Les plantes carnivores, une passion dévorante

En créant Carnibreizh, Alexandre Ribault a fait de sa passion pour les plantes carnivores son métier. Le producteur/obtenteur de plantes carnivores est devenu en 3 ans le plus gros producteur de France.

« Ma passion dévorante pour les plantes carnivores a commencé à l’âge de 9 ans lorsqu’un ami m’a offert une Sarracénia Flava », raconte Alexandre Ribault. Au début, ce qui attire les gens vers ces plantes, c’est de voir les insectes se faire dévorer. Cela va à l’inverse de ce que l’on imagine des végétaux : normalement c’est la vache qui mange l’herbe et non la plante qui mange l’animal. « En vieillissant, on voit de plus en plus la beauté de cette plante. Elle fait de belles fleurs avec un feuillage très décoratif. Les feuilles vont du blanc comme du papier au noir charbon. Selon les variétés, les fleurs sont de couleur jaune, rouge, orange, rose, blanche, noire avec tout un panel de dégradés. Certaines sont mêmes bicolores », décrit Alexandre Ribault.

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Dehors toute l’année

Naturellement, il s’oriente vers des études dédiées au végétal. « Je travaille ensuite chez des pépiniéristes pour améliorer mes techniques culturales et prendre de l’expérience au niveau relationnel que ce soit au contact des clients ou des fournisseurs. » À cette époque les plantes carnivores d’Alexandre sont encore chez ses parents et commencent à occuper beaucoup d’espace dans le jardin. En 2015, Alexandre Ribault crée son entreprise Carnibreizh basée à Plœuc-Sur-Lié (22). Il loue du terrain à un agriculteur du secteur pour y monter 4 serres et développer son activité. « Le Saccarénia vit dehors toute l’année, toujours dans des pots avec de la tourbe, elle ne supporte pas un sol riche en éléments nutritifs. Les serres me permettent d’accélérer la pousse pour commercialiser plus rapidement mes plantes. »

Des plantes non toxiques

Le gérant de Carnibreizh s’est passionné pour le Saccarénia et les autres espèces de plantes carnivores sont anecdotiques chez lui. On y trouve des spécimens uniques en Europe. « Cette plante est faite comme un tube ou un entonnoir. Certaines ne dépassent pas les 30 cm de hauteur quand d’autres mesurent plus d’un mètre. » Les couleurs attirent les insectes vers les plantes, puis le mélange de sucre et d’alcool qu’elles produisent les font se poser sur les feuilles. Ils sont alors déjà pris au piège, la concentration de ce mélange est plus élevée à l’intérieur de la feuille.

La forme en entonnoir et les micro-poils la rendent glissante comme un toboggan, les insectes finissent au fond de la feuille et ne pourront plus en sortir. « Lorsque la feuille a atteint son quota d’insectes, elle arrête de sécréter du sucre et de l’alcool pour éviter l’indigestion. Elle sécrète ensuite des sucs digestifs pour digérer tous les insectes capturés. » Le producteur en décrivant ce processus, précise que ses plantes ne sont pas toxiques et que l’on ne risque rien en les touchant.

[caption id=”attachment_35580″ align=”aligncenter” width=”720″]Fleurs de Sarracenia Fleurs de Sarracenia[/caption]

Certains spécimens valent 1500 €

Aujourd’hui en France, ils ne sont même pas 10 producteurs de plantes carnivores. « Je suis le seul obtenteur, c’est-à-dire que je crée des hybrides en croisant des espèces puis nous donnons un nom à nos créations avant de les déposer auprès d’une société spécialisée dans le référencement des hybrides de plantes carnivores. » Le producteur possède une serre dédiée à la conservation de ses espèces servant de base pour créer de nouveaux hybrides. Le lieu de production est tenu secret car la valeur de ces plantes est très élevée.

Par exemple, une d’entre elles, très rare vaut 15 000 €. « Mon prochain hybride va s’appeler Astrolabe. C’est un des bateaux de La Pérouse, grand botaniste français, dans lequel il est mort en expédition. En étant obtenteur, Alexandre Ribault peut ainsi faire le lien entre l’homme et le végétal, mais aussi rendre hommage à des personnes ayant réalisé de belles choses. Modeste, le passionné de plantes carnivores n’envisage pas de donner son nom à une de ses créations.

5 000 mouches mangées par an

Un pied adulte âgé de 5 à 7 ans possède entre 60 à 80 feuilles qui piègent les insectes. Du mois d’avril à mi-novembre, ce pied de Saccarénia va capturer plus de 5 000 mouches et plus de 5 000 moustiques. « Je me suis amusé à compter pour en être sûr », précise le producteur. La plante carnivore, lorsqu’elle est affamée n’hésite pas à mettre à son menu un frelon européen et lorsqu’elle désire un peu d’exotisme c’est un frelon asiatique qui termine au fond d’une de ses feuilles. « Tous les ans, je retrouve des frelons dans mes plantes, mais ce n’est pas leur régime principal. »


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