Plus de lait en fauchant tôt

En fauchant précocement l’herbe, elle gagne en protéine et en énergie, ce qui permet d’améliorer la production laitière.

Entre 2014 et 2017, deux essais sur l’effet d’une date de récolte précoce de l’herbe ont été conduits dans les stations expérimentales de Mauron (56) et de Trévarez (29). « L’objectif est de mesurer la valeur nutritive du fourrage, le rendement et sa répartition, l’évolution de la flore et la production laitière », indique Françoise Guillois, conseillère à la Chambre régionale d’agriculture. La récolte précoce s’est faite au moment de la montaison de la graminée et le témoin au stade début épiaison.

+ 1,7 points de MAT

À Mauron, sept types de prairies ont été testés en mini-parcelles. À Trévarez, c’est une prairie de RGH-TV séparée en deux parcelles qui a servi pour les essais. « C’est un semis de printemps à la dose de 8 kg/ha de TV et 20 kg/ha de RGH avec une utilisation en 2e et 3e année d’exploitation », décrit Pascal Le Cœur, responsable de la station. Les résultats de Mauron révèlent plus de MAT avec une fauche précoce. « C’est en moyenne un gain de 1,7 point de MAT. Cette meilleure MAT est très importante au 1er cycle avec + 2,4 à + 5,8 points selon les modalités. Par contre, la valeur UFL est identique », analyse Françoise Guillois. La fauche précoce entraîne une perte de rendement de 763 kg/ ha/an en moyenne. « Le déficit est fortement lié au 1er cycle de récolte qui varie entre 1,6 t de MS/ha et 2,8 t de MS/ha. En pratique, en avançant la date de récolte des 3 premiers cycles, on obtient le même rendement que le témoin et plus de MAT. »

Quatre ans d’essais sur les laitières

Les résultats sur la ferme de Trévarez révèlent que l’ensilage d’herbe précoce est toujours gagnant au niveau des valeurs en protéine et en énergie. « Les moins bons précoces sont au même niveau que les meilleurs classiques », indique Pascal Le Cœur. Par contre, les rendements sont très variables selon les années climatiques et les parcelles. Les incidences de ces coupes précoces ont été testées sur les laitières en conventionnel et en bio de Trévarez. L’essai sur le troupeau en conventionnel totalise 194 vaches laitières sur quatre années et en deux lots. « L’objectif était de 60 % d’ensilage de maïs et 40 % d’ensilage d’herbe avec un équilibre de la ration à 95 g de PDIE/UFL. Les ingestions d’ensilage d’herbe ont varié selon les années. En moyenne, le lot qui a reçu l’ensilage précoce a ingéré quotidiennement 1,3 kg de MS/VL en plus », analyse Pascal le Cœur.

Sur les 4 ans d’essais, l’effet sur la production laitière était significatif un an sur deux. En 2014/2015, le gain était de + 3,2 kg de lait/VL/jour et en 2017/2018 de + 2,3 kg de lait/VL/jour. Il n’y a pas eu d’effet sur le TB mais un effet sur le TP de + 1,2 g/kg chez les multipares. La marge sur coût alimentaire qui augmente un an sur deux est liée à la production laitière qui s’améliore. 

Toujours gagnant en bio

Les essais en bio totalisent 78 VL sur 2 années et en 2 lots. L’objectif était de donner 5 kg de MS d’ensilage de maïs, le reste en ensilage d’herbe et le tout sans correcteur azoté. Le lot avec de l’herbe ensilée précocement a ingéré quotidiennement 18,8 kg de MS/VL soit 4,4 kg de MS/VL de plus que le lot témoin. « Dans tous les cas, l’ensilage d’herbe précoce améliore la quantité ingérée et l’équilibre de la ration de base. » Si l’herbe précoce n’influence pas les taux, l’amélioration de la production laitière est importante avec +3,4 kg de lait/VL/jour. La marge pour 50 VL et un mois d’ensilage d’herbe est améliorée de 1 600 € grâce au lait produit en plus. « En bio, on est toujours gagnant à condition que la surface ne soit pas limitante. »


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