- Illustration La Troménie, une histoire de famille

La Troménie, une histoire de famille

Tous les 6 ans, Locronan prépare sa grande troménie.

Il y a des rendez-vous qu’on ne peut pas rater. C’est le cas de la grande Troménie pour les Locronanais, qui a lieu tous les six ans. Elle se célèbre les deuxième et troisième dimanches de juillet. Et son parcours sacré, qui s’étale sur un peu plus de 12 km, à travers les plaines du Porzay et la montagne du Prieuré, ne reste ouvert que durant cette semaine-là. Alors, les jours précédents, la campagne s’active autour de Locronan pour préparer cet événement tant attendu dans la petite cité de caractère. Il faut préparer le circuit où doit passer la procession, faucher les blés, couper le maïs, défricher les chemins creux, improviser des ponts sur les ruisseaux, poser des rubalises pour protéger les cultures… Cette effervescence, Jean-Noël Louboutin, ancien aviculteur, et sa femme Martine, présidente de l’association les amis de Saint-Ronan, la vivent au quotidien depuis quelques semaines, un prérequis nécessaire avant de pouvoir arborer fièrement la tenue bretonne familiale en ce 14 juillet, pour la procession officielle qui démarre à 14 h. Le vide sanitaire du poulailler a même été calé pour qu’ils puissent se consacrer pleinement à la préparation de ce temps fort !

[caption id=”attachment_41604″ align=”aligncenter” width=”720″] Les bannières à Plas ar Horn.[/caption]

« C’est avant tout une histoire de famille, toutes les générations se donnent rendez-vous ce jour-là », explique Martine Louboutin. C’est peut-être ce qui explique la pérennité de ce pardon : de génération en génération, la passion et la joie des retrouvailles se transmettent. « Et pour les nouveaux habitants, c’est aussi une manière de s’insérer localement, faire des rencontres… », rajoute-t-elle.

Un circuit sacré sillonné par Saint-Ronan

Cette fête autour de Saint-Ronan resserre les liens des habitants, invités à parcourir le chemin que ce moine irlandais, venu évangéliser cette contrée près de la forêt du Névet, suivait tous les matins pour ses prières, à jeun et pieds nus. Pendant sept jours, de nuit comme de jour, des femmes et des hommes de tout âge vont arpenter le même chemin, à la recherche de leurs racines, d’autres comme Anne de Bretagne, viendront demander la joie de l’enfantement auprès de la Jument de pierre ou un soulagement envers leurs rhumatismes en passant sous le tombeau de Saint-Ronan, ou trouveront l’occasion de pratiquer leur foi. « Car, il y a des moments où on se retrouve seul face à soi-même, surtout durant cette demi-heure nécessaire pour l’ascension épique de la colline avec une pente à 17 % », précise l’avicultrice. Un sentier si étroit que les pèlerins doivent y passer à la file indienne. D’autres encore, la feront dans un esprit plus sportif ou juste pour profiter d’un instant hors du temps et loin du rythme quotidien… 8 000 participants sont attendus pour la grande Troménie et 1 000 personnes par jour sillonnent le circuit les 6 jours suivants.

[caption id=”attachment_41605″ align=”aligncenter” width=”720″] Hutte de Notre Dame du Rosaire[/caption]

12 stations et 42 huttes

[caption id=”attachment_41603″ align=”alignright” width=”233″] Jean-Noël et Martine Louboutin, et leur fille Éloïse, arborent fièrement leur tenue traditionnelle bretonne pour la grande troménie.[/caption]

Le chemin est jalonné de douze stations, implantées près d’anciennes croix, calvaires ou chapelles. Douze rendez-vous de prière qui permettent aussi des pauses pour près de 300 porteurs d’enseigne. Et, 42 oratoires fleuris égaient le parcours. Ils sont dédiés aux saints locaux. Ils ont quitté leur église ou leur chapelle pour venir saluer le passage des pèlerins et les reliques de Saint-Ronan. Ces huttes sont conçues et tenues durant ces sept jours par un gardien, « une fonction qui se transmet aussi souvent de génération en génération au sein d’une même famille… ». « On va couper des sapins dans la campagne, ensuite chaque famille déléguée à un saint l’agrémente comme il veut », décrit Jean-Noël Louboutin. Des présences tout au long du parcours qui ne manqueront pas de faire sonner la cloche pour attirer le pèlerin dès qu’il s’approche ou pour le remercier de son don.

Saint-Ronan et ses pouvoirs de guérisseur

Le samedi 13 juillet, à minuit, les cloches sonneront à toute volée, annonçant le début de la grande fête religieuse pourtant d’origine celte. Mais en prélude de la fête, 120 bénévoles proposent depuis 1953 un jeu scénique, sur le parvis de l’église. Il relate la vie de Saint-Ronan et l’histoire de Locronan. Mais qui est ce Saint-Ronan décrit lors de ce spectacle de son et lumière ? Ce moine irlandais a redonné vie à un mouton égorgé par un loup. Une amitié s’instaure entre le paysan propriétaire de l’animal, ce qui va attiser l’animosité de sa femme, la Keban, guérisseuse ou prêtresse, jusqu’à l’accuser de crime envers sa fille auprès du roi Grallon, qu’elle avait elle-même enfermée dans une malle mais à qui Saint-Ronan va aussi redonner vie.

En savoir plus :
Le 13 juillet, concert de Dan Ar Braz et Clarisse Lavanant, suivi du Jeu scénique, à 21 h.
Le 20 juillet, concert de Gwennyn suivi du Jeu scénique. Entrée : 16 €, vente des billets à la mairie de Locronan : 02 98 51 80 80.
Le 14 juillet, messe à 10 h 30, départ de la grande procession à 14 h.
Accès au parcours de la grande troménie du 14 au 21 juillet.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article