentent des coûts de mécanisation. C’est pourquoi Sarah Singla estime qu’il est intéressant de se ré-intéresser au sol. « Notre métier est de le faire fonctionner. Il y a 30 ans, on essuyait les plâtres sur ces techniques de conservation de sol, mais on avait de la trésorerie dans les fermes. Il n’y a désormais plus de trésorerie, mais on a l’expérience ». Pour se lancer dans la réduction du travail de son sol, l’agricultrice conseille de se demander quel est le facteur limitant dans son système de culture. « Une parcelle sale avec labour le restera en TCS. Il faut dans un premier temps régler le problème d’adventices ».

Une semelle compacte apparaît quand on réalise un profil de sol ? « Passez le fissurateur si besoin, en été. Mieux vaut passer un outil profond que d’attendre le travail des racines, en cas de sol trop compacté ». Un sol correctement structuré comprend 50 % de vide, qu’il faut maintenir. Certaines espèces vivant dans le sol y sont très sensibles, car « marcher sur un sol c’est marcher sur le toit d’un autre monde ». Les tardigrades, aussi nommés oursons d’eau, attendent une macroporosité pour se développer, et participer au cycle de vie souterrain. Pour recréer ce vide, le foisonnement de vie des micro-organismes est la piste à explorer.

Pas de fumée sans feu

Toute plante vivante sécrète de la glomaline, sucre aux propriétés collantes, qui retiennent les particules de sol. La couverture végétale fait donc partie des 3 piliers d’un sol vivant, avec «  la diversité des cultures, et une perturbation minimale du sol ». Sarah Singla conseille d’utiliser la rotation 2/2, à savoir une succession de deux dicotylédones avec deux graminées, et deux cultures d’été suivies par deux cultures d’hiver. La rotation féverole ou pois/colza/blé/maïs répond à ce schéma, car le salissement des parcelles est réduit, il n’y a plus de problèmes de limaces avant implantation d’un colza.

Les limaces sont voraces

Contre les attaques de limaces, il est possible d’attendre la mise en place de population de carabes, prédateur naturel. « Cela reste théorique. Il est important de poser des appâts et de regarder les dégâts occasionnés : les limaces peuvent être phytophages ou carnivores, et alors manger d’autres limaces ». Une limace consomme 30 fois son poids dans une journée, l’épandage de molluscicides à base de phosphate ferrique peut être un levier à utiliser en cas de grosses attaques.


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article