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Déterminé à pousser les limites

Légumier habitué à l’endurance dans le travail, Lionel Faujour participera au Grand raid de la Diagonale des fous, à La Réunion, le 18 octobre. Le pari fou d’un trentenaire pourtant très raisonnable.

Du pain-beurre. Demi-sel évidemment. Pas de concession quand on est breton, fusse-t-on contraint au menu d’ascète de sportif. Lionel Faujour tient de ses ancêtres la recette pour tenir à l’effort. C’est calé de ce nourrissant petit-déjeuner breton que ces aïeux tenaient la cadence au champ jusqu’à à midi. Aujourd’hui, il s’applique la même recette. « J’aime bien commencer tôt. On abat du travail en commençant tôt ». Et dans cette ferme où l’on voit la mer de chaque champ, pourquoi se priverait-on du beau spectacle qu’offre le lever du soleil sur la Manche. Un cadre de travail enchanteur. Et qui apporte la sérénité profitable à une vie bien remplie si l’on en croit la longévité du grand-père Faujour qui a pointé presque tous les jours au champ jusqu’à ses 90 ans. Le travail, c’est la santé ; les légumes aident à la préserver…

La persévérance du Léonard

Sur les sentiers côtiers où il s’entraîne à son sport préféré, le trail, le petit-fils applique la même discipline. « Thé, pain beurre, c’est miraculeux », dit-il. Miraculeux pour avaler les kilomètres de course que Lionel Faujour s’est imposé pendant de longues semaines pour se préparer au défi qu’il s’est lancé : participer au Grand raid de la Diagonale des fous. Un trail qui, chaque année, rend fou d’excitation des centaines de coureurs à pied qui se lancent dans cette course de plus de 160 kilomètres avec plus de 9 000 mètres de dénivelé. Les meilleurs bouclent le circuit en moins de 24 heures. Les moins chanceux ne voient jamais la ligne d’arrivée. « À 80 % ça se passe dans la tête. Mon objectif serait au moins de terminer la course. Si je ne réussis pas, je recommence l’année prochaine ». Persévérance de Léonard…

Persévérance et détermination. Dans le Nord-Finistère, on ne fait pas les choses à moitié. Jamais. Quand on a un projet, on va jusqu’au bout. « Le trail ? Je m’y suis mis il y a 5 ans. L’idée me trottait dans la tête quand je voyais mon frère partir courir avec mon chien. Puis il y eut ce trail organisé par l’association Mathilde qui récolte des fonds pour la recherche en faveur de l’amyotrophie spinale infantile », raconte le légumier de 33 ans qui prend alors goût à ce sport en pleine nature. Le trail de l’Aber Wrac’h sera la révélation : 55 km avalés jusqu’au dernier mètre rendent accro le novice. Puis, cet ultra-trail de 100 km, à Iffendic, confirme sa motivation. Là où Awena, sa fille de 3 ans, le rejoint pour faire les derniers mètres. « Quelle émotion. Les yeux qui s’embrument. C’était tellement fort », se remémore le Plounévézien.

Puis les épreuves s’enchaînent. « Après, je me suis inscrit à tous les trails bretons entre 45 et 65 km ». Assiduité qui place le légumier du Nord-Finistère dans le palmarès de tête du challenge de l’Ouest. Et lui ouvre les portes pour participer à la Diagonale des fous. Le graal d’un coureur amateur, encouragé par son épouse, Isabelle, qui sera son « ange-gardien » aux ravitaillements qui parsèment le circuit et pendant les périodes de mini-sommeil obligatoires pour éviter que le corps ne domine trop la tête. « Je pense dormir en fin de journée, quand la chaleur est à son maximum », prévoit le légumier de Plounévez-Lochrist qui apprécie beaucoup l’entraide qui prévaut dans ce sport. « On est seul, mais ensemble ».

180 km d’entraînement sur les falaises bretonnes

Cinq années après les premières foulées autour de l’Anse de Kernic, le chien de la maison court toujours. Quand son maître serre les dents, lui tire la langue. « Il a du mal à me suivre », rigole le légumier. « Il furète trop, après il est fatigué. Faut dire aussi qu’il a pris de l’âge ». S’il restait concentré sur les sentiers côtiers, sûr qu’il tiendrait le rythme. Question de discipline…

« Se préparer à une course comme le Grand raid exige une préparation au long-cours. Jusqu’au 25 septembre, je courais 35 km par jour en une fois sur les sentiers côtiers escarpés de Saint-Jean-du-Doigt pour me préparer au dénivelé qui m’attend à La Réunion. La dernière semaine d’entraînement, j’ai fait 180 km avec 11 000 m de dénivelé », indique Lionel Faujour nullement éprouvé physiquement par cet entraînement quasi professionnel. « Ce que je crains, c’est la tendinite, l’entorse ». Pour ménager les articulations, le vélo a remplacé la course à pied à partir de la première quinzaine d’octobre. « Histoire de tenir la forme sans risquer le traumatisme ».

Les récoltes attendront

Participer à une telle épreuve sportive quand on est agriculteur demande aussi de l’organisation au niveau de son exploitation. « J’ai calé mes cultures pour qu’il n’y ait pas de récolte à cette période. Je n’ai pas planté de romanesco ; j’ai arrêté les salades ». Mais pas les panais, la culture fétiche de ce producteur. C’est d’ailleurs dans une parcelle prometteuse de cette culture versant sur la mer que, Awena, accompagnée de sa petite sœur Annaëlle, a décidé de poser pour la photo avec son papa. Là où l’horizon ouvre sur l’infini de la mer et encourage les rêves les plus fous des hommes.


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