“En épousant un agriculteur, j’ai aussi épousé sa profession…”

 - Illustration “En épousant un agriculteur, j’ai aussi épousé sa profession…”
Marie-France Brulé, agricultrice à Gourin (56)
Fille et petite-fille d’agriculteur née en 1958, j’ai été témoin de plus d’un demi-siècle de la fulgurante évolution de l’agriculture.

“Mon père était « agriculteur », ma mère qui travaillait à ses côtés était « sans profession », plus précisément sans statut, ce qui était la situation de la majorité des femmes d’agriculteurs. En retraite, ces femmes perçoivent une retraite dérisoire.

Pour cette génération, le pouvoir de décision appartenait souvent au mari qui améliorait son poste de travail. Les femmes avaient à charge la traite manuelle : les machines à traire sont arrivées bien après les tracteurs sur les exploitations.

Les hommes bénéficiaient des réunions techniques des grou-pes de développement et la communication est apparue comme un élément clé de la réussite des groupes : la première acquisition du GVA de Gourin fut une machine à écrire !

Les femmes réalisèrent rapidement que ces échanges collectifs pouvaient les aider à s’émanciper : les sections féminines des GVA voyaient le jour. Le confort des maisons s’améliorait, on passait de la terre battue au carrelage. L’électricité arrivée à la fin des années 50 vulgarise l’utilisation de l’électroménager : un groupement d’achats a permis l’acquisition de machines à laver et de congélateurs. En 1975, 15 salles de traite seront acquises sur le secteur par ce principe d’achats groupés.

Baccalauréat en poche, j’ai travaillé à la Poste avant d’épouser un agriculteur et sa profession : je suis devenue salariée sur l’exploitation mais je n’avais aucun diplôme agricole. Très vite, j’ai participé aux formations organisées par le GVA. Elles m’ont permis d’acquérir des connaissances et des compétences, de rencontrer d’autres agricultrices.

Le congrès des femmes du 22 novembre 2018 a mis en évidence la place des femmes en agriculture : aujourd’hui, les femmes représentent un tiers des «chefs d’exploitation» et j’en fais partie, mais elles sont peu représentées dans les instances professionnelles, ce sera le prochain objectif. Les groupes de développement comme Resagri valorisent la place des femmes dans l’agriculture et sont un observatoire qui veille sur leur avenir. “

Marie-France Brulé, agricultrice à Gourin (56)


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article